Il aura fallu attendre presque vingt ans pour savourer "Brighten" mais trois ans quasi jour pour jour pour savourer à nouveau un album solo du maître Cantrell.
Précédemment orienté Americana/Country Southern Rock sur "Brighten", Jerry Cantrell est allé puiser dans des influences Jeff BECK, The CURE ainsi que PINK FLOYD, engendrant ici clairement un retour à une musique plus Dark.
Ainsi, la musique Grunge sombre lorgnant vers ALICE IN CHAINS est davantage visible. Les morceaux sont plus lents, plus Rock que par le passé.

Jerry annonce la couleur en étant selon ses dires "au sommet de ses capacités". Armé d’une Les Paul Gibson offerte il y a plusieurs années de cela par Billie Joe Armstrong (GREEN DAY), il nous sert neuf titres clairement plus oppressants et heavy qui relient vraiment nettement cet opus à "Degradation Trip"… "Brighten" gagnant volontairement ou non le statut de parenthèse enchantée dans cette discographie donc.

Inévitablement, une question surgit à l’écoute renouvelée de ce "I Want Blood" : avons-nous entre les oreilles un album qu’ALICE IN CHAINS 2024 aurait pu proposer ? Vous avez deux heures...
Je botte en touche et vous laisse me proposer vos arguments si le coeur vous en dit. À mon niveau, je vais me contenter de vous présenter le plus objectivement le contenu de cet opus solo du sieur Cantrell.

Enfin solo, sur le papier, car une fois de plus le gaillard ne ménage pas les co-guests luxueux : Mike Bordin (FAITH NO MORE, OZZY OSBOURNE), Duff McKagan (GN'R), Robert Trujillo (METALLICA, ex-SUICIDAL TENDENCIES, OZZY OBSOURNE…), Gil Sharone (The DILLINGER ESCAPE PLAN) ? ‘Scusez du peu, Jerry possède toujours un sacré carnet d’adresses.

Il en résulte un travail assez redoutable, parfaitement orchestré par une équipe en pleine forme. Au programme,
- une ouverture glauque et crasseuse au possible : "Vilified" pourrait presque faire réapparaitre notre Layne tant regretté tant on fleurte avec les sonorités d’un "Dirt".

- un final pesant d’ambiance avec "It Comes" qui possède un un solo laissant à penser que Slash période "Use Your Illusion" est dans la place (cette usage de la wah-wah est sidérant de mimétisme et vous prend aux tripes), proposant un rayon de soleil au milieu d’un morceau d’une mélancolie absolue. Un joli morceau qui reste dans les standards du musicien.

- Un title track ultra Rock’N Roll, pêchu comme rarement chez Jerry Cantrell. Surprenant dans son couplet, un poil déroutant sur son refrain minimaliste ("I want Blood"). Par contre, inutile de vous inviter à savourer la basse qui claque et ronronne tout au long de ce morceau, elle vous pêtera littéralement à la gueule dans tous les cas !

- un "Afterglow" plus aérien, vraiment dans l’esprit de ce que Duvall propose chez ALICE IN CHAINS. Le solo de Cantrell est quant à lui proche déjà d’un PINK FLOYD, influence que l’on retrouvera encore davantage sur "Echoes Of Laughter" (référence directe d’ailleurs à ce groupe dans ce morceau). Fermez donc les yeux durant ce joli solo !

Jerry Cantrell signe ce nouvel opus de sa marque : voix caractéristique et plus catchy que jamais, riffs de guitare désormais ultra personnels. Le son est Stoner friendly, un poil doomy, influencé par les guitares des années 80. La basse est vraiment omniprésente sur des plans vraiment très caractéristiques : la signature certes d’un grand mais laissant toutefois un goût de "déjà vu/entendu" parfois trop marqué.

"I Want Blood" est un bon album, qui en voulant se démarquer de son prédécesseur très lumineux, se heurte inévitablement à la comparaison du passé encore plus glorieux de Jerry Cantrell, le desservant nettement. La lutte étant inéquitable, ce Grunge 2024 est moins exaltant alors qu’à la base, nous sommes venus chercher autre chose.
Un album qui forcément pourra diviser, sans doute trop prévisible pour les plus exigeants, totalement habités pour les fans.
Choisissez votre camp dans ce monde bipolaire...

Note réelle : 3/5, pas forcément plus, ni vraiment moins.

Top : "Echoes Of Laughter", "I Want Blood", "It Comes".