Ouh la pochette toute kitsch avec ce vilain vampire ! Avec ce dessin, un logo pareil, un nom de groupe aussi marqué, et des musiciens affichant les pseudos ronflants de Magus Vampyr Daoloth et Baron Blood, il ne faisait aucun doute, en cette année 1993, que ce nouveau groupe nommé NECROMANTIA devait taper dans le Black… certes ! Mais nonobstant ce premier contact clichesque, une chose sautera aux oreilles de tout auditeur faisant l’effort de glisser « Crossing The Fiery Path » dans son lecteur plutôt que de jouer au freesbee avec, un sourire de dédain fiché sur le visage : NECROMANTIA est une formation totalement unique !

Pour commencer, il est à noter que NECROMANTIA ne nous vient pas des terres gelées de la scandinavie, ni des contrées désolées de l’Est, encore moins de l’Allemagne. L’Angleterre peut-être ? Ca pullule de vampires grimés façon Pierrot Gourmand là bas, non ? Non plus ! Eh oui, aussi étonnant que ça puisse paraître, NECROMANTIA hante les nuits grecques, ce qui constitue indéniablement une originalité. Mais la vraie spécificité du groupe, hormis son sol natal, c’est la texture du son : voilà en effet un groupe qui a banni la guitare électrique de son rôle rythmique, substituant à la paire basse/guitare une association étonnante basse/basse huit cordes, la guitare de Divad se réservant des interventions ponctuelles, au moment des solos, qu’elle emplit d’un jeu original et teinté de néo-classique ! Ca surprend !

Plus largement, NECROMANTIA œuvre avec ce « Crossing The Fiery Path » dans un Black occulte et vraiment sombre, où s’entrelacent un chant Black assez grimaçant et des déclamations solennelles et inquiétantes, ourdissant mille rituels sanglants. Frangé de chœurs grandiloquents et de nombreux claviers orchestraux sans être envahissants, « Crossing The Fiery Path » se promène sur notre échine en y répandant un poison aux effets assez lents : au début, on est intrigué par ces longues et complexes compositions aux contours obscurs et sinistres, parfois guerrières (les treize minutes de « The Warlock », creusées d’une longue plage ambiante), on s’étonne de la diversité des tempos ("Unchaining The Wolf (At War)" et les dix minutes de « Lord Of The Abyss » passent de l’étouffement à la vélocité), on découvre ces riffs de basse grésillants et généralement très Heavy (« Tribes Of The Moon » et sa batterie qui sonne bizarrement, « Unchaining The Wolf (At War) »), et on lève un sourcil intrigué devant un long solo de basse de cinq minutes (le mélodieux « Last Song For Valdezie » ), un très bon bonus track angoissant habité de claviers et de voix, et un prologue qui reprend le thème mythique du Dracula de Coppola… et au final, on ressent enfin la puissance évocatrice et malfaisante de ce Black atypique. Et profondément noir.

Dommage qu’une production manquant de puissance au niveau des basses et mettant un peu trop la voix en avant à mon goût ne vienne jeter un voile d’insatisfaction sur ce disque, car je n’aurais pas hésité alors à attribuer la meilleure note à cette oeuvre originale autant qu'excellente.