Je savais à quoi m’attendre en me lançant dans la chronique de ce "Golem", j’avais déjà pas mal écouté la précédente offrande de BIESY, l’excellent "Transsatanizm". Donc j’ai été écouté l’album en étant en confiance totale, attendant ma dose de Black Metal Industriel et expérimental bien barré comme je l’aime et… bah j’étais contente, je me voyais déjà écrire cette chronique avec moult superlatifs, mettre l'album en sélection, le porter aux nues et… je me suis totalement perdue dans l’album.

Mais bon, reprenons un peu du début. "Golem" c’est le troisième album de BIESY, projet solo de IHS qui officie aussi dans GRUZJA (projet Black Metal très Punk et barré aussi) et qui avait fait parler avec son deuxième album (qui suivait un premier relativement classique) pour avoir proposé un visuel assez inédit dans le Black Metal en posant en drag queen tout de latex rouge vêtu et aussi en faisant, je le répète, un album assez phénoménal. Là pour ce "Golem", IHS est revenu a une imagerie plus commune, juste saturée de vert, mais heureusement, il est resté au même niveau de folie d’un point de vue musical.

"Golem" est un album à première vue déstabilisant, le morceau titre qui ouvre l’album nous balance sans prévenir un avant-gout de tout ce qu’on va prendre : un Black Metal sinueux et imprévisible où survole une voix étrange, déclamant plutôt que hurlant et partant dans des registres plus graves ou aigu aux moments où on s’y attend le moins, tout ça enrobé par des bidouillages Électro plus ou moins subtils, et quand on pense arriver à saisir le propos du morceau, tout vrille pour proposer un délire bruitiste aux sonorités vaguement asiatiques qui se brise de plus en plus avant de repartir sur un sursaut de blast-beat en guise de final. Le seul truc que ne présente pas ce morceau au final, c’est la capacité folle qu’a BIESY à se montrer accrocheur malgré tout, c’est surtout à partir de "My Razem Jak Dlon I Miecz" que va se dégager de tout ce bordel une espèce de groove omniprésent sur tout le reste de l’album avec une basse bien mise en avant qui va servir de véritable bouée de sauvetage pour ceux se noyant dans le chaos ambiant.

J’ai dit que je me suis perdue dans l’album, ce n’est pas une exagération. Tout dans "Golem" est là pour vous perdre, des structures chaotiques au possible qui s’amusent à partir dans tous les sens, de la production qui va parfois jouer avec la spatialisation des sons (écoute au casque recommandée), les passages Électro tantôt Techno, tantôt Noise, tantôt Indus ou encore le chant qui ne cesse d’être changeant même quand on a droit à une guest aussi cramée mentalement que BIESY sur "Fuck No I Split". "Golem" est difficile à digérer, d’un côté, il se montre monstrueusement efficace, l’ennui ne vient jamais et il se passe toujours quelque chose d’intéressant, mais de l’autre, la densité de trucs à la seconde est assez phénoménale par instant et il faut vraiment se plonger totalement dans une écoute active pour vraiment profiter de l’expérience.

Je dois présenter tout mon respect à IHS pour cette offrande. J’avais peur que "Golem" soit un album vivant dans l’ombre de "Transatanizm" et si clairement, on est sur quelque chose d’assez proche, Golem se montre plus fou et chaotique en étant bien plus généreux sur les bidouillages Électro en tout genre et en dévoilant un aspect Punk qui vient ajouter une dynamique différente à la musique de BIESY qui ressort le plus sur "Swiat Sie Nie Konczy". Je ne peux que conclure cette chronique en exigeant de vous, d'aller jeter une oreille attentive sur cet album qui va encore pas mal tourner chez moi tant qu’il ne m’aura pas livré tout ses secrets.