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2015 A Head Full Of Moonlight
 

- Style : The Butterfly Effect, Karnivool
- Membre : Tesseract

GOOD TIGER - A Head Full Of Moonlight (2015)
Par HAPLO le 24 Juin 2024          Consultée 397 fois

En ce moment, je ne sais vraiment pas ce qui a bien pu déclencher ça, je me farcie une période méga-nostalgie en (ré)écoutant mes artistes fétiches d’il y a huit/dix ans ! Alors, ô lecteur curieux, je te passe les EPICA (mon dDieu que ce "Phantom Agony" est monstrueux de feeling et d’arrangements !), les AFTER FOREVER (Floor assurait déjà comme une bête !), les THERION (j’aurais tué pour assister à ce "Live Gothic" !) ou encore les fantasmes inavoués dans lesquels m’entraînaient les vapeurs iridescentes de l’organe vocal extra-terrestre d’une Anneke Van Giersbergen au sommet de son art avec The GATHERING (dont je te recommande plus que chaudement l’écoute jouissive du Live lunaire qu’est "A Noise Severe" - 2007).

Bref ! Tout ça pour dire que le passé, c’est bien joli, mais que depuis mon intronisation sur les terres NIMiEnnes, j’ai découvert des artistes et des combos de derrière les fagots vraiment fantastiques et que les quelques nanards croisés à l’occasion de mes pérégrinations musicales ne m’ont jamais fait regretter ce que je vis (et écoute !) maintenant après cinq années de Kroniques. J’en profite d’ailleurs pour rendre hommage à tous les membres prolifiques et bénévoles de cette très chouette équipe au sein de laquelle j’ai l’honneur de figurer. Parmi les nouvelles contrées étant venues compléter ma carte de l’univers Metal figure cette période Djento-bouillonnante qui secoua la scène alternative anglo-saxonne en général et britannique en particulier dans les années 2010-2012 avec des combos de jeunes prodiges (pas chevelus ni même cloutés pour deux sous !) mêlant hargne hurlante, rythmiques pendulaires et arpèges réverbérés en mode spatial à l’image des PERIPHERY, TESSERACT et autres MONUMENTS. Cette jolie coulée de lave sonore entraîne alors avec elle de nombreuses vocations ou remises en question d’artistes qui sans cela, auraient continué leur petit chemin popy-pépère mais pour lesquels ce tremblement de terre a réveillé la conscience artistique. Elliot Coleman fait sans doute partie de ceux-ci.

Doté d’une voix claire très élastique aux relents pré-adolescents lui permettant de (bien) pousser dans les aigus tout en passant sans transition à des hurlements rageurs, notre jeune ami barbote déjà dans cette nébuleuse Metal Prog’ moderne en compagnie de l’un de ses précurseurs, à savoir mister Misha Mansoor (PERIPHERY) avec lequel il œuvre au sein d’une formation nommée MAN NOT OF MACHINE. Les potes de mes copains étant mes amis, c’est vers Coleman que se tournent dans un premier temps les instrumentistes de TESSERACT en 2011 quand le frontman Daniel Tompkins, après un premier opus tant brillant qu’inattendu ("One") se fait la malle en plantant tout le monde dans son élan. Séduits par cette tessiture à la signature unique comme par ce profil plus orienté Pop, le gang d’Alec "Acle" Kahney l’embauche comme chanteur officiel… Poste que Coleman n’occupera finalement qu’une courte période car étant remplacé à ce poste dès 2012 par le lumineux Ashe O'Hara avec lequel TESSERACT concoctera l’un de ses plus beaux albums ("Altered State" - 2013).

Notre jeune vocaliste ne reste pas pour autant les bras en croix à contempler une icône orthodoxe du Dieu du Prog au travers d’un nuage d’encens mais réunit autour de lui des musiciens partageant son projet artistique en les personnes des guitaristes Derya Nagle et Jordan Ardiles (œuvrant tous deux au sein de The SAFETY FIRE), le bassiste Morgan Sinclair (guitariste live pour ARCHITECTS) sans oublier l’impressionnant batteur Alex Rüdinger (The FACELESS) aux baguettes. GOOD TIGER sort ainsi de terre courant 2015 et livre sa première offrande auto-produite en novembre de la même année puis quelques mois plus tard sous le label Metal Blade Records. Que nous propose donc ce rugissement initial poétiquement titré "A Head Full Of Moonlight" ?

Premier constat : nos zicos se détachent clairement du mouvement Djent ou pure Core et ne tentent même pas de singer un quelconque TESSERACT ou autre MONUMENTS. On oublie donc les figures de style propres à ce courant et on s’oriente donc plus vers un Rock burné/Metal Alternatif dynamique et rythmé où des lignes swingantes croisent sans vergogne des riffs puissants quand ce ne sont pas des séquences très calmes et mélodiques, le tout enrobé par cette voix juvénile tour à tour douce et chargée d’émotion puis hargneuse et cogneuse dans ses hurlements. GOOD TIGER tente ici de concilier différentes cultures musicales qu’il n’est pas toujours évident d’enchaîner les unes aux autres et alterne donc le brûlant et le glacial avec, il faut leur reconnaître ce talent, une certaine réussite globale. Les titres demeurent structurés et ne ressemblent pas à des mosaïques inaudibles ou dont l’agencement artificiel friserait du mauvais comique de répétition.
Le titre emblématique "Enjoy The Rain" illustre d’ailleurs parfaitement cette ambition fort de son rythme puissant et enlevé sur la première partie, de sa séquence douce et mélodique médiane pour finir sur un tempo plus lent mais plus marqué… et ma foi, ça fonctionne bien !

Néanmoins, nonobstant les qualités individuelles des musiciens, les vraies stars de "A Head Full Of Moonlight" restent indiscutablement une voix incontournable et une batterie omniprésente.
Pour la première, mister Eliot Coleman déploie un éventail notable de capacités qui révèlent un organe vocal multifonction allant de la caresse à la déchirure ou à la violence sans sourciller. Il en joue admirablement comme d’un instrument doué d’une vie propre… sachant que sa tessiture particulière ne plaira sûrement pas à tout le monde, même si sa maîtrise en est parfaite. Cette voix vivante et performante est volontairement placée au centre du moteur qui anime le combo britannique ; elle lui donne son impulsion primordiale. À ce titre, l’introductif "Where Are The Birds" torsadé et swingant à ravir comme le tapageur et urticant "Snake Oil" qui lui succède avec ses relents bourrins dignes de la sphère Metalcore en sont de parfaites illustrations : sur ces deux titres, Coleman est impérial.
Pour la seconde, l’Américain Alex Rudinger déploie tout son talent et nous gratifie d’un véritable festival de hargne et d’agilité rythmique, bénéficiant en outre d’un mix très favorable. L’animal est doué, c’est une évidence, et s’en donne à cœur-joie sur huit des neuf titres que compte "A Head Full Of Moonlight" (la gentille baladounette "Understanding Silence" n’incluant pas de percussions). Batterie omniprésente donc mais particulièrement percutante sur des titres comme le déjà cité "Enjoy the Rain", le chaloupé "Latchkey Kids" à la seconde partie plus lourde ou encore sur le rapide et rythmé "All Her Own Teeth" par le biais duquel Rudinger nous gratifie d’un festival de variations de tempo comme de cascades de roulements. Il est diablement à l’aise le bougre !

Il n’en demeure pas moins que "A Head Full Of Moonlight" affiche tout de même les défauts de ses qualités en ayant selon moi un chouïa du mal à se positionner entre les différents styles/ambiances dont il se compose : ce qui peut mettre en difficulté un auditeur habitué à un style plus monolithique. Pop Rock mélodique ? Metalcore ? Metal Prog’ alternatif ? Le rugissement du Tigre peut-être ainsi difficile à identifier...
En outre, dès que la voix de Coleman ou la batterie de Rudinger baissent un peu dans les tours, on retrouve somme toute une musique, certes musclée, mais qui reste dans des sentiers très fréquentés, à l’image de titres sans réelles surprises que sont "I Paint What I See" et "Aspirations" quand ils ne donnent pas un sentiment de fouillis à l’image du clôturant "'67 Pontiac Firebird" même si pour ce dernier, le jeu de batterie demeure remarquable. GOOD TIGER plante ici de belles graines qui fleuriront sans doute sur les albums à venir. Alors patience et bienveillance !

Après des semaines à repérer la tanière du jeune tigre, je reste d’une immobilité statufiante dissimulé à quelques pas de l’entrée. Prenant mille précautions pour ne pas finir comme les nombreuses carcasses aux os rongés ornant le fond de la caverne, je dépose un 3/5 pour ce "A Head Full Of Moonlight" qui pourrait annoncer de belles choses. Coleman ne semblait pas trouver sa place : il a finalement su trouver son groupe et son style.

- pour l’intro swingante :"Where Are the Birds",
- pour la hargne : "Snake Oil",
- pour le rythme : "All Her Own Teeth".

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   HAPLO

 
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- - Elliot Coleman (voix)
- - Derya Nagle (guitare)
- - Jaquin Ardiles (guitare)
- - Morgan Sinclair (basse)
- - Alex Rudinger (batterie)


1. Where Are The Birds
2. Snake Oil
3. Enjoy The Rain
4. I Paint What I See
5. Aspirations
6. Latchkey Kids
7. All Her Own Teeth
8. Understanding Silence
9. '67 Pontiac Firebird



             



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