TOUCHÉ AMORÉ a toujours eu dans les tripes cette énergie débordante et contagieuse qui plaira à jamais à tous les kids métalleux de la planète. J’ai toujours associé ce groupe à la jeunesse et à son éternité, peut-être est-ce de par les sonorités directes et le chant si singulier de Jeremy Bolm qui me ramène immédiatement à ma propre adolescence et aux sensations des années lycée ? Avec leurs gueules de second de la classe (faut pas abuser non plus), les californiens de TOUCHÉ AMORÉ ont toujours su porter leur Screamo-Émo/Post-Hardcore sur les meilleurs pas de tir. Creusant le sillon de leur propre succès, le quintette signé depuis peu chez Rise Records – après son passage chez Epitaph - nous sort un sixième album convaincant.

Ne modifiant substantiellement jamais trop la recette qui a fait leur succès planétaire, le groupe s’est ici offert les bons conseils du producteur Ross Robinson (SLIPKNOT, GLASSJAW) et nous livre une toute petite trentaine de minutes – comme à l’accoutumée – de titres énergiques et teintés d’une mélancolie toujours aussi palpable. La prestation impeccable de Jeremy Bolm porte encore aux nues ce nouvel album et, à l’instar de Tetsuya Fukagawa du groupe ENVY, nous sommes en droit de nous demander si la grosse partie de cette identité puissante dégagée par le combo ne réside pas en grande majorité sur le jeu et la teinte vocale du frontman. Il est vrai que les émotions dégagées par ce chant arraché foutent le niveau émotionnel à un très haut niveau. Quelque chose d’indicible se connecte avec sa propre histoire et son propre vécu.

Prenez le titre "Disasters" et laissez-vous porter par la rage inextinguible, les regrets à hurler, le chagrin à sublimer qui paraissent toquer à votre porte en se battant les uns avec les autres. Écoutez les titre suivants et nostalgico-mélancoliques "Hal Ashby" et "Forces Of Habit" d’une belle puissance qui vous feront prendre la mesure et percevoir le temps passé, le feu sacré et la fureur qui jamais ne reviendront. D’autres titres méritent d’être pointés du doigt pour leurs qualités indéniables. Citons aussi "Altitude" qui nous transporte sacrément avec cette basse entraînante et ses riffs un poil planants. Nous pourrions aussi parler de la plus Punk "Finalist" qui ne lésine pas sur l’agressivité. Notons tout de même que les titres manquent de variété, mais cela a toujours été un peu le cas y compris sur les autres brulots que sont les albums précédents "Lament" (2020) et "Stage Four" (2016), sans oublier celui de 2013, "Is Survived By".

Dire que "Spiral In A Straight Line" est un bon album reste un pléonasme, les Californiens n’ont jamais fait de la merde et ce sixième disque suit le train-train des albums auxquels il succède. Au regard de "Lament" et surtout "Stage Four", mon préféré, je me dis qu’à force d’écoutes l’album se bonifiera. Et puis il y a ce plaisir indescriptible que me crée TOUCHÉ AMORÉ à chaque fois. Un truc envoutant, un truc qui ne regarde que moi, quelque chose qui me remue intérieurement. Ces titres volontiers courts, remplis de fougue et trépignants d’impatience d’en découdre avec les tourments font toujours mouche et me parlent secrètement… À ce stade, nos Californiens continuent sur leur lancée, le font excellemment, et ce depuis plus de quinze ans. Je reviendrai sûrement davantage à "Stage Four" qu’à cet album mais je ne boude pas mon plaisir de m’être pris plus un shoot supplémentaire de TOUCHÉ AMORÉ. Cela faisait quatre ans que j’attendais cela et je ne suis pas déçu. Dans la série des albums de Post-Hardcore que j’attendais de 2024, "Spiral In A Straight Line" me plait davantage que le dernier ENVY.

Note réelle : 3,5/5.