Plus le temps passe, plus je me rends compte que la musique qui me fascine le plus est celle qui hybride Metal et Électro. Ce sont deux genres avec des univers et des codes qui semblent totalement antithétiques mais qui pourtant offrent une infinité de possibilités si on les assemble, en plus d’avoir au final des points communs, notamment sur l’importance que les deux genres accordent aux productions (au point qu’un changement de prod' peut mener à un changement de sous-genre dans les deux, mais surtout dans l’Électro). Tout ça pour dire que l’album du jour est pile dans cette hybridation et a réussi à titiller ma corde sensible de la plus belle des manières. Déjà, nos Japonais de VIOLENT MAGIC ORCHESTRA sont quand même un peu atypiques, en voyant les photos promo du groupe, on tombe sur du corpse paint et les blazes des membres sur leurs t-shirts, blazes qui sont en fait juste des noms de groupes de Black Metal (EMPEROR, MAYHEM, DARKTHRONE, XASTHUR) écrits en kanji. Et quand on lit la description de leur musique sur Bandcamp, ça nous donne « un mélange de science-fiction entre Black Metal, Gabber, Cyberpunk, performance artistique et Techno », avouez, ça intrigue et ça donne envie non ?

Bon en vrai, si vous êtes venus pour écouter du blast-beat constant avec du shriek sur des beats de Gabber, je pense que vous allez être déçus. La mixture de VMO est environ à deux tiers d’Électro et un tiers de Black Metal. Il faudra attendre la deuxième moitié de "WARP" pour entendre du chant black s’extraire de la fumée colorée de l’Électro et la dernière minute pour avoir un peu de guitare saturée qui se fond dans le décor. Par contre, n’allez pas croire qu’on est face à un album tout mignon et innocent qui utilise juste un maquillage Black Metal pour jouer au méchant qui fait agrougrou. Parce que bon, un "Satanic Violent Device" qui vient titiller MYSTICUM en y allant à fond avec sa Techno Hardcore débridée ou un "Choking Persuasion" qui lorgne plus vers la Hard Trance avec tremolo picking et qui me rappelle un peu ce qu’a pu faire STRAWBERRY HOSPITAL, ça dépote et c'est vraiment des bangers. Ajoutons aussi un Supergaze plus moderne dans l’esprit avec ses parties Breakcore et un "Fyre" dont j’ai l’impression qu’ils ont repris le "Mahagma" de BLUT AUS NORD, et vous avez quand même de quoi faire niveau Blackerie pure. Après bien sûr vous avez d’autres instants, plus ponctuels comme les hurlements sur le martellement Indus de "Ecsedi Báthory Erzsébet" ou le final assez noisy et aérien de "The Destroyer – Electric Utilities Version".

Bon le Black Metal, c’est bien beau et il est ici plutôt bien foutu hein, mais tout le reste, c’est de l’Électro et j’en ai pas encore parlé. Et bien sachez que c’est tout bonnement excellent. La production est ici vraiment soignée, suffisamment claire pour être lisible et puissante quand il le faut, mais avec un grain de saleté qui fait toute l’ambiance du truc. En parlant d’ambiance, l’ouverture "PLANET HELVETECH" est parfaite avec ses nappes Ambient qui montent en intensité pour introduire un "WARP" Industriel et rampant. Et que dire aussi sur l’outro "Flapping Dragon Wings", toute en douceur saturée qui donne une dernière baffe sur ses dernières secondes chaotiques ? En parlant de douceur, je peux citer la belle "Abyss" qui instaure son ambiance étrange et inquiétante avec quelques notes de piano et un chant féminin vacillant, mais aussi l’incroyable "Song For The Moon" qui commence comme une petite ballade Électro toute pipou qui monte lentement en intensité avant de surprendre en faisant intervenir un Attila Csihar (oui oui, le seul et l’unique) qui sort son chant d’outre-tombe pour un moment juste magique.

Avec ce DEATH RAVE, VMO fait très très fort en proposant un mélange assez unique et intrigant, le tout en proposant une musique vraiment prenante. Je dois avouer que si en termes de mélange Électro / (Black) Metal, on n'est pas au niveau d’intensité et d'émotion qu’a pu me procurer un CROSS CONTACT, on est au moins sur de la créativité et une identité forte aussi marquée que celle d’un NEUROTECH ou d’un CONTROL HUMAN DELETE si on veut rester dans le Black Metal.