Attendez, VITALISM qui sort autre chose qu’un single ? Merde, moi qui les cantonnais à la catégorie des essayistes à l’instar de MORAY PRINGLE, LEE MCKINNEY, et autres JASON RICHARDSON, à nous saupoudrer des morceaux décontextualisés de-ci de-là, voilà que le trio "Do Brazil" nous pond un EP, un vrai ! Et avec ce petit nom iconique, je ne peux que dédier ce billet à notre éclectique et talentueuse chroniqueuse du même nom, en espérant qu’il lui fasse honneur… L’EP hein, la chronique sera exceptionnelle comme à l’accoutumée. *tousse*

Tout d’abord, sachez que je ne suis pas un lapin de six semaines. Six, comme le nombre de pistes de ce généreux EP certes, mais parmi lesquels les Carioques ont pioché dans trois singles sortis au gré des années passées, et qu’ils auront bien pris soin d’ôter des plateformes de streaming sitôt "Anima" sorti… On ne me la fait pas !

Ainsi, "Eutera", "Trinity" et "Pagan" troisième du nom, à défaut de surprendre par leur nouveauté, rafraîchiront ma mémoire encrassée et gangrenée par une inoculation de Deathcore crétin et souvent dénué de finesse, dont les réminiscences ne peuvent que saluer le talent indécent des membres de ce trio instrumental, qui, bien qu’assisté d’un polissage numérique outrancier, délivre des titres véloces et techniquement irréprochables. Le temps a soit-dit en passant bonifié le premier titre précité, rabrouant les velléités d’une surproduction à l’orée de ce que l’on aurait pu qualifier d’abus dans la numérisation des sons.

Car oui messieurs-dames, rangez vos amplis à lampes et autres Les Paul de ‘68 : ici on joue sur de l’informatique et de la Legator de gros Djenteux, bien que l’aura du groupe de se limite pas qu’à la dextérité d’Ed Garcia, frontman et gratteux hyperactif, présent à la fois au four et au moulin du long de ces vingt-sept denses minutes pourtant bien équilibrées dans le choix des techniques guitaristiques. C’est simple, les deux autres membres s’engouffrent dans les moindres interstices laissés par Garcia pour laisser exploser des fulgurances à l’apparence de soli de basse par Bruno Ladislau (sur "Kekule") ou de batterie par Démétrius Locks (sur "Eutera" et "Anima"). Et allez, pour ne pas laisser Garcia sur le carreau, bien que le solo de "Pagan 3" soit le plus démonstratif (si l’on ne considère pas l’entièreté de la galette comme un solo géant dont vous ne touchez pas la moindre note même avec leurs outils valant plusieurs SMICs à 1600€), "Trinity" tire son épingle du jeu, arrivant le mieux à jongler entre la notion très subjective de feeling extrêmement bien senti et de technique écœurante au service du hissage de la musique instrumentale au niveau d’art, tout simplement.

Passant d’atmosphères quasi-dansantes ("Trinity") à oppressantes ("Anima"), cet EP témoigne d’une diversité remarquable et de la maturation du combo depuis "SY", avant-dernier EP datant de 2017, en ayant su s’extirper d’un Djent pur et dur quelques peu rébarbatif, vers un style nettement plus digeste et coloré. Léger bémol si c’en est réellement un, l’esthétique Aztèco-Maya-Inca-Tupinamba(*) inhérente au trio Sud-Américain n’est que peu perceptible dans les titres, à moins de réellement s’en convaincre, encore que. Je dis pas non plus que ça manque de flûte de pan ou de bâton de pluie, faut pas déconner.

En résumé, nous avons là une excellente surprise que je n’espérais plus. Le réel baptême du feu serait donc de désormais produire un vrai LP qui tient la captivation sur la longueur. A l’impossible nul n’est tenu, mais "Anima" est tout de même très prometteur en ce sens.

Note réelle : 4,5/5.

Morceaux préférés : "Trinity", "Eutera", "Anima".

(*) Voyez ici une tentative d’englobement des tribus autochtones amérindiennes, pas un cliché géant d’indigénisation maladroit.