Vous pensiez que j’allais vous lâcher la grappe un peu avec Swartadauþuz, et bien détrompez-vous ce n’est pas fini, pas encore. Mais tenez bon ce sera sans doute ma dernière chronique du sieur… pour cette année 2024… Avant j’imagine une belle récolte pour l’année suivante, du moins je l’espère fortement. Je vous avais chroniqué les deux albums précédents, notamment en leur adressant à raison de très bonnes notes. Leur côté brumeux, grisailleux, et leurs compostions remarquables à plus d’un tour, valaient bien ce genre de louanges.

Finalement ce nouvel EP de plus de quarante minutes se démarque un peu de l’ambiance générale de ses deux grands frères. "I Skogens Karga Dunkel" est un peu moins atmosphérique et hypnotique, mais toujours aussi lancinant et ténébreux. Démarrant par une introduction qui fait office d’agonie triste, doucereusement jouée à la guitare acoustique, Swartadauþuz nous produit, au sein de ce troisième objet, un chant dont il a le secret : criard et rauque à la fois. Sa voix de corbeau nous éructe des mots empreints de mysticisme et de syllabes secrètes. À l’écoute de cet album nuageux, il n’est pas difficile de voir l’obscurité gagner du terrain au gré des titres. Comme des contes anciens relatant des légendes noires où créatures et spectres forment un bestiaire d’accueil, "I Skogens Karga Dunkel" s’immisce au fur et à mesure dans notre esprit.

Point d’orgue, "Formlösas Röster Dovt Eka" et ses minutes intemporelles, suspendues, et totalement hors contrôle. En lévitant par-delà la nuit, ce titre nous embarque dans une rêverie sans fin, au contact d’éléments étranges ou d’une nature pure mais à l’accueil froid. Titre saisissant de beauté il démonter tout le sel des plus belles compositions atmosphériques de Swartadauþuz. Sous la grisaille des riffs s’escamotent des émotions profondes enduites de lancinance et d’une bonne dose de maléfice. "Dödens Hunger Sluka" me fait penser à la fin du titre "Darkzone Martyrium" de LIMBONIC ART (sur l’album absolu qu’est "Moon In The Scorpio"), avec ses voix maraudant dans l’ombre et dans les volutes de ténèbres glaçantes et inexplorées. Nous retrouvons la patte de MUVITIUM sur les emportements de leads qui se superposent au matelas dense et ténébreux des riffs, comme sur le très réussi "Askhimmels Väckelse".

Si cet EP aurait pu faire office de troisième album, eu égard à sa durée importante, il est surtout le fruit de matériaux jalousement gardés par Swartadauþuz depuis quelques années. Toujours rien à redire concernant les habilités et les hautes compétences de ce rustre Suédois. C’est un plaisir jamais trahi à chacune de ses sorties, et ce, malgré leur nombre. Citons par exemple pour cette année, le très beau TYRANNI, "Dränkt Av Livets Sekret", dont vous trouverez la chronique en ces pages, ou bien encore l’album de Dark Ambient/Black Metal de BALWEZO WESTIJIZ, "Tower Of Famine", mais aussi le gracieux et mélodique "Towards The Nighside" de SECRETS, et la démo vraiment intéressante "Urskogen" du très discret KLÄVITT, KLÄVITT... SKOGEN EVIGT EKA. Hail Swartadauþuz !

Note réelle : 3,5/5.