Vous vous êtes sûrement déjà demandé ce qui distingue les grands des monstres sacrés. Un des critères est le nombre de fois que des artistes ont repris leurs morceaux ou tenté de recréer, armés de leur propre palette, la musique de ces adulés. Le troisième album des Brésiliens de PIAH MATER, "Under The Shadow Of A Foreign Sun", tombe dans la seconde catégorie et, ma foi, accomplit un boulot d'une qualité pratiquement indéniable. Et qui pompe le duo formé en 2010 à Rio ?

OPETH. Rien que ça.

Au programme : quatre gros pavés, un interlude relaxant en "Macaw's Lament" et une curiosité en rideau.

Le rapprochement avec la légende suédoise est une sinécure. Presque toute la disco y passe. Dès les premières minutes du merveilleux tremplin, "As Islands Sink", la voix de Luiz Felipe Netto et les chœurs rendent un hommage certain à Mikael A., alors que les guitares bien acérées et bluesy ronronnent sous des ambiances feutrées et fantomatiques, dont les Suédois étaient les rois et maîtres. Il n'en fallait pas plus pour que la table soit mise pour un festin Prog/Death de haute volée, pendant lequel vous goberez également des ingrédients pigés dans d'autres écuries étoilées.

Outre OPETH tatoué partout, vous songerez peut-être à IHSAHN sur "Fallow Garden" (espèce de "Blackwater Park" aux amphet') avec cette finale poignante au saxo, ou à mes chouchous d'AENAON, WILDERUN et A FOREST OF STARS, autant dans le choix des cuivres que les performances vocales ébouriffantes que les atmosphères mystico-sexy-épiques (©2024-MefistoDico). Ce "Fallow Garden", mes amis, est à vous réécouter en boucle tellement il recèle de pépites taillées en montagnes brésiliennes dont l'éclat ne se fatigue pas. D'ailleurs, elle est si puissante qu'elle jette de l'ombre sur la troisième croustillante baguette de l'œuvre, "In Fringes", qui, pourtant, possède tous les atouts pour combler le fan de Progressif.

Alors que l'excellente "Terra Dois" aurait incarné la parfaite clôture avec sa finale mélodique et vigoureuse qu'aurait pu composer A FOREST OF STARS, la vraie dernière plage, "Canicula" (chantée en portugais), nous réchauffe le cœur de quelques degrés supplémentaires pour achever cette odyssée fascinante. Tour de force romantique et nostalgique que ce "Canicula", sur lequel les voix de deux guests se mélangent comme des rayons de soleil… avant qu'Igor et Luiz ferment ce sixième chapitre en durcissant légèrement le ton avec des notes à suspense appuyées par le violon. Brillant !

Ce "Under The Shadow Of A Foreign Sun" vous réserve une pléthore de moments inoubliables. Il est impossible de rester de marbre devant cet OPETH brésilien maniant les tendances et les émotions avec autant de passion. Il fallait avoir des couilles de béton pour s'attaquer à un tel monument, mais à divers degrés, c'est la victoire ! En y injectant sa forte personnalité, des instruments percutants et des cordes vocales suaves, PIAH MATER a trouvé son ixe.

Ce duo fera du chemin dans vos neurones et votre cœur, suffit d'écouter et de savourer.

Note : 4,5/5.

Podium : "Fallow Garden", "Terra Dois", "As Islands Sink".

Indice de violence : 2,5/5.