Ultra mea culpa…

Je me dois de réparer une terrible erreur : au cœur de l’été 2019, DM me contacte comme régulièrement. Le bougre, dont je raffole du travail depuis toujours, est insatiable : il vient encore de contribuer à un projet. Il s’agit de GRAVEFIELDS. Il connaît mon amour pour les supports physiques, il m’annonce qu’il vient de me mettre au courrier son premier effort, sobrement intitulé "Embrace The Void"… Deux cent copies et je suis l’heureux détenteur de l’une d’elle. La rentrée scolaire s’opère, je suis pris dans un classique tourbillon mais gère comme de coutume mes nouveautés : je sais que j’ai maximum six mois pour pondre ma chronique après un nombre conséquent d’écoutes… Et puis la pandémie va tout foutre en l’air.

Il est temps pour moi d’assumer ma honte et le fait que je n’ai pas été digne de la confiance que mon hurleur français préféré a placé à l’époque en moi. Je me dois de vous parler de ce projet dirigé par Alan Hurley. De prime abord, vous allez vous dire que vu l’artwork, on est dans le classique Black Metal car le nom du groupe est difficilement lisible ? Vous êtes tombés dans le piège : le BM c’est quand vous ne pouvez rien lire ! Ici, on peut déchiffrer, donc… Bingo, c’est du Death post 90s !

Plus sérieusement, GRAVEFIELDS est un duo composé d’un homme à tout faire irlandais (Alan Hurley, DIRTYPROTEST) qui est allé nous chercher l’excellent DM (HELIOSS, mais également tant d’autres) pour nous pondre un premier effort d’une fantastique bestialité : dans ce chaudron vous allez vous gaver de Death (IMMOLATION et consorts), de Blackened Death (BEHEMOTH), de Thrash, de Deathcore… dans une ambiance fin du monde du plus bel effet. Mais fort de mes dernières années extrêmes, je peux désormais vous clarifier la filiation de GRAVEFIELDS : le combo qui rappelle le plus ce duo est indubitablement SULPHUR AEON. Et comme vous savez je l’espère à quel point ce groupe est une référence ultime à mes oreilles, inutile de vous écrire que ce "Embrace The Void" m’a enthousiasmé.

La construction du titre "Void" est clairement dans la veine des Allemands. Je ne vais pas passer cette chronique à vous singer les points communs car ils sont nombreux, mais je souhaite simplement vous illustrer qu'Alan a fait un travail de composition totalement fou (ainsi que l’artwork) quand DM signe toutes les paroles. Vous allez retrouver tout ce qui fait la beauté (oui, oui) de ce Death lourd, ambiancé et totalement dingue, et ce, dès l’introduction de "Psychoactive Rites". Livret de l’album en main, vous pouvez mettre en lien ce sentiment d’apocalypse électrisante au travers du déluge de blast beats et des growls dantesques de DM. Les guitares sont malines (ce petit lead en fil rouge est tellement satisfaisant !), la section rythmique sans concession, proposant déjà une personnalité marquée. Le schéma sera désormais un principe que vous retrouverez sur "Mind Leech" par exemple, avec des breaks mélodieux et aériens du bel effet ou "Voices Above".
Les fans de NILE apprécieront également tout ce travail.

Ce qui fait le force de GRAVEFIELDS c’est indéniablement sa ligne directrice : chaque titre est doté d’un réel effort de personnalité, et ce tout au long de ses cinquante minutes. Pas de temps mort. Un total espace d’expression du talent : savourez toute la palette vocale de DM sur "Sulphur Injection". Il place ensuite sur la majorité de l’album un chant très précis et appliqué, mais qui restera dans un spectre entendu. "Psychonauts Inferno" souffle lui aussi un vent de furie avec un Blackened Death enragé quand "Narcotic Warfare" se veut plus aérien dans son puissant Thrash Death. Martial donc dans son approche, le groupe n'en demeure pas moins capable de mettre avec une intelligence notée des plans aériens et donc mélodieux pour offrir encore davantage d'ambiance à son Metal extrême.

Au final, je suis finalement heureux de vous écrire tout le bien que je pense à la fois de ce duo magique autant que de ce premier effort remarquable presque cinq ans après sa sortie car au cours de cette période j’ai densifié ma connaissance de ces genres extrêmes. Et à ce titre, cela me renforce dans mon bilan ultra qualitatif perçu. GRAVEFIELDS est une sacrée claque qui oblige à une prise de rendez-vous : ce "Embrace The Void" appelle à connaître une descendance pour un duo vraiment prometteur en terme de création. Bienvenue au pays de la vitesse, de la violence, de l’énergie et de la mélodie dans l’Extrême ! Fortement conseillés aux mordus de violence et de mélodies.

Note réelle : un gros 4/5.

Top : "Void", "Sulphur Injection", "Psychoactive Rites", "Mind Leech", "The Devil’s Breath".