Passer du statut de commentatrice sur NIME à celui de chroniqueuse c'est excitant, voire obsédant.
On se couche et on se réveille avec NIME dans la tête. Vous pensez NIME, vous vivez NIME.

J'ajoute ainsi un nouveau segment à ma vie, peut-être même celui par lequel je serai enfin moi-même. Me voilà donc chroniqueuse à présent, avec cette obsession qui grandit chaque jour un peu plus dans mon esprit laquelle se mélange à mon quotidien très terre à terre, m'obligeant tous les matins à endosser mes costumes de wonder woman et de Shiva réunis. D'une personnalité toujours speed, je reconnais volontiers que mes écoutes la reflètent à peu près : teintées de Heavy trad et de Speed le plus possible. Autant vous dire qu'avec mon arrivée dans l'équipe, j'ai senti qu'il fallait que je file direct chez mon médecin traitant pour calmer mon excitation, et je vous livre ici sa dernière prescription :

- Prendre une fois par jour une dose de Stoner.
- Pendre deux fois par semaine une dose de Doom.

Stupéfaite, je me suis d'abord demandé si ce n'était pas un complot de l'équipe pour me calmer ou bien si ce n'était pas moi qui devait me rendre directement en urgence à l’Établissement Public de Santé Mentale.
Avec un peu de recul, je me suis dit que l'idée du doc n'était pas si dingue que ça et qu'il fallait que j'essaie, en tout cas avec plus de régularité qu'auparavant. Après tout, le Stoner et le Doom avaient pour habitude de me plonger dans un autre monde loin de mon agitation habituelle.

J'ai donc démarré la posologie prescrite par un petit groupe de Stoner londonien formé en 2017, du nom de GREEN LUNG avec son dernier album sorti en novembre 2023, "This Heathen Land".
GREEN LUNG est un combo de cinq musiciens qui fait le choix initial de se produire sur des petites scènes locales, et de miser sur Instagram pour se développer. Leur choix a tellement bien fonctionné que plusieurs médias spécialisés ont rapidement parlé d'eux, notamment Kerrang. De concerts en festivals, le groupe grossit et signe avec le label Nuclear Blast records en 2022 : le début d'une consécration.

Les membres du groupe décrivent leur musique comme un mélange de BLACK SABBATH, DEEP PURPLE et WITCHFINDER GENERAL réunis. En gros, imaginez que vous mettez du Heavy trad, du Stoner, du Rock rétro et une pointe de Doom psyché dans un blender. Et bien le résultat est surprenant et très qualitatif, aussi bon qu'un Mojito.
La singularité du groupe réside également dans le travail d'assemblage des ambiances folkloriques et horrifiques tirées des films d'horreur des 60s et 70s.

Rapidement, l'écoute de "This Heathen Land" m'a permis de ressentir ses effets bénéfiques sur mon équilibre mental. GREEN LUNG, ou encore poumon vert, est comme son nom l'indique, une expérience assez relaxante. Pas besoin de médocs ou de substances interdites, la musique suffit à elle seule à faire baisser votre fréquence cardiaque et votre tension.

J'ai fermé les yeux, ai pris une bouffée d'oxygène tout en concentrant mon esprit sur ma respiration. Immédiatement, je m’imaginais au cœur du site millénaire de Stonehenge, spectatrice d'une cérémonie à l'âge de bronze. Le titre folk "Song Of The Stones" nous y plonge immédiatement et semble quasiment dédié à l'occulte et l'incantatoire. Le folklore, les mythes et légendes britanniques sont d'ailleurs une grande source d'inspiration pour les membres du groupe. Il faut avouer que la partie rythmique assurée par Matt Wiseman aux tambours y contribue assurément, et offre un effet assez planant, comme en apesanteur. Je crois même qu'il s'agit de mon titre favori de cet album car tout y est : sobre, pur et limpide sans fioriture, avec juste cette pointe de sophistication quand le solo de guitare de Scott Black surgit de si loin, qu'il nous surprend agréablement.

Mais cet album n'est pas que Doom ou Stoner et sème par-ci, par-là quelques titres plus accrocheurs comme "The Forest Church", qui d’emblée vous immerge dans une forêt mystique, ou "Maxine", la reine des sorcières qui nous surprend au son d'un orgue Hammond survolté. Également, le très entêtant "Mountain Throne" n'est pas en reste non plus, situant l'histoire au beau milieu d'une assemblée cérémonielle des sorcières de Pendle.

Cet orgue Hammond justement m'a fait penser dès mes premières écoutes à GHOST. La voix aussi du chanteur, Tom Templar, assez nasillarde, fait écho celle de Tobias Forge, mais à la différence que celle de Templar a une plus grande amplitude. Les accointances ne s'arrêtent pas là, puisqu'on peut citer aussi la collaboration du producteur Tom Dalgety sur cet album qui a produit également "Prequelle" de GHOST.

Après avoir eu un énorme faible pour les parties doomiesques de cet album, j'ai poursuivi mes écoutes et ai prolongé ainsi la posologie du doc, aux autres albums du groupe. Cet album est probablement l'un de mes gros coups de cœur de ces six derniers mois, néanmoins j'avoue avoir une préférence pour le précédent dont les mélodies sont plus mémorables pour moi.