Ça fait longtemps (spoiler : non) que je ne vous avais pas emmerdé avec un nouveau groupe de Metalcore, avouez ! Puisque vous avez l’air de vachement aimer ça, je vous propose de nous rendre cette fois en Moldavie pour découvrir INFECTED RAIN, formation qui a près de quinze ans au compteur tout de même ! Il était temps d’ouvrir sa page NIME, tout autant que de couvrir "Time" avant qu’il ne passe la date de péremption de la nouveauté. Il faut dire que j’ai quand même bien procrastiné avant d’écrire mon torchon, ne sachant pas trop quoi penser de la chose. Il m’a fallu également me familiariser avec le reste de la discographie du combo ("Time" est tout de même le sixième LP des Européens), par souci déontologique (en vrai, Fenryl a menacé de me briser une rotule si je ne le faisais pas).

Bref, nous y voici, nous y voilou : lecteurs, voici INFECTED RAIN, INFECTED RAIN, voilà les lecteurs de Nightfall In Metal Earth !

Maintenant que les présentations sont faites, il faut que je vous explique un peu pourquoi j’ai pris mon temps. J’ai d’abord songé à un clone de JINJER, tant à l’écoute de la musique que du look de Lena Scissorhands, toute de dreadlocks colorés (dé)vêtue. Entre Tatiana et Alyssa (ARCH ENEMY), voici donc Lena, qui partage avec ses plus illustres collègues un talent vocal certain, que ce soit dans un registre clair ou growlé. Dans le style extrême, elle excelle même, avec un chant assez personnel qui pourrait évoquer un mix entre Fridén (IN FLAMES) et l’amy Randy Blythe (LAMB OF GOD) ou Alma Alizadeh (FOR I AM KING) pour revenir à une référence féminine. Sa signature est clairement le facteur X du groupe, celle qui le fait émerger de la masse Metalcore moyenne.

D’autant qu’il n’y a pas que du Metalcore dans la musique d’INFECTED RAIN, ce qui pourra rassurer certains d’entre vous. Loin de se montrer caricatural ou de se perdre dans la sophistication à tendance onanico-prog-djenty des voisins ukrainiens de JINJER, le groupe s’aventure franchement sur des terrains Groove, Nu ou Melodeath moderne, qu’il incorpore avec réussite à sa recette. On pourra songer à du IN FLAMES récent à l’écoute de "Time", probablement pour le meilleur et pour le pire, selon que l’on est fan ou pas de cette période, je ne suis pas là pour juger (même si un peu quand même, avouons-le).

Les compositions du guitariste-fondateur, Vidick, sont relativement bien fichues, même si elles restent relativement classiques, alternant les passages posés avec des saillies soniques lourdes et modernes, qui donnent envie de headbanguer furieusement sans faire de prisonnier. Même si les structures s’avèrent académiques, on n'a jamais la sensation de se taper les sempiternels couplet-refrain-couplet-refrain-solo-refrain, Satan nous en préserve, de par les arrangements et l’introduction de quelques ponts plutôt bien réfléchis. Le riffing, majoritairement syncopé à l’évidence, s’avère franchement efficace à défaut de se montrer révolutionnaire.

En revanche, en ce qui concerne "Time" ici passé à la moulinette, je lui trouve une légère carence en férocité, en comparaison avec certains de ses aînés. Les claviers sont plus (ou trop ?) présents, comme sur "Pandemonium" ou "Unpredictable", ce qui flingue un peu l’agressivité de ces pistes, même si quelques touches Trip-Hop dans le mélange sont franchement intéressantes. L’équilibre organique/synthétique se révèle toujours hautement délicat et instable. Disons qu’INFECTED RAIN ne se vautre pas totalement dedans comme le dernier FUTURE PALACE, également mené par une Frontwoman, mais je ne suis pas certain que leur musique en ait véritablement besoin intrinsèquement au demeurant. Le chant clair de Lena est également davantage mis en avant, même si la belle se débrouille plutôt bien et évite les souricières de la mièvrerie excessive. Rien de bien méchant au final, mais on a connu nos Moldaves plus vindicatifs par le passé.

Pour m’emporter totalement, en sus des réserves émises ci-dessus, il me manque également quelques grandes lignes mélodiques, ou des moments mémorables, des leads qui rentrent dans le crâne pour ressortir de manière impromptue en se disant « ah tiens, c’était quoi déjà ce truc ? ». Si JINJER (la comparaison est malgré tout inévitable) en a fait sa marque de fabrique sur certains morceaux, souvent au détriment de l’ensemble d’ailleurs, "Time" semble par contraste trop homogène. La cohérence, c’est bien, sauf si cela se fait au détriment du relief qu’on pourrait espérer à l’écoute d’une formation évoluant dans ce genre.

Mais bon, je pinaille, c’est le privilège du scribouillard. "Time" est un bon disque, qualitatif dans sa conception, sa production et son interprétation. Mais il ne sera pas un coup de cœur pour votre dévoué chroniqueur. Cela ne doit pas vous empêcher de jeter une oreille à la chose, pour autant que les références pré-citées vous parlent d’une façon ou d’une autre.

Note réelle : 3,5/5.

PS : c'était vraiment obligé de finir du VANGELIS-like ?