Les groupes de Metal à vocation humoristique/satirique… Un réel pari aujourd’hui, car beaucoup de choses ont été vues et revues, visitées et revisitées, et on pourrait croire que la boucle a déjà été bouclée, et que tout ce qui émerge aujourd’hui est clownesque ou suranné. Je veux dire, nous avons dans nos contrées de l’ULTRA VOMIT, du PRINCESSES LEYA, les Italiens ont du NANOWAR OF STEEL, les ricains ont déjà GWAR… Qu’attendre d’un super groupe qui réunit le leader suprême de Corée du Nord, un ancien président américain, et le big boss actuel de la Russie qui joue les prolongations avec son 56ème mandat (sans tricher) ? Eh bien, une sacrée baffe dans la gueule à coup d’ogives nucléaires, sans mandatement pour le coup.

Car avec Greg Burgess d’ALLEGAEON à la guitare, Pete Webber d’HAVOK à la batterie et surtout Nick Schendzielos de CEPHALIC CARNAGE et de JOB FOR A COWBOY à la basse… Tous les éléments sont réunis pour nous fournir une sacrée branlée, car le produit bâtard de ces individus aux influences panachées est aussi inattendu que brillant. Ajoutez à cela quelques solos d’invités parmi lesquels Chris Broderick (MEGADETH, IN FLAMES), Ben Ellis (SCAR SYMMETRY), Brian Hopp (CEPHALIC CARNAGE), et Scott Carstairs (FALLUJAH), et vous avez un sacré panthéon de personnalités entassées dans moins de quarante petites minutes bien occupées. Un skeud d’instru, vous l’aurez deviné, bourré d’imagination et d’audace, prêt à nous cueillir à froid en nous faisant découvrir les nombreuses facéties qu’il recèle.

De but en blanc, ne nous le cachons pas, c’est Schendzielos qui pourrait porter à lui seul le concept. Sa basse, funky au possible, est omniprésente, et délivre toutes les facettes d’un instrument, souvent mis au second plan, sans lequel tout groupe perdrait son sens, preuve en est. Et quand je la décris comme omniprésente, ce n’est jamais en obstruant l’espace d’expression de ses collègues, mais bien en inscrivant des lignes tout en slapping absolument brillantissimes de virtuosité à l’exécution, tout en étant d’une nonchalance crasse à l’écoute…

En effet, il ne s’agit pas "simplement" d’un super groupe qui viendrait combler le mal de reconnaissance des capacités et des individualités de chacun, où tous auraient leur(s) morceau(x) afin de faire une démonstration stérile de technicité en vue de savoir qui a la plus longue. Non. Auquel cas les arrangements de synthwave ("Critical Bass Theory"), de flamenco ("¡Vamos, Brandito!"), ou encore de cuivres ("Nyetflix And Chill", "Anti-Saxxers (Mandatory Saxination)" n’auraient même pas pris la peine d’habiller cet album. Car ce dernier est bien trop finement produit et mixé pour simplement asseoir les complexes de supériorité des uns et des autres. Cette galette est bourrée d’éléments constructifs et dimensionnés pour respecter les gimmicks d’un album directement issu des eighties, jusqu’à l’artwork (sur lequel nous reviendrons en fin de chro, as usual).

Les gusses vont jusqu’à faire une cover complètement déjantée de la suite bergamasque (Clair de lune) de Debussy dans "Red Scare Bear Stare"... Après tout, pourquoi pas ?

Pour un album qui ne se prend pas au sérieux de bout en bout, comme vous aurez pu en juger par vous-mêmes aux titres des pistes, ou dans la dégaine des protagonistes arborant des masques en plastoc à la SLIPKNOT à l’effigie des leaders mondiaux les plus foutraques, rien ne vient gangréner la musicalité de l’ensemble. "Air Force Fun" à titre d’exemple est bien plus solennel que son intitulé ne le laisse penser, traduisant une volonté de jusqu’au-boutisme dans un délire à trois absolument assumé et, intrinsèquement, réussi.

Il y a clairement eu un perfectionnement depuis l’EP "A Clear And Present Rager", qui avait d’ores-et-déjà posé des fondations robustes. Espérons que l’élan ne s'essoufflera pas, ou que l’un des membres ne sera pas accaparé par l’un de ses projets principaux, car on reprendrait bien volontiers une louchette de loufoquerie, aussi remarquablement exécutée.

Note réelle : 4,5/5, ça s’écoute tout seul et en boucle.

Morceaux préférés : "Nyetflix And Chill", "Air Force Fun", "Anti-Saxxers (Mandatory Saxination)", non vraiment, les titres sont à mourir de rire !

Point pochette : kitsch et fluo au possible, la Countach garée sur un passage piéton, juste derrière Poupou qui squatte, ai-je besoin d’en rajouter ? Brillant, comme le reste.