Je venais à peine de terminer mon papier sur le single "Idle Hands", que SLAYER, pardon, KK occupait le devant de la scène en balançant des vacheries sur Tom Araya (ce dernier n’aurait pas signé la moindre ligne de basse en studio depuis des années, il en était l’auteur), marquant un peu plus le fait que tout les sépare depuis bien longtemps…
Sauf que quelques jours après, on apprend que SLAYER va revenir pour une série de concerts (pour l’automne 2024), avant que cette annonce soit finalement démentie/annulée sur la durée (pas de nouveau disque, pas de tournée). Tout ce bordel au même moment que s’empilent les sorties de singles pour le tout premier album solo du guitariste historique de ce combo mythique.

"From Hell I Rise" est donc le bilan que j’attendais avec une impatience sincère depuis ma découverte du tout premier titre issu de sa tracklist : un titre Thrash bien nerveux et efficace qui n’avait semble-t-il pas eu autant de succès dans le milieu. Je ne regrette pas du tout cette petite approche peu commune pour moi car j’ai appréhendé de manière bien différente depuis quelques jours l'album que je m’enfile à haute dose (la chance de pouvoir bénéficier de quelques avantages, merci à celui qui se reconnaîtra pour avoir pensé à moi !).

Pourquoi ? Et bien tout simplement car la métaphore "c’est l’arbre qui cache la forêt" prend ici tout son sens.
KERRY KING, qui voulait au passage appeler son projet KING’S REIGN (mais qui n’a pas pu aboutir), avait déjà plombé l’ambiance avec un "Residue" (!) bien moins inspiré, en mid-tempo sans énergie et sans âme et tellement répétitif… Et c’est bien là que ce premier opus divise : il ne soulève l’enthousiasme que trop peu souvent.
Si j’apprécie ici beaucoup le chant rageur et énergique de Mark Osegueda (mais arrêtez de le comparer à Tom Araya ! Ce n’est pas l’idée ici même si le résultat est bien celui-ci… Quel dommage de vouloir singer plutôt que de s’offrir un espace récréatif différent et marquant), vraiment intéressant, les titres s’enchainent gentiment, sans susciter l’enthousiasme. Même constat d’ennui avec "Trophies Of The Tyrant", la punkisante "Two Fists" (qui rappelle les morceaux de "Undisputed Attitude" de 1996 de "vous-savez-qui"), "Rage" (sans imagination ni originalité). L’ennui s’installe avec "Shrapnel", morceau le plus long de l’album (plus de cinq minutes) qui sonne comme un mauvais SLAYER de "Diabolus In Musica"...
Ma grosse claque, c’est "Where I Reign", dans la veine de "Idle Hands" mais bien supérieure.

En enchaînant les écoutes, le constat est assez édifiant : impossible de véritablement accrocher sur d’autres titres. Une sorte de galette Thrash "easy listening" sans grande inventivité. Vos oreilles vont réagir en se disant que le repeat est enclenché quand vous allez vous reprendre le titre instru d’ouverture ("Diablo"), tellement convenu et sans originalité et vous aurez pris dans la gueule la jolie gifle "Where I Reign" avec son refrain bien accrocheur, le single "Idle Hands" et à la rigueur "Toxic" avec ce p’tit riff tellement SLAYERien.

Kerry KING ne reéinvente pas la roue, clairement, mais surtout ne casse vraiment pas trois pattes à notre Canard… King fait du King évidemment : soli destructurés ("Crucifixation" par exemple) mais sans aucun inventivité, textes anti-religion, Satan/Dieu… appréciable sur le single, barbant dans la répétitivité au fil de l’album. Il prenait évidemment le risque inévitable de subir les affres de la comparaison systématique avec son précédent groupe mythique. Si ce dernier avait au fil des décennies davantage déçu que convaincu, Kerry KING me permet de douter quand il affirme que "Jeff aurait adoré cet album".

Non. Hanneman est peut-être une fois encore le "gagnant" de cette aventure : il illustre encore et plus que jamais peut-être que sa disparition a laissé un sacré vide chez SLAYER et que son duo viscéral avec le chauve tatoué constituait la double tête pensante du monstre. Ici, KK accouche d’un disque de Thrash bien réalisé mais sans grand intérêt. Tout sonne propret et impeccable… sans véritable succès car tout part dans tous les sens.

En indiquant partout qu’il avait quarante à cinquante titres, King laisse surtout à penser que les morceaux présents ici pourraient être des chutes de "Repentless" de SLAYER… Avec un tel manque d’âme et des guitares peu inspirées (un comble !), il faudra espérer si suite il y a, que tout cela sera corrigé.

Note réelle : un tout petit 2/5 qui penche dangereusement vers le 1,5/5.

Top : "Where I Reign", "Idle Hands", le chant de Osegueda.