NACHTMYSTIUM est une comète dans le sens où ce groupe complexe (nous allons parler brièvement de Blake Judd je vous le promets) a mué au fur et à mesure et de manière constante tous les deux ans jusqu’en 2014 et ce depuis ses propres débuts en 2000. D’abord inspiré par DARKTHRONE et BURZUM, le groupe américain s’est au fur et à mesure complexifié et a trouvé son identité propre en amalgamant son Black Metal de textures sonores Prog et Psyché. L’on pourrait imaginer un HAIL SPIRIT NOIR mais il n’en est rien, NACHTMYSTIUM reste un groupe beaucoup plus sombre et torturé. Malheureusement "Resilient" est sans doute leur chant du cygne, je vous explique.

Blake Judd est un bon saligaud mais surtout un type qui est parti à la dérive, la faute à l’héroïne. Ennui dans l’affaire : les arnaques. Pour payer ses doses, il a soutiré pas mal de blé à ses connaissances mais surtout à son public en s’occupant du merchandising du groupe et de la vente d’albums. Albums qui seront envoyés in extremis par le label Century Media suite à la non-livraison ni même la fabrication des dits albums pour son public, suite à quoi le label rompra tout contrat avec le groupe. Triste affaire dira-t-on. D’autant plus que l’on peut imaginer qu’elle a quelque peu grillé le groupe, l’empêchant de progresser et de faire des tournées qui pourtant avaient propulsé NACHTMYSTIUM à jouer parmi OPETH, MAYHEM etc…

Alors cet EP au nom évocateur pourtant il y a de quoi admirer l’inspiration de Judd. Dans les fanges torturées et souillées d’un Black Metal volontiers animé par le désenchantement et l’oppression, "Resilient" nous réserve un accueil tourmenté. Écoutez le titre éponyme très SHINING dans l’air et observez sa langueur dépressive vous charmer. Le clavier vous tenaille et la voix souffrante de Blake emplit son contentement de dépravé. Aller simple pour le malheur ou la merde, ce titre reste un mets de choix pour vos soirées laconiques d’ennui. C’est un bon ami, pas raisonnable pour un sou, qui confirmera tout le mal que vous pensez du monde. Si "Silver Lanterns" est plus consensuel, il ne nous fait cependant pas oublier les torpeurs que Blake traverse. Mais j’en viens plus rapidement à la pièce maîtresse de cet EP - "Desert Illumination" qui nous ramène aux bons temps de NACHMYSTIUM (notamment la période des deux "Assasins : Black Meddle"). Ce titre foncièrement évanescent, un peu expérimental avec son rythme extatique, nous fait traverser des ambiances remplies de luxure et de décadence. Profondément voyageur parmi les fumées des toxiques et des molécules fiévreuses, ce titre nous propulse au fur et à mesure sur la comète d’un Black Metal cosmico-psychédélique (rien que cela). Son parti pris très novateur, son swing, ses atmosphères brumeuses très épaisses, ses rires épars d’une jeune femme paraissant acquis peut-être à la cause de ce dépérissement sont-ils ceux pour qui cet EP est dédié ? Il faut dire que mourir à 24 ans, c’est raide !

Alors je vous enjoins à écouter cet EP et à reprendre confiance en NACHTMYSTIUM qui n’est plus ni moins que l’un des plus prometteurs de groupes de Black Metal décadents qui m’ait été possible d’entendre et d’apprécier. Blake Judd et sa bande de cramés auront marqué leur temps et les vingt-cinq minutes de "Resilient" sont juste idéales pour bien se shooter les neurones au royaume des foutus pour foutus.