En attendant le retour notamment très attendu de DARKESTRAH, il est temps aussi pour moi de replonger aussi dans les sentes perdues du Pagan/Black Metal. Pour s’enivrer à s’en rassasier les neurones, quoi de mieux que plonger à âme perdue dans les embruns de ÁRSTÍÐIR LÍFSINS. Cet EP copieux, long de plus de quarante minutes et constitué de deux longs titres, sorti chez Ván Records, vous guide dès les premières secondes à rejoindre une épopée épique à travers les fjords, les mers déchaînées et les nuages orageux.

ÁRSTÍÐIR LÍFSINS n’est est pas à son premier coup d’essai. Officiant depuis plus d’une dizaine d’années, ce trio constitué d’un duo germanique et d’un maître d’œuvre islandais, a déjà sorti pas moins de cinq albums aux durées confortables (largement plus d’une heure à chaque fois), ainsi que deux EP. "Hermalausaz" est le troisième, et à l’instar de l’ensemble de la discographie du groupe, il conte des histoires anciennes avec énormément de verve mélodique, d’envolées épiques et atmosphériques sous la diction en vieux norrois (une langue scandinave médiévale) de Árni et des embardées chorales de ses deux compères. Complexe et technique, ÁRSTÍÐIR LÍFSINS comme à son habitude déploie des titres à tiroirs saisissants d’émotions. Pour peu l’on se croirait à entendre des contes et des légendes qu’un Black Metal arborait. Mais notre trio entretient une connivence avec l’histoire scandinave. Les deux copieux précédents albums de la série "Saga Á Tveim Tungum" sorti respectivement en 2019 et 2020, s’attardait à nous narrer la vie d’une fratrie sous le règne du roi de Norvège Olaf II Haraldsson.

Cet EP, à l’instar des œuvres de ÁRSTÍÐIR LÍFSINS, demande de l’attention et de la concentration pour dévoiler toute sa splendeur. Bouillonnant d’accords sombres et envoutants, les deux titres de "Hermalausaz" sont de qualité égale. Ils se dressent face à nous avec puissance et fragilité. Leurs torpeurs mélodiques passent et repassent sur une palette d’émotions tristes teintées d’une acoustique superbe. Les violons, les tribulations des guitares acoustiques, les arpèges délicats, les rythmes oscillant favorablement sur une mer parfois déchaînée ou se calmant après les tempêtes ne font qu’accroître la beauté des compositions. La virtuosité des deux titres force le respect et inspire un imaginaire prolixe et infini. "Hermalausaz" est un EP qui convoque l’imaginaire et la rêverie autant qu’il enserre l’âme. L’intranquillité et l’empressement ne feront pas bon ménage à son écoute, prévoyez plutôt du calme et un temps indéfini. Pour ma part, malgré des longueurs je partage cette sensation de déconnexion que cet album demande. Et le faire pendant plus d’une quarantaine de minutes n’est déjà pas si mal. À l’écoute de "Ýrr" et surtout de "Þistill" – qui a ma préférence – je trouve les chemins de ce voyage promis et tant désiré.

Les amateurs de MOONSORROW y admireront l’éclat somptueux de certains passages. Je pense à celui du premier titre aux alentours de 11:30, d’une délicatesse admirable ou de quasiment l’entièreté de la seconde partie de "Þistill" (à partir de la neuvième minute), intense et raisonnablement superbe. Si le cœur vous en dit donc, cet EP est parfait pour démarrer la découverte de ÁRSTÍÐIR LÍFSINS et s’y plonger éperdument.