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Stéphan FORTÉ - The Shadows Compendium (2011)
Par REMISSA le 4 Décembre 2024          Consultée 763 fois

Spoiler alert, cette chronique ne parlera pas d’ADAGIO. Primo, parce que je n’ai connu Stéphan Forté que grâce à… Stéphan FORTÉ lui-même, via son one-man band éponyme (aidé tout de même de quelques pointures, parmi lesquelles Jeff Loomis ou encore Mattias Eklundh). Secundo, car le mélange Symphonico-Prog d’ADAGIO me touche à peu près autant qu’un coup de vent dans une cathédrale. En effet, à moins que l’on adjoigne du Deathcore au préfixe, ou du Death Tech au suffixe, les courants précités ne m’émeuvent guère. Et ça tombe bien, il semblerait que notre gratteux du jour ait lui aussi décidé de s’extirper du carcan de son groupe pour nous pondre ce premier album solo ambitieux et… disons-le, très dark à en juger par son regard de serial killer sur l’artwork (vilain au possible (*)) et de l’intitulé des morceaux, qui aurait fait pâlir l’inspiration du gothique que j’aurais voulu être à treize ans.

Allons, allons, cessons de juger les apparences, et attaquons-nous au dur du sujet. Soyons réalistes : faire son trou en tant que guitariste de six, sept ou huit cordes relève de nos jours du fantasme ou du suicide, tant la concurrence est rude. La désuétude de l'idolâtrie des solistes d’il y a trente ou quarante ans n’augure rien de bon, et il n’est plus vraiment possible de réinventer la roue sans parodier l’existant. Deux choix s’offrent donc aux effrontés comme Stéphan : oser se réinventer et basculer sur des sonorités incongrues tout en maltraitant les conventions solfégiques (cf. Tim Henson ou Marty Friedman), ou diviniser son art en shred, en sweep, et autres prouesses dont le commun des mortels ignore jusqu’à l’existence afin de… show off sans complexes. Et à ce petit jeu, le brave Stéphan a choisi la deuxième voie, sans demi-mesure.

En effet, amis du tripotage de frettes à s’en faire fumer le manche, retenez vos orgasmes, car ce "Corpus des Ombres" n’est avare ni en technique, ni en vitesse supersonique, sacrifiant, comme souvent, le feeling au profit d’une démonstration de virtuosité qui tente de vous en mettre plein la vue à chaque instant. L'apparat néo-classique fait illusion cinq minutes, les touches bluesy deux, mais Forté est forcé (ha-ha, on avait dit pas les noms) de porter à bout de bras par son seul talent/force de travail un album de trois-quarts d’heure, les backings tracks ne rendant pas honneur à la tendinite qu’il a dû contracter au terme de l’enregistrement.

Pourtant, force est de constater qu’au travers de toute cette masturbation, les titres s’enchaînent et l’album défile à toute vitesse, ne cédant que peu d’occasions de s’ennuyer, ou même de lâcher un bâillement. La disposition intelligente des morceaux y est pour beaucoup : l’éponyme introductif est une mise en bouche appétissante, s’enchaînant avec un "De Praestigiis Daemonum" (je vous avais dit que les noms étaient trop ivôl) plus racé, révélant crescendo les facettes du gratteux, qui lâchera totalement les chevaux sur "Prophecies Of Loki XXI", où tous les coups sont permis. Exit la subtilité : les notes de guitare et de piano totalement chaotiques s’enchaînent et se superposent dans un fouillis hallucinogène, la vitesse d’exécution semblant inhumaine ou truquée sur un multiplicateur à 1,5. Que nenni, et c’est bien là qu’éclot toute la brillance de Forté, au travers d’une technique et d’une clarté d’exécution exceptionnelles que ni vous, ni moi, même dans une réalité parallèle, ne pourrions jamais frôler.

Cette virtuosité éclatante tranche d’autant plus avec ses tentatives plus expérimentales, à l’instar du sludgy "I Think There’s Someone In The Kitchen", ou de son interprétation pseudo-émouvante de la Sonate au Clair de Lune du plus connu des sourdingues (dite Sonate n°14 en Do dièse mineur, Opus 27 n°2, dont le titre est aussi soporifique que l’interprétation du blondinet).

Sans surprise, l’exercice se révèle donc complexe et inégal. La variété des approches tire la couverture vers un aspect plus patchwork que polyvalent, la prépondérance d’un jeu néoclassique conventionnel n’aidant pas à se détacher de ce constat. Le produit n’en demeure pas moins tout à fait honnête, recélant de quelques moments "waouh" que seuls les guitar-héros savent nous prodiguer. On saura s’en contenter, et j’ose espérer qu’il en sera de même côté Forté, vu le compliment que je viens de lui concéder !

Morceaux préférés : "Prophecies Of Loki XXI", "The Shadows Compendium", "De Praestigiis Daemonum".

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(*) Point pochette : non, vraiment, la roue astrologique, le corbaque, les chauves-souris, les nuages noirs vaporeux, rien ne va !

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   REMISSA

 
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- Stéphan Forté (guitare)


1. The Shadows Compendium
2. De Praestigiis Daemonum
3. Spiritual Bliss
4. Duat
5. Sorrowful Centruroides
6. Prophecies Of Loki Xxi
7. I Think There's Someone In The Kitchen
8. Sonata N°14 C# Minor Op 27 N°2



             



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