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2024 Witchorious

WITCHORIOUS - Witchorious (2024)
Par DARK BEAGLE le 9 Août 2024          Consultée 735 fois

Il y a des groupes, comme ça, que l’on ne voit pas venir et qui viennent vous percuter comme une locomotive, vous laissant en pièces après son passage. WITCHORIOUS m’a fait cet effet-là. Vous savez, ces disques que l’on écoute par hasard parce qu’ils apparaissent en suggestion sur une plate-forme de streaming (qui reste, qu’on le veuille ou non, un excellent moyen de découvrir des choses nouvelles, qui passent sous les radars des confrères ou des magazines), qu’un contact sur un réseau social quelconque exhibe en disant qu’il s’agit de la découverte du millénaire (ou la daube, ça attise bien la curiosité ça aussi), ou dont la pochette attire notre œil au point de nous obséder (un peu plus rare de nos jours, les bacs disquaires n’étant pas toujours exhaustifs). J’ai vécu ça avec WITCHORIOUS et je tenais à vous parler de ce coup de foudre musical.

Ma découverte de la formation francilienne a été un parfait mélange des trois. C’est d’abord un copain qui m’en a parlé, avec le regard un peu fou, qui m’a hurlé en me mettant son téléphone sous le nez un « fôôôôôketekouuunuuuuuteçaaaaaaaaaaaaaa » halluciné qui m’a renvoyé aux heures les plus noires de la littérature de Lovecraft. Et là, j’ai vu la pochette, dans un style de gravure ancienne, avec ce qui pourrait être un établissement religieux en proie aux flammes et aux démons. Ceux qui tombent de temps en temps sur mes textes ont pu remarquer que je suis très attaché à la partie graphique d’un album, qui selon moi doit avant tout donner à l’auditeur de l’écouter que de passer son chemin (jetez un coup d’œil à la jaquette de "The Spider Queen" d’IGNITOR. Indice : T-Ray pourrait la trouver cool). Et ici, elle fait le taf. On a envie de savoir ce qu’elle dissimule. Deux jours plus tard, une plateforme de streaming me suggérait de poser une oreille, voire les deux si je ne suis pas atteint de vangoghisme, sur ce disque.

Et le charme a très vite agi. WITCHORIOUS pratique un Doom qui ne se complait pas dans une lenteur mollassonne et qui tire parfois sur le Sludge sur les parties les plus agressives, avec un chant qui se veut plus rauque, plus ténébreux, sans forcément taper dans le growl qui ressemble aujourd’hui de plus en plus à un cliché. Sans être le disque de l’année, il se dégage un truc de ce premier essai aux mélodies subtiles et accrocheuses. Le jeune trio s’est forgé un son, une structure mélodique qui semble revenir sans cesse, sans pour autant que cela soit redondant, plutôt comme un fil rouge qui lierait le tout sans pour autant taper dans le concept album même si certains sujets se recoupent, entre noirceur pessimiste et fantastique proche de la fantasmagorie par instants. Sur une heure, le groupe construit pièce par pièce un univers qu’il s’approprie, fidèle aux Grands Anciens du genre, mais avec toutefois ce qu’il faut de personnalité pour s’extraire du lot.

Il n’est pas difficile d’extraire un morceau en particulier parmi les dix qui composent cet opus. C’est tout de suite à "Eternal Night" que l’on pense, parce que le chant est assuré par Lucie Gaget (qui s’occupe aussi de la basse) et qu’elle sort le thérémine pour l’occasion. Il s’agit d’un titre planant, presque langoureux alors que les sujets abordés sont relativement sombres. Mais il est plus facile de se focaliser sur cette pièce car elle est dominée par le chant féminin et ce ne serait pas faire honneur au reste de l’album, dont plusieurs morceaux méritent que l’on s’y attarde. Je parlais plus haut d’une structure mélodique que l’on retrouvait souvent de morceau en morceau. Les musiciens ne s’amusent pas à faire des copier-coller, ils affirment un style sur des structures souvent différentes. Le frontal "Monster" qui ouvre l’album est en opposition avec le plus mystique (et délicieusement classique) "The Witch", "Sanctuaire" surprendra avec l’aspect tribal de sa rythmique qui vient enfiévrer la partition, nous plongeant dans une ambiance vertigineuse, à la frontière entre la folie et un onirisme cauchemardesque.

Pour ma part, j’ai particulièrement été happé par "Watch Me Die" (#labonneambiance) et "To The Grave" (#labonneambiance2), ce Doom lancinant joliment troussé qui n’a pas besoin d’être pachydermique pour se montrer convaincant. Tout se joue sur des subtilités d’écriture, entre assauts telluriques et spleen aérien, qui viennent parfois croiser le fer. Et surtout, Antoine Auclair semble beaucoup s’amuser à brouiller les pistes avec sa voix. Il passe d’un chant nasillard proche de celui d’Ozzy à quelque chose de plus rauque, quand il n’évoque pas l’espace d’un instant Peter Tägtgren en mode « voix claire » comme c’est le cas justement sur "To The Grave", où Lucie chante avec lui, pour un rendu vraiment éclatant. Elle va d’ailleurs souvent doubler Antoine, offrant ainsi un joli contrepoint. Mais je pourrai également insister sur "The Witch" et son travail autour des mélodies assez fascinant, ou encore ce "Why" final qui revient sur quelque chose de plus costaud et qui sait prendre son temps pour s’imposer (et cette batterie ! Paul Gaget sait comment remplir l’espace sonore qui lui est alloué et il ne se gêne pas pour le faire).

Ce premier album est donc une excellente surprise. Le genre de disque, malheureusement, qui peut passer à la trappe, faute de communication, suite à une promotion hasardeuse, ou tout simplement parce que le groupe a du mal à franchir les frontières de l’Ile de France. Son Doom parfois atypique a de quoi séduire les amateurs du genre, qui retrouverons des envolées Sabbathiennes – passage obligatoire dans ce genre d’exercice – mêlé à cette personnalité déjà affirmée, qui fait que le groupe se forge son propre son, son style, une signature qui lui va bien. Dans un genre parfois fermé à l’évolution, WITCHORIOUS semble avoir les capacités, ainsi que l’envie de voir plus loin que le bout du nez des musiciens. Il est probable que cette formation, déjà séduisante ici, parvienne à se sublimer et à faire parler d’elle dans les années à venir. L’inverse est également une possibilité, mais comme le dirait Fox Mulder, I want to believe.

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- Antoine Auclair (chant, guitare)
- Lucie Gaget (chant, basse, thérémine)
- Paul Gaget (batterie)


1. Monster
2. Catharsis
3. The Witch
4. Blood
5. Eternal Night
6. Sanctuaire
7. Amnesia
8. Watch Me Die
9. To The Grave
10. Why



             



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