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2024 No One Has The Right To Obey

OATH OF CRANES - No One Has The Right To Obey (2024)
Par DARK BEAGLE le 27 Mars 2025          Consultée 254 fois

OATH OF CRANES n’aura pas attendu longtemps pour sortir son second album, un an après un "The Unsung Mantras" qui s’était gentiment fait remarquer. Le groupe des deux anciens CELTIC FROST Erol Unala (guitare) et Franco Sesa (batterie) a en effet effectué son retour en octobre 2024, avec ce "No One Has The Right To Obey" et cette pochette très épurée, pour ne pas dire minimaliste, dont le titre sonne comme une gifle assenée sans la moindre retenue. Il faut dire que le délire n’est plus le même que sur l’essai précédent, ici les Suisses se contentent d’un seul disque pour une durée de trente-six minutes, très condensé, qui ne fait pas dans le détail.

Avec ses morceaux courts, très in your face, OATH OF CRANES montre clairement les muscles. Il ne faut pas se fier à cette intro, "Evocation", qui contrairement à ce qu’il semble indiquer n’évoque pas grand-chose. La suite se veut lourde, boueuse, d’aspect monolithique. Il y a des relents Doom indéniables (forcément, quand deux musiciens ont accouché du terrible "Monotheist"), mais cela tire toutefois nettement plus sur le Sludge. Derrière le micro, Fabrizio Merico, qui ressemble à une espèce de schtroumpf géant transformiste, éructe plus qu’autre chose, il participe grandement à la mise à terre que nous inflige le reste du groupe.

Parce qu’OATH OF CRANES ne fait pas dans la dentelle. Sa lenteur est une espèce de clair-obscur, un leurre qui cache un matraquage sévère derrière les fûts, avec une rythmique qui oublie d’être pachydermique pour se montrer plus construite, offrant un terrain idéal pour des guitares grasses qui façonnent des murs de son aux « mélodies » changeantes. Le style est très abrupt, peut-être un peu trop par moments, les riffs sont efficaces mais ne se retiennent pas facilement, à de rares exceptions, comme celui de "The Worst Disease", "New World Disorder" ou encore le plus mélodique "Sweet Anarchy" qui se démarque grandement du reste.

En effet, sur sa première moitié, ce morceau nous ramènerait presque à une ballade comme pouvait en pondre PANTERA à une époque (et là je ne parle pas de la période Glam). Un peu de dentelle en quelque sorte avant que le titre ne s’emballe et sonne de façon bien plus heavy, Merico retrouvant son style plus rentre-dedans alors qu’il se montrait bien plus nuancé sur la première partie. En tout cas, cette accalmie fait du bien (surtout après un "Demon Called Mammon" qui cherche clairement à nous noyer dans une boue putride) et permet surtout à "New World Disorder" d’exploser littéralement et de se montrer redoutable. Assurément, nous tenons ici le moment clé de l'œuvre.

Autre curiosité de cet album, ce "May This Flesh Become Light", plus atmosphérique (et plus lumineux), avec ce travail sur les percussions qui encore une fois peut évoquer CELTIC FROST, qui vient mettre un terme aux hostilités de façon presque incongrue. Il parachève une série de morceaux courts et souvent intenses en les prenant complètement à contrepied. Une autre respiration, mais qui ne conduit au final que sur le silence indiquant que la « fête » est terminée. Et en nous laissant – quelque part – sur notre faim tant cela se clôt sur une impression d’inachevé.

OATH OF CRANES a des idées, qu’il parvient très bien à mettre en place, mais le pari de l’album étouffant n’est ici pas totalement remporté par les musiciens, qui donnent l’impression de fournir un travail trop homogène, trop hermétique alors qu’il fourmille de détails intéressants. Ne serait-ce que cette batterie qui ne se contente jamais du minimum, qui est imaginative et qui produit des plans monstrueux, mais parfois sous-exploités par le reste du groupe. C’est facile, sans que ce soit paradoxalement l’effet recherché.

"No One Has The Right To Obey" s’écoute sans déplaisir pour peu que l’on apprécie le style, mais il semble toujours ne pas aller assez loin dans sa formule, contrairement à un MANTAR qui lui va s’en nourrir jusqu’à l’overdose, mais réussissant bien mieux son défi de nous écraser dans la fange sans nous laisser la moindre chance de nous relever. Et à une époque où les groupes prennent de plus en plus de temps pour nous pondre un album, nous pouvons légitimement nous dire que les Suisses ont peut-être brûlé une étape, qu’ils auraient pu peaufiner un peu plus leurs compositions pour nous offrir un disque plus marquant que ne l’est sa pochette.

Mais "No One Has The Right To Obey" demeure malgré tout un bon disque, qui ne confirme cependant pas tout ce que laissait entrevoir OATH OF BONES sur "The Unsung Mantras". L’effet de surprise n’est plus. Mais cela correspond finalement très bien avec l’esprit Punk du groupe, qui ne privilégie aucunement les sorties physiques (cet album a été présenté dès son mix terminé sur Youtube. Il a depuis migré sur Spotify et a connu une sortie CD. Le manque de communication du groupe n’aide pas forcément non plus) et qui livre avec ce disque un pamphlet contre toute forme de totalitarisme avec une réflexion Hardcore que l’on retrouve également dans la musique.

Comme vous pouvez le deviner, ce disque reste difficile à appréhender et son appréciation dépendra énormément des goûts de chacun. Certains y voient du génie (je l’ai surtout entendu sur "The Unsung Mantras", personnellement), d’autres ne constateront que le parpaing qu’ils s’apprêtent à se prendre dans la tronche quand d’autres encore entreront en communion avec ce disque, qui pourrait très bien devenir culte pour bon nombre de raisons évoquées plus haut. En revanche, sa sincérité ne fait aucun doute et rien que pour cela, il mérite bien que l’on pose une oreille, voire les deux dessus.

Note réelle : 3,5/5.

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- Fabrizio Merico (chant)
- Erol Unala (guitare, samples)
- Chris Tragianidis (guitare, claviers)
- Amedeo Mauriello (basse)
- Franco Sesa (batterie)


1. Evocation
2. No One Has The Right To Obey
3. Where The Shame Is Missing Imbecility Begins
4. The Worst Disease
5. Sharpen The Pitchfork
6. A Demon Called Mammon
7. Sweet Anarchy
8. New World Disorder
9. May This Flesh Become Light



             



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