On ne peut pas dire qu’écrire une chronique sur un CD de THE FOWER KINGS soit d’une facilité déconcertante, loin de là … Leurs albums, et celui-ci n’échappe pas à la règle, présentent une telle diversité, une telle richesse d’inspiration au niveau de chaque morceau et, en même temps, une telle cohérence dans la forme musicale, que cela revient un peu à dépeindre la multiplicité et le particularisme de chaque arbre au sein d’une même forêt ! Mais bon, un tel groupe mérite vraiment que l’on se donne du mal, aussi, je me lance …

LES MUSICIENS
Avant tout, ce sont tous des instrumentistes remarquables dont le brio est manifeste. Ecartées donc, les réflexions du genre : avec plus d’expérience ils seraient sûrement très bons; pardonnons les, ce n’est que leur premier album (voire leur dixième pour certains 8-) … Mais, parlons plutôt de Roine, compositeur et maître des lieux. Guitariste accompli, il n’hésite pas à demander à sa guitare tout ce qu’il lui est ‘humainement’ possible de faire (si ce n’est plus) : arpèges limpides et ciselés en acoustique, solos alambiqués à la wha-wha, tirades harmonieuses et élaborées, rythmiques énergiques, phrases incisives avec un son très pur, leitmotivs torturés et dissonants … Et en plus, ce monsieur se permet d’être aussi un grand chanteur doté un timbre rare et mélodieux (pour les connaisseurs, sa voix ressemble énormément à celle de John Wetton [ KING CRIMSON, UK … ], ce qui pour moi est un éloge, une référence et un gage d’originalité). Tomas … Ah ! Tomas, le prince des claviers en tout genre … Omniprésent, il est l’élément unificateur. Aussi discret qu’efficace, il édifie les thèmes, veille aux ornementations, tisse les atmosphères, bref, il est indispensable. Jonas maintenant : une basse superbe, claquante et ronflante à souhait, qui est constamment mise en valeur et nous régale de virtuosité et de grâce (à la Fretless, cela en devient un pur délice). Jaime enfin : l’homme batterie, phénoménal. A la fois subtil et exubérant, c’est un excellent technicien qui insuffle sans faillir la pulsation idoine et ce, dans les parties les plus échevelées comme dans les passages les plus paisibles.

LA MUSIQUE
Franchement inqualifiable (ça commence mal), mais on peut quand même tenter de la définir ainsi : la quête du parfait équilibre entre innovation et beauté, énergie et raffinement... Cela peut sembler stupéfiant, voire impossible si ce n’est présomptueux, mais THE FLOWER KINGS a réussi l’assimilation d’à peu prêt tout de ce qui se fait de mieux dans le monde de la musique : du Progressif au Metal, en passant par le Psychédélisme et la Pop et, bien entendu, le Jazz et le Classique. Tout cela donne une musique magnifique, complexe mais d’un abord facile dont le propos pourrait être : pas une note de trop, il ne manque rien et je vous convie dans un univers de rêverie « là où tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté » mais aussi, quoique plus rarement, chaos et difformité, dénuement, fureur et affliction.

Finalement, je considère que « Rainmaker » n’est pas du tout fait pour être jaugé ou disséqué mais, bel et bien pour être entendu ! Sachez qu’en plus, on y découvre à chaque écoute de nouveaux plaisirs : c’est ça, la vraie musique.

PS : « Rainmaker », bien qu’il soit splendide, n’est certes pas le meilleur album de THE FLOWER KINGS. Aussi, s’il a su vous séduire, jetez-vous sur « Stardust We Are », il vous enchantera littéralement.