Vous pensiez avoir fait le tour de la piraterie sur NIME entre RUNNING WILD, ALESTORM et autres SWASHBUCKLE ? Que nenni, car voici que débarque un tout nouveau quintet féminin au doux, bien que conventionnel, nom de PIRATE QUEEN, s’apprêtant à affronter houles et remous dans ce milieu bien masculin et surtout microcosmique, au risque donc de réinventer la roue ? Dans un univers composé de voiles et de mâts, ce serait le comble…

La composition de cet équipage Hispano-Britannique est plus que classique : une guitare rythmique, une lead, une basse, une batterie, un chant bi-directionnel. Ainsi, le combo féminin ne s'encombre pas d’ajouter des instruments traditionnels, et guère davantage de samples qui appuieraient l’univers abordé, si ce n’est de timides cris de mouettes ou autres goélands. Pas de violon, pas de roue à vielle, pas de tir de canons… Et si l’on ne prête pas une oreille attentive aux paroles à la sémantique plus générique qu’historique, le Power Sympho de "Sa Majesté Maria Aurea" (son vrai nom de scène, il n’y a point de courtisanerie de ma part) et sa bande pourrait aussi bien s’adapter à de la cape et de l'épée, du fantastique, ou qu’importe. Si l’on ne coupe pas aux sempiternelles logorrhées forbanes ("Show no mercy", "Dead men tell no tales" et autres incitations à la picole), nous évitons les rébarbatifs "Yaaar" et "Yo-ho-ho", c’est déjà ça de gagné.

Dans un esprit NIGHTWISHien période TARJA avec nettement moins de fioritures, l’approche plus brute de fonderie se concentre sur des éléments régaliens de Power qui tentent de faire mouche. On y parvient dans la plupart des cas en minorant les quelques facilités de composition et légers faux-pas, tels que le pont de "Ghosts", arrivant très rapidement et comme un cheveu sur la soupe en cassant la dynamique qui prenait pourtant ses marques. Et nous mettons le doigt sur le principal défaut de ce premier LP : la cassure du rythme péniblement assumée cherchant à provoquer une écoute avec des rebondissements, mais dont les maladresses passagères d’exécution provoquent plutôt des à-coups à un long fleuve loin d'être tranquille.

La structure et la disposition des titres est également parfaitement convenue, bien qu’efficace, à savoir un titre préambulaire pour annoncer la couleur et arriver en grandes pompes ("Pirates From The Sea"), un interlude mal placé et décontextualisé ("Siren’s Tears"), le banger ("Ghosts"), et trois fillers, dont un "Open Fire" se voulant plus lent et mature, rappelant "The Pharaoh" d’EDGUY (en plus court et en moins bien). Quand je vous disais qu’on aurait pu parler de tricot ou de pêche au couteau que l’approche aurait été la même !

En parlant de "Ghosts", les reines pirates ont clairement identifié qu’il s’agissait du titre le plus éclatant de cette galette, au point de le décliner en une version radio (amputée d’un pont avec un des uniques soli du disque, curieux), et d’une version instrumentale (amputée de la voix cristalline d’Anna Maria de son vrai nom, un des atouts majeurs du combo, curieux itou). Si l’on ôte l’interlude en deuxième position, nous arrivons à un maigre butin de cinq titres pour une grosse vingtaine de minutes… Un EP aurait peut-être été moins précipité et aurait pu consolider les fondations de la cale pour arpenter des mers plus agitées…!

Sans toutefois devoir écoper de l’eau jusqu’à la taille, les défauts de la carrière encore très juvénile de PIRATE QUEEN pourront être pardonnés, l’ensemble tenant tout de même fièrement la barre et assurant un Metal au dominant Power efficace et plaisant.

Et puisque l’on est dans de la citation qui enfonce des portes ouvertes : "Qui veut voyager loin ménage sa monture". À bon entendeur, comme disent les connards doublés de mansplainers.

Set sail ladies !

Note réelle : 2,5/5.

Morceaux préférés : "Ghosts", "Pirates From The Sea", "Open Fire".