À vrai dire, je n’en attendais pas grand-chose de ce nouvel album des Suédois de LORD BELIAL, le dixième depuis leurs débuts… en 1992. Cela force le respect tout de même. Après une césure d’un peu plus d’une dizaine d’années, entre 2010 et 2022, le trio originel composé des deux frangins Backelin et de Niclas Pepa Green a repris du galon en sortant un "Rapture" bien exécuté mais pas foncièrement original. Alors forcément, découvrir ce nouvel album en faisant d’emblée la moue ne pouvait que minorer mon engagement à m’écarquiller les yeux et abaisser mon seuil de tolérance. Et pourtant, je vais vous dire comment ce "Unholy Trinity" m’a réconcilié temporairement avec le LORD BELIAL pré-2000.

Peut-être déjà indiquer que les débuts de l’album m’ont paru un poil fastidieux. La faute notamment à une batterie un peu trop monolithique et mise en avant. Le son de la caisse claire percute un peu trop les oreilles, c’est tout de même légèrement désagréable, d’autant plus que le jeu de Micke Backelin n’est pas foncièrement captivant. L’album décolle véritablement dans sa seconde moitié, notamment avec le titre "In Chaos Transcend" qui dévoile dans sa seconde partie (bis repetita !) un très beau solo et des leads soyeux comme il faut. Les sourcils défroncés, je baisse un peu la garde et me laisse entraîner doucement dans ce beau final contagieux de beauté. Et la suite s’avérera tout autant intéressante. "The Whore" et "The Great Void" vont se battre au coude à coude pour briguer la première place du meilleur titre de l’album.

Enfin, LORD BELIAL subjugue et coupe le sifflet à ses détracteurs (dont j’ai pu faire partie). Et ces deux titres très Heavy dans le riffing et rompus aux ambiances atmosphériques de qualité vont surprendre. La densité mélodique est prononcée, les riffs juste superbes et remplis d’émotions, LORD BELIAL réalise ainsi deux très beaux titres. La voix non éreintée de Thomas Backelin produit un beau travail également sans point trop n’en faire, et se marie idéalement à ce Black Metal teinté parfois de rares nappes de claviers et de chœurs fantomatiques ("Serpent’s Feast", "The Great Void", "Antichrist"). "Scornful Vengeance" résonne comme le titre le plus 90s de l’album avec ces breaks savoureux et ce petit quelque chose qui me rappelle l’atmosphère d’un "Enter The Moonlight Gate". Ce petit regard dans le rétroviseur est aussi très plaisant pour les nostalgiques de cette époque précieuse des Suédois.

Si je fais un peu les comptes, la prestation de LORD BELIAL est correcte, et ce dixième album "Unholy Trinity" reste parfois inégal mais passionne autour d’une petite poignée de titres. C’est pour moi suffisant pour encourager ce groupe mythique et avant tout le remercier. Un peu dommage de ressentir pourtant qu’une bonne partie des titres n’arrivent pas à décoller comme ils le devraient. Dès que les Suédois jouent la carte des leads et des solos, ils nous envoient avec maestria des notes géniales. Finalement, "Unholy Trinity" n’est nullement un faux pas mais un bel accomplissement pour les plus de trente ans de carrière du groupe. Écoutez-moi donc les quatre dernières minutes somptueuses du titre de clôture "Antichrist"… ou soyez maudits.