En démarrant leur production musicale par un album éponyme comportant deux morceaux longs et planants au possible, les Russes de OLHAVA nous démontraient qu’ils avaient choisi leur camp. Celui sans doute de l’imperturbable et du cheminement. Andrey Novozhilov le principal acteur de cette entité nuageuse et ô combien emplie d’une poésie mélancolique et poignante, avait donc décidé de se jeter dans le grand bain après deux années à poncer ces deux titres. Je vous avais déjà parlé de ce solide gaillard lors de la chronique de son autre projet TRNA, et ce, en des termes élogieux.

Et à l’écoute de cette première œuvre de OLHAVA mon sentiment profond reste le même. "Olhava" baigne dans un Post Black Metal rêvasseur parfaitement dosé, laissant ainsi peu de place à l’ennui. Si le premier titre "Loyalty" est un hymne de Black Ambient éthéré et à la fois profondément puissant et émotionnel, "Hope" du haut de ses plus de vingt-cinq minutes nous adresse un message secret autour de son riffing tourmenté et des déchirements d’un Post Black à son comble de rêverie. Vous connaissez sans doute ma propension à apprécier les saveurs hypnotiques et les points de suspension que ce type de Metal peut sublimer, et bien là, encore une fois avec OLHAVA, force est de constater que mon voyage intérieur s’expand à mesure que ces deux titres se chevauchent, s’entrelacent et se laissent apprécier. L’un chassant le second puis le ramenant sur l’autre rive la main tendue, afin d’orchestrer la découverte de nouvelles terres intimes.

Ce premier disque de OLHAVA sonne comme une méditation holographique où le temps n’aurait plus de prise. Le romantisme noir et la nostalgie paraissent imprégner ces deux titres fortement teintés de montées et de descentes de riffs qu’un Post Rock à la GODSPEED YOU! BLACK EMPEROR pourrait animer, sauf que là nous sommes en terres Black Metal et OLHAVA nous fait le savoir rapidement. L’album suivant, "Never Leave Me Alone", sorti l’année suivante, est la version Drone de ce premier effort. Sans manquer d’intérêt, nos accointances pour le Metal nous ramèneront toujours sur la version originelle, mais l’écoute vaut le détour ne serait-ce que pour percevoir cette rupture progressive que le Drone atteint dans notre psychisme. Les contours et les frontières sont alors de plus en plus flous, les amalgames se font nobles, l’expérience immersive se déploie sans discontinuer.

Pour une première sortie, Andrey Novozhilov frappe fort, et l’on ressent à l’écoute de "Olhava" qu’il déplie tout autre chose qu’avec TRNA avec lequel il dû se sentir un peu à l’étroit. L’album est majestueux, s’écoute d’une traite et ne comporte pas de longueurs indigestes. J’apprécie d’autant plus ce Post Black lorsqu’il sait ne pas se nouer avec des ambiances plus guimauves ou indélicates. OLHAVA reste puissant et prodigieux à bien des égards. Les amateurs de rêverie en auront pour leur grade, les autres apprécieront avec plus ou moins de plaisir l’expérience d’écoute.