Si le visage de la rage se contenait en quelques titres, et débordait d’une salive que des dents serrées ne pouvaient plus contenir, j’aimerais vous présenter un candidat à ce poste : BLAZE OF PERDITION. Polonais de son état, ce quintet officie dans la plus pure tradition d’un Black Metal orthodoxe, sans concession ni fioritures mais surtout malsainement furieux au possible. Si vous aimez donc tous ces diables qui n’espèrent que répandre les flammes de l’enfer et les faire lécher le vivant, ce groupe honorera vos besoins avec voracité. Rejoignant les infréquentables qui ont déjà creusé en partie le sillon ou l’ont prolongé d’une manière ou d’une autre, tels que WATAIN, ONDSKAPT, FUNERAL MIST, le quartet polonais est bien décidé à en découdre à qui s’opposera à "Upharsin".

En apercevant ces nuages ténébreux et orageux se rapprocher de vous à grande vitesse, et les flammes envahir tous les espaces peut-être qu’instinctuellement vous pourriez vous dire qu’il serait préférable de périr dans ces flammes qu’écouter ce sixième opus ? Et bien pas vraiment… Vous aurez la contrariété éternelle de ne pas écouter cet album vicelard sur les bords ce qui serait un grand dommage à mon sens. Alors retenez-vous un instant et sursoyez l’espace d’une quarantaine de minutes toutes velléités auto-agressives pour plonger à tâtons dans les abîmes dévorants qui vous souhaitent la bienvenue. Malheureusement n’attendez aucune délicatesse ni bienveillance de propos de la part de BLAZE OF PERDITION, Sonneillon le chanteur surgira dès les premières notes pour fondre sur vous et vous mordre à la gorge afin de vous inoculer un venin foudroyant. Sans doute aviez-vous pressenti qu’à l’évidence les choses tourneraient mal, mais trop tard BLAZE OF PERDITION va vous emporter subrepticement dans la tombe. Et vous ne serez pas à l’étroit avec "Upharsin" ! Non, ce sera bien pire ! L’étouffement, l’angoisse et l’horreur vous attendent et siègeront avec vous jusqu’à votre dernier souffle.

Après l’ambitieux "The Hierophant" (2011), et le très réussi "Conscious Darkness" (2017), "Upharsin" fausse le pas du dernier album pour retrouver la faveur des enfers en proposant un travail beaucoup plus véhément. Sonneillon occupe une place centrale et son fiel que ses babines éructent ont un rendu démoniaque et oppressant du plus bel (est-ce bien à propos ?) effet. Sonnant la révolte, des riffs coupants comme des lames de rasoir saillent au travers de titres puissants et d’une durée bien endurcie. Restez donc endurant à l’écoute du superbe titre inaugural "W Kwiecie Rozłamu", avec ces emportements contenus mais suintant l’explosion et la rage interne sous les coups de butoir d’un mid-tempo irrespirable qui s’agite parfois tout autant sur les autres titres de "Upharsin". Si ceux-ci ne s’avèrent pas des plus variés, ils restent de très bonne facture car tous exaucent la volonté de ce que doit-être le Black Metal : oppressant, insaisissable et porteur de courroux. Mention spéciale à la tribalité de "Architekt" avec ces breaks de batterie bien sentis, mais surtout au titre de clôture "Młot, Miecz I Bat" survolté, à ces leads éclatants et transperçants – un peu à l’image de cette pochette macabre. Furibard et aussi beau, ce titre laisse entrevoir quelques rais de lumière sous l’armure profonde de BLAZE OF PERDITION.

Si BLAZE OF PERDITION ne vous marquera pas l’esprit instantanément, il s’immiscera au fur et à mesure dans votre cerveau à la faveur du nombre d’écoutes que vous en ferez jusqu’à en devenir parfois obsédant. Instiguant même l’envie de le réentendre, notamment ce dernier titre très réussi, "Upharsin" est une sacrée mise en bouche à qui souhaite s’initier à l’écoute à ce que l’on appelle plus ou moins justement ou vulgairement le Black Metal orthodoxe. Une bien belle réussite qui me rappelle les premiers ONDSKAPT surtout, c’est dire le satanisme prégnant, transpirant et poisseux au possible.

Note réelle : 3,5/5.