Charmant programme que ce nom de groupe…

Mais vous allez rapidement comprendre qu’il n’est pas anodin. Il est directement inspiré par le titre de l’EP de MASSACRE, groupe de Death Metal (originaire de Tampa et actif depuis 1984 !), datant de 1992. Et alors me direz vous très justement ?
Et bien il se trouve que deux des trois membres de INHUMAN CONDITION viennent de quitter… MASSACRE en 2020 : il s’agit de Taylor Nordberg et de Jeramie Kling.

Cette présentation résume une drôle de situation : MASSACRE est un combo qui n’a eu de cesse de spliter au cours de son "activité" ! À chaque départ, le groupe est placé en hibernation puis réanimé (2007, 2011, 2014, 2016…). Je stoppe ici la biographie de ce groupe qui n’est donc pas l’objet de la chronique, mais il faut bien comprendre que les deux musiciens donc cités et qui ont mis en place INHUMAN CONDITION ont un petit CV. J’en veux pour preuve celui de Kling (VENOM INC, The ABSENCE, GOREGÄNG, FORE) autant que celui de Taylor (The ABSENCE également, GOREGÄNG, FORE) qui ont osé affronter Kam Lee, patron de MASSACRE (sombre et classique histoire de droits blabla).
C’est donc ainsi que les deux gaillards quittent la précédente galère et déboulent dans les bacs avec ce premier L.P sobrement intitulé "Rat God".

Les Américains assument leur origine : pas de place aux doutes, c’est bien le Death de Floride qui suinte de partout mais il serait bien trop facile de se limiter à cette évidence, toujours dans la lignée de MASSACRE.
En effet, le Death est ici intelligement "adouci" par des relents de Thrash qui sont distillés tout au long des neuf morceaux qui composent ce "Rat God".
On se résume donc : un chant growlé bien gras mais parfaitement audible, des riffs death tranchants mais Thrashy sur les bords. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à des propositions comme celle de TOXIC HOLOCAUST par moments.
Attention, cette tendance Crossover penche ici davantage vers le Death que vers le Thrash mais en 32 minutes, INHUMAN CONDITION ne fait pas pour autant dans la dentelle : ne cherchez à contenir cette envie irrésistible d’headbanguer ("Crown Of Mediocrity" avec ses petites harmoniques artificielles bien caractéristiques).

Techniquement, les musiciens répondent aux attentes même si les blasts semblent absents côté batterie. Toutefois, la production est vraiment de belle facture, mettant en valeur la voix death parfaitement maitrisée de Jeramie mais également la guitare (un solo est l’oeuvre de Rock Rozz sans que je sache lequel toutefois). "Euphoriphobia", titre ouvrant l’album, n’est pas l’arbre qui cache la forêt. C’est au contraire un morceau qui résume à lui seul une grande majorité des éléments cités précédemment. C’est rapide et efficace mais globalement assez "naïf".
Attention, ne vous méprenez pas : il ne s’agit pas d’un terme qualificatif péjoratif mais bien d’une volonté de statuer sur le fait que la musique proposée ici est somme toute assez peu originale et pourrait provenir d’un groupe de jeunes adolescents découvrant le cahier des charges du genre et s’y pliant.
On tourne en rond par moment avec un côté répétitif ("Killing Pace") mais "ce n’est que du Death Metal" comme dirait l’autre qui pourrait être Johan Hegg (AMON AMARTH).

"Rat°God" est un sympathique album de Death Metal qui fleure bon la nostalgie floridienne des années 90 mais avec ce petit côté downgradé Thrash pour n’en devenir que plus accessible au plus grand nombre. Aussi dangereux que malin au final.

Note réelle : 2,5/5.

Top : "Crown Of Mediocrity", "Gravebound", "Tarentula".