Outre compléter les 257 discographies que j’ai ouvertes sur NIME et couvrir les nouveautés de ces 257 groupes (du moins, ceux encore actifs), il n’est pas rare que je m’octroie un petit plaisir : celui de vous relater les méfaits d’une jeune formation, le plus souvent made in France, dont la musique m’est parvenue aux oreilles d’une façon ou d’une autre. En l’occurrence, bienvenue à INNER LIGHT sur nos si belles pages designées au cours du siècle dernier. La responsabilité qui m’incombe n’est pas sans se vêtir d’une bienveillance de principe, tant il est difficile de nos jours de faire son trou en partant de nulle part, ou presque.

Originaires de Rouen, les Normands nous proposent un Metalcore bien troussé et ce "Structure" en est la seconde démonstration, quelques mois seulement après un premier EP éponyme. En quelques mois, la bande menée par Marine au chant (extrême dans une immense majorité) a clairement effectué des progrès, le son bénéficiant d’une puissance plus adéquate avec les compositions proposées. La production est maousse costaud(e), ce qui ne coule pas nécessairement de source lorsque l’on effectue ses premiers pas dans le monde impitoyable du Metôl à parpaings.

C’est donc parti pour près de vingt minutes d’une castagne plus variée que ce à quoi je m’attendais. Loin de recycler les plans usés et abusés du genre, INNER LIGHT s’amuse à y intégrer une dose non négligeable de Death (on pensera épisodiquement à du CARCASS), même si le fait d’être mené par une femme, associé à quelques leads particulièrement harmonisés façon Melodeath iront également jusqu’à évoquer un ARCH ENEMY qui ne se serait pas reposé sur ses lauriers, à recycler depuis dix ans les mêmes plans. La miss assure clairement son rang, couvrant un spectre assez large, des interventions claires jusqu’aux growls caverneux, en passant par du screamé. Le résultat est suffisamment varié pour apporter du relief à des structures de titres malheureusement un brin simplistes.

En effet, si l’effort s’écoute sans déplaisir, fruit d’une envie certaine liée à un groove sous-jacent, il souffre quelque peu d’un manque de musicalité, d’accroche, dans un courant qui pourtant ne demande que cela. Le duo de guitaristes Tristan/Nicolas assure pourtant tout à fait correctement, mais c’est plus sur l’écriture que le bât blesse quelque peu. Les lignes mélodiques sont parfois convenues, quand le songwriting aurait pu se montrer également plus audacieux, dans la construction, les arrangements, les ponts, ou autres... Mais la principale limite de ce "Structure" n’est pas technique, elle est avant tout émotionnelle. Les cinq chansons peinent à me procurer des frissons, à restituer des sentiments dont je ne doute pas qu’ils ne fassent partie des motivations du combo, que ceux-ci relèvent de la colère, de l’énergie, de la mélancolie, ou de tout ce que vous voudrez. Après tout, n’est-ce-pas la principale raison qui nous pousse à nous coller des décibels entre les feuilles ?

En résulte un EP de bonne facture, mais sans autre originalité que celui d’être mené par une frontwoman (ce qui n’est d’ailleurs plus guère si singulier de nos jours). Puissant et efficace, sans aucun doute ! INNER LIGHT fait preuve ici d’un potentiel certain, mais pas totalement exploité encore à ce jour. En l’état, il est peu probable que "Structure" ne leur permette d’émerger sensiblement de la masse surpeuplée officiant dans le genre. Gageons que le groupe prendra le temps de se poser et de travailler sur son premier LP afin de gommer ces quelques défauts et de nous revenir avec plus d’aspérités et d’émotions, exception faite du conclusif "Circle", qui touche pour le coup clairement sa cible.

Note réelle : 2,5/5.