Le problème du Metal Goth, c’est qu’il se complait souvent dans des phases tellement éculées qu’elles en deviennent ridicules. Le nombre de clichés que peut véhiculer cette musique à la minute est tout bonnement effarante, chaque combo semblant pointer le cahier des charges pour savoir si le travail a été bien fait (ou, en l’occurrence, salopé). Du chant féminin par-ci, un orgue par-là, une complainte bien ficelée qui traine tout du long ou, au contraire, une approche plus catchy, avec quelques refrains fédérateurs pour bien faire (deux écoles, les deux se valent, les deux ont leurs tares). HIGH PARASITE, nouveau venu sur la scène Goth de la Perfide Albion, tire dans la seconde catégorie.

Mais son véritable attrait, c’est bien entendu la présence d’Aaron Stainthorpe, qui ne reste pas les bras croisés alors que MY DYING BRIDE fait un break qui pourrait être amené à durer. Le chanteur se défend d’être à l’origine du groupe, la paternité en reviendrait à Tombs (voix claire et basse), technicien guitare pour MDB et PARADISE LOST (un petit détail qui va avoir son importance un peu plus tard) et qui avait besoin de quelqu’un susceptible de poser un chant guttural sur ses compositions. De fait, le groupe se définit comme faisant du Death Pop, ce qui est à la fois malin et complètement à côté de la plaque.

Effectivement, la musique est bien dosée niveau refrains qui balancent bien ("Parasite"), interventions plus musclées d’Aaron, mélodies simples dopées par quelques beats et bien mises en valeur par une production signée Greg Mackintosh (qui posera également quelques lignes de guitares pendant que sa femme se chargera de chœurs et de quelques interventions). Cependant, la voix seule ne suffit pas à donner un aspect Death définitif, elle n’est pas forcément majoritaire et rien dans les guitares et les rythmiques ne rappellent les univers où la pestilence où la décomposition règne. Non, HIGH PARASITE, c’est du Metal Goth qui reprend le principe de la Belle et la Bête, enfin, plutôt du Beau et de la Bête.

Alors non, ce n’est pas forcément original. Ce n’est pas HIGH PARASITE qui va révolutionner un genre qui se regarde vivre depuis quelques décennies maintenant. Ce n’est pas non plus la formation qui va lui planter le dernier clou dans le couvercle de son cercueil. Non, HIGH PARASITE, c’est du travail bien fait. Les compositions se laissent volontiers écouter, cela peut évoquer le PARADISE LOST de "Believe In Nothing" et de "Symbol Of Life", mâtiné de quelques touches de MY DYING BRIDE période "34,788%... Complete". Le point fort réside bien entendu dans toutes ces voix, qui sont soit en alternance, soit qui se superposent (et là saluons encore la production de Mackintosh qui a su trouver un bon équilibre, les deux registres se mariant très bien ensemble et surtout, sans former de bouillie sonore).

Derrière, les musiciens assurent également. Il ne faut pas chercher des riffs à la façon de MY DYING BRIDE, le propos n’est absolument pas le même. La rythmique n’est pas plombée, les guitares sont fluides et le groupe n’invente absolument rien. Mais il le fait bien, avec une véritable qualité d’écriture qui transparait sur bon nombre de titres ("Let It Fail" et son refrain bien mastoc, "My Syndrome" qui arrive comme un parpaing dans la tête, "We Break We Die"), la palme revenant peut-être bien au titre le plus posé de l’opus, "Widowmaker", qui étend doucement ses ailes de corbeaux. HIGH PARASITE profite de la fougue de sa jeunesse (là, je parle de l’âge du groupe, pas des musiciens) pour apporter contre toute attente un vent de fraîcheur là où nous pouvions légitimement penser qu’il s’agirait d’une œuvre délétère à l’odeur de caveau.

Cependant, si la sincérité du propos ne fait aucun doute, il faut bien admettre que niveau surprise, ce n’est pas trop ça. Les morceaux s’enchaînent bien, certains se veulent plus Heavy que d’autres, mais globalement, il se dégage une hétérogénéité un peu lassante. Le tout n’est pas déplaisant, la durée est parfaite pour les dix titres proposés (44 minutes). Cependant, il y a un petit détail qui peut chiffonner, et de mon côté cela rentre dans le cadre de l’appréciation personnelle, et cela réside dans la prestation de Stainthorpe.

En effet, ce dernier est un conteur fabuleux, qui prend vraiment toute son ampleur sur des morceaux longs, où il a le temps de poser une ambiance par sa simple présence. Là, il n’est en définitive qu’exécutant et ce qu’il fait, outre son timbre de voix tout de suite identifiable, beaucoup auraient pu le faire. Sa présence semble être, ou peut être interprétée comme une façon de montrer le groupe, de braquer des projecteurs sur lui car en toute franchise, bien que ce soit bien fait, rigoureux et catchy en diable, HIGH PARASITE aurait pu ne pas s’extraire de la masse de groupes jouant une musique similaire sans ce nom tout de même ronflant.

Mais ne soyons pas plus médisants et apprécions cet album comme il se doit. Simple dans son approche mais en aucun cas simpliste, "Forever We Burn" est un disque présentant un joli potentiel et qui, passé la voix gutturale de Stainthorpe, pourrait séduire un large public et pas forcément que Metal. Le potentiel Death Pop en somme ! Un deuxième essai est déjà en préparation, espérons qu’il sera lui aussi transformé et que HIGH PARASITE se fera un nom sans que celui de Stainthorpe ne le recouvre. En revanche, cela semble indiquer que MY DYING BRIDE va rester entre parenthèse encore un moment… Pour mieux revenir ?

Note réelle : 3,5/5.