L’histoire de HIMINBJORG est belle, même si elle a été entachée par quelques déconvenues. Si je déroule la bobine des albums précédemment sortis, en commençant notamment par le commencement, les Chambériens emmenés par Zahaah depuis 1996 tout de même, avait faient un excellent démarrage. Je pense à leur premier album "Where Ravens Fly" (1998), un album de jeunesse mais franchement pas maladroit. Mais aussi au second "In The Raven's Shadow" (2000). En choisissant le côté épique et sombrement Folk – un peu à la KAMPFAR – le Black Metal de HIMINBJORG s’est rapidement taillé une bonne réputation, et ces deux premiers albums les ont aidés. C’est un peu après que j’ai commencé à décrocher du groupe, avec notamment "Golden Age" (2003) et "Europa" (2005) que j’ai trouvé globalement moins inspirés et se renouvelant peu malgré quelques fulgurances toujours bien présentes.

J’ai pu écouter aussi "Chants D'Hier, Chants De Guerre, Chants De La Terre" (2010) que j’ai rapidement écarté du fait de sa suavité, et "Wyrd" (2015) qui reprenait les rênes du HIMINBJORG des 90s avec davantage d’agressivité (je pense à la superbe track "Initiation"). Mais le compte n’y était toujours pas et, la nostalgie aidant sûrement, je continuais à considérer HIMINBJORG en perte de vitesse et d’inspiration. Alors quid de ce nouvel album ? Et bien après plusieurs écoutes, et quelques latences pour réviser mon jugement premier, je reste assez circonspect. L’énergie n’y est plus tant que cela et HIMINBJORG nous dresse un album résolument moins Black Metal. Vous me direz là n’est point l’essentiel mais tout de même.

Première déception, le chant screamé qui a perdu en intensité et en vigueur. Avec l’âge on s’assagit, et nul doute que cet adage peut se transvaser aux cordes vocales. Mais alors pourquoi na pas faire tout autre chose ? le chant clair et les chœurs ont toujours marqué positivement l’identité de HIMINBJORG, et s’ils apparaissent de temps à autre, je comprends qu’ils ont du mal à se marier à ce revival Thrash impromptu qu’épousent les Chambériens. Alors oui, HIMINBJORG quitte le Black Metal, dont acte, mais n’y aurait-il pas tromperie sur la marchandise ? Au regard de cette pochette et du titre, j’espérais sans doute un peu trop de choses incongrues semble-t-il. Sur toute la première partie de ce "The Fall Of Valhalla", je me suis sacrément ennuyé ou du moins j’ai plissé le front. Merde, me suis-je dit c’est cuit.

Et puis il y a la balade romantique "My Last Journey", et elle m’a beaucoup plu. Se rapprochant des albums du début des années 2000, je me suis dit pourquoi pas. La fin du titre "The Threshold" me consolait de son début. Mais les titres suivants ont enfoncé les clous de mon dernier espoir et d’un quelconque ravissement. Malgré les écoutes successives, je commençais à rider trop mon front. Celui concluant l’album, "The Colour Of Truth", avec son début irritant, arrive tout de même à nous offrir de belles émotions dans sa seconde partie avec ses lignes mélodiques voluptueuses et mélancoliques. Mais ces belles inspirations arrivent bien trop rarement et tardivement dans l’album. Au final, HIMINBJORG nous sort en 2024, l’album que j’aime le moins de sa discographie (exit "The Chant Of Trees" que je ne connais pas). Il pourrait plaire néanmoins aux moins belliqueux d’entre nous ou aux plus assagis. Pour les autres, le processus de deuil est peut-être bien entamé.