Moi et le Death Progressif, c’est une histoire un peu compliquée. Quand j’ai commencé à écouter du Death avec des trucs plutôt modernes (notamment ABORTED et CATTLE DECAPITATION), je suis directement partie sur la scène Tech Death récente avec tout ces groupes qui font des trucs ultra virtuoses à deux cents à l’heure et qui filent le tournis si on est pas un tant soit peu initié au truc. Donc bon, quand j’ai découvert les pionniers du genre, j’y suis allée à reculons et avec difficulté avant de succomber. Aujourd’hui encore, je reste une fervente adoratrice de DEATH, CYNIC et ATHEIST et garde une certaine difficulté à apprécier pleinement le Death Prog moderne mais ça s’arrange peu à peu avec le temps. Viens donc UNREAL OVERFLOWS, présenté à moi par une amie qui a directement propulsé l’album comme l’AOTY de 2025 et je dois dire, elle est pas loin d’avoir raison.

Existant depuis plus de vingt ans, la formation sort là son quatrième album restant dans la veine de ce que le groupe fait depuis ses débuts : un Death Metal Progressif prenant ses racines dans les piliers floridiens des 90’s plutôt que dans la scène post-NECROPHAGIST et ça tombe bien car, comme je l’ai dit en intro, je suis totalement cliente de ce genre de Death. Je ne vais pas pointer les références évidentes, tout le monde les aura à l’écoute et le groupe joue avec ça, je pense au vocoder utilisé en réf à CYNIC à la fin de l'ouverture "Echoes From The Past" qui nous tease un peu de future utilisation pour ne jamais revenir. Mais je trouve aussi qu’il y a du CARCASS dans le chant et dans le riffing, notamment dans certaines accélérations thrashisantes qui me font énormément penser aux deux derniers albums des Anglais ("Tearing The Layers Of Reality", "Beyond The Code") ainsi que certaines mélodies sentant bon "Heartwork" ("Digital Slavery", "Against Our Will").

Et c’est là que UNREAL OVERFLOW est imparable, car s'il se niche dans un Death Prog identifiable en deux secondes et très référencé, il s’évertue à en utiliser tout ce qu’il peut pour proposer des compositions qui sont juste parfaites. Le duo ne fait jamais dans le simplisme, chaque morceau est une entité métamorphe qui ne va jamais se contenter d’une seule idée. Mais si les compositions sont riches, elles surprennent aussi de par leur accroche assez phénoménale. En guise de tube, je vais ressortir "Averse To Creation" qui s’amuse à faire des allers-retours entre DEATH et ATHEIST dans un ping-pong riffesque assez fun, "Consumed By Himself" quand à lui est une tartine de groove qui fait taper du pied et "Beyond the Code" qui lâche ses meilleurs riffs dans une urgence assez prenante. Ajoutez à cette accroche le fait que les morceaux sont tous concis en restant en moyenne dans les quatre minutes et vous avez un album riche, accrocheur et dont l’écoute se fait dans la plus grande simplicité, parce que oui, en plus de tout ça, le disque a une dynamique parfaitement huilée qui fait que l'album en tant que tout s'écoule avec une fluidité exemplaire.

UNREAL OVERFLOW m’impressionne avec ce quatrième opus. On sent à l’écoute que les musiciens se sont arrachés à composer des morceaux riches et complexes pour pondre un album de Death Prog à l’ancienne d'une efficacité rare. D’ailleurs pour finir, je trouve que le rythme global de l’album est d’une telle limpidité qu’il y a quelque chose d’étonnamment reposant dans ce "Slaves Of The Inhuman Future World", voilà, faites en ce que vous voulez, mais pour moi, on est sur du Death Prog parfait pour chiller.