En découvrant dans un cadre amical et festif cet album, je révisais un peu les représentations que je m’étais faites un peu trop rapidement concernant le Brutal Death Metal, style bien trop boudé sur votre webzine préféré. En ayant dans mes bagages les références essentielles du style US (IMMOLATION, MORTICIAN, MALEVOLENT CREATION, DYING FETUS, CANNIBAL CORPSE, SUFFOCATION), et n’ayant que peu d’attrait pour les nouveautés, c’est avec une belle curiosité que je prolongeais l’écoute de ce groupe ricain un peu plus tard dans la nuitée.

Bien juché sur les épaules des grands frères sus-cités, 200 STAB WOUNDS (rien que le nom donne la tonalité des coups !) produit avec "Manual Manic Procedures" son deuxième album au sein de l’écurie Metal Blade Records – excusez du peu. La pochette évocatrice d’une séance d’atteinte à l’intégrité physique de cadavres par les étudiants médecine de Paris Descartes, nous ramène inévitablement aux bonnes odeurs de cautérisation, aux doucereux bruits de dislocation d’articulation, aux écoulements plus ou moins coagulés de lymphe et de sang… Mais s’il n’y avait que cela mes pauvres…

200 STAB WOUNDS ne fait d’ailleurs, c’est à noter de suite, ni dans la surenchère ni dans un Brutal Death bas de plafond. Bien au contraire, les titres sont volontiers groovy et de temps à autre voluptueusement mélodiques. Je rassure les fans du genre tout de suite : la brutalité des riffs et une basse possédée vont littéralement vous attaquer les recoins de la boîte crânienne, les soli dégueulasses vous arracher un sourire mutilé et les growls capiteux de Steve Buhl vous harceler les esgourdes. Mais ce Brutal Death a du chien et s’il comporte l’ADN de la scène américaine, il emporte aussi avec lui la mélodicité d’un ILLDISPOSED ou bien encore d’un DISMEMBER.

Car la dynamique des riffs est imparable, écoutez le titre surpuissant qu’est "Defiled Gestation" avec ses deux premières minutes exceptionnelles de violence et de groove, et sa suite mélodique et dévastatrice. En live ça doit-être dingue de chez dingue ! Résolument mon titre favori de cet album. Mais les autres ne sont pas en reste. "Gross Abuse" avec ses moins de deux minutes nous plaquent au sol avec ces rythmiques de grattes, ce headbanging inéluctable, cette scansion sauvage de Steve. Le titre introducteur "Hands Of Eternity" est aussi le plus technique et travaillé, sa structure complexe et habilement déployée nous attrape furieusement sur ses plus de quatre minutes. 200 STAB WOUNDS envoie sacrément du riff, et pas de la merde putassière. Ce n’est pas oppressant ni malsain mais juste puissant et intensément mélodique. L’interlude instrumental "Led To The Chamber / Liquified" est fichtrement bien foutu, et montre aussi le côté joueur (musicalement parlant) de Steve Buhl et Ezra Cook les deux compositeurs. Et puis notons aussi le phrasé plus Hardcore du dernier titre, "Ride The Flatline", assez efficace même s’il ne remporte pas la palme.

200 STAB WOUNDS remplit fort bien son contrat : celui de sublimer la violence et de l’instiller dans nos veines avec une efficacité. L’album ne réinventera pas la roue et d’ailleurs le créneau choisi par ces quatre Américains de l’Ohio n’a pas cette ambition. Et j’ai envie de vous dire tant mieux pour nous. Trente minutes survitaminées et bien chiadées valent bien mieux que le double soporifique. Avais-je besoin de vous le dire ? Certainement pas, alors munissez-vous d’un de ses scalpels et amusons-nous comme des gosses à continuer la charpie, cela nous rappellera avec nostalgie le bon vieux temps.

Note réelle : 3,5/5.