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1987 1 Kraken

KRAKEN - Kraken (1987)
Par DARK SCHNEIDER le 12 Avril 2024          Consultée 752 fois

"Le Choc Des Titans" (1981), voilà un film qui a marqué mon enfance et que j'adorais. Pas pour son héros dénué de charisme, mais bien pour la puissance de son imaginaire et sa générosité, parfaitement incarnée par les fantastiques effets spéciaux de Ray Harryhausen. Parmi les créatures incroyables qui peuplaient cette pellicule, il y avait ce fabuleux Kraken échappé de la mythologie nordique (et qui donc n'avait strictement rien à faire là mais peu importe). La créature en imposait, sans le moindre effet numérique. Manifestement, je ne fus pas le seul à avoir été marqué par ce film, et dans une Colombie alors en proie à de nombreux problèmes de société, de jeunes musiciens impressionnés par la puissance du Heavy Metal occidental choisirent le colossal titan pour en faire le patronyme de leur groupe.

KRAKEN s'imposera alors très vite comme le leader de la scène métallique colombienne même si le groupe devra tout d'abord se faire sa place au sein d'une scène déjà très tôt colonisée par les formations extrêmes (Punk Hardcore, Proto Black/Death etc). En 1985, le groupe parvint même à l'exploit de gagner un tremplin sans y avoir joué ! (Le fameux "tremplin" en question se déroulant dans un stade et ayant eu vite fait d'affoler les autorités face une horde de fans dépravés). KRAKEN était issu de Medellín, deuxième ville du pays, place forte du Rock Nacional... et aussi des narco-trafiquants de Pablo Escobar. Faire du Heavy Metal dans ce contexte était une gageure, les conditions étaient bien plus difficiles que ce que pouvaient vivre les blackeux norvégiens qui enregistraient leurs premiers méfaits dans une cave. Elkin Ramirez, leader de KRAKEN, était certes issu de la classe moyenne colombienne (qui ne représentait qu'à peu près 20% de la population, on se doute bien que les 80% restant n'étaient pas composés uniquement de la haute bourgeoisie), mais pour s'imposer le groupe devait se produire sans réserve dans les quartiers populaires, car c'était bien là que se trouvait le public. Ramirez n'hésitera pas non plus à prendre des positions courageuses durant sa carrière, s'opposant clairement aux narco-trafiquants (qui, rappelons-le, avaient la gâchette facile).

Venons-en à ce premier album. Celui-ci est paru en décembre 1987, le groupe avait déjà publié auparavant deux 45 tours qui avaient fait leur petit effet. À cette époque, pour faire (très) simple, la scène sud-américaine hispanophone fonctionnait alors un peu de la même façon que ce qu'avait pu connaître la scène française et espagnole : les groupes privilégiaient l'usage de leur langue natale (à la fois par fierté nationale mais aussi et sans doute par manque de maîtrise de l'anglais) et ne bénéficiaient que de très faibles moyens. Donc, pour les éventuels futurs auditeurs qui oseront jeter une oreille sur cet album, petit avertissement : la production est complètement éclatée au sol ! Il faut bien comprendre qu'à cette époque où la Colombie produit essentiellement de la musique dite "tropicale" les producteurs de Rock ça ne courait pas les rues, ce qui aboutit à un premier album au son très faiblard, au mix des guitares foireux et au son horrible de ces dernières (je me demande vraiment de quoi étaient faits leurs amplis, que ça grésille !). Fort heureusement, le chant d'Elkin Ramirez ne pâtit pas trop de la situation. Quoiqu'il en soit il est évident qu'on est ici très loin du niveau des meilleures productions occidentales de la même époque, alors écouter cela de nos jours sera sans doute impossible pour beaucoup, et tant pis pour eux (ouais parce que vos murs de guitares modernes moi ça m'éclate souvent le cerveau).

Évidemment cher lecteur, tu auras vu que j'ai attribué la note maximale à cet opus. Et j'assume. KRAKEN n'invente rien, si ce n'est l'apport du chant espagnol sur ce type de Heavy Metal relativement technique, mais bon sang il n'empêche qu'on a là un putain d'album qui délivre tube sur tube. Si le groupe est pratiquement inconnu en dehors de l’Amérique du sud, je peux vous dire que ce n'est pas le cas en Colombie où il est immensément respecté, et c'est cet album qui a posé les bases de ce succès et qui est encore considéré, à juste titre, comme leur grand classique. KRAKEN délivrait un Heavy Metal dans la droite lignée des JUDAS PRIEST et autres IRON MAIDEN, avec ce côté Speed qui s'était imposé dans la seconde moitié des 80s, on est parfois pas loin du Power Metal.

En premier lieu, ça riffe sévère. Si le son ne met pas en avant les talents guitaristiques de Hugo Restrepo et Ricardo Posada il n'en demeure pas moins qu'on tenait là de bons bretteurs, pas les plus grand techniciens qui soient mais des mecs qui donnent tout et qui savent balancer des riffs bien mémorables. De plus, si ce n'est certains passages de "Todo Hombre Es Una Historia" qui sont directement inspirés de "The Sentinel" du PRIEST, on peut dire que les influences sont plutôt bien digérées. Du Heavy Metal traditionnel de cette qualité, j'en redemande plus que jamais. KRAKEN cochait alors toutes les cases du groupe qui voulait tout dévorer sur son passage : riffs inspirés, énergie, vélocité, sentiment constant d'urgence, envolées lyriques, la dose agressivité nécessaire et en plus une certaine variété dans le projet. De l'hymne libertaire "Muere Libre" au plus belliqueux "Escudo Y Espada", KRAKEN délivre tout ce qu'on peut attendre d'un album de ce genre. On perçoit aussi déjà une certaine envie de délivrer un Heavy Metal plus subtil et sophistiqué, pour ne pas dire progressif, sur un titre comme "Aves Negras" par exemple.

Mais la principale force du groupe reste son chanteur, Elkin Ramirez. Il est, ni plus ni moins, la première très grande voix du Heavy Metal sud-américain, et ce même si le premier VIPER fut publié avant (car André Matos était encore bien loin de maîtriser aussi bien ses cordes vocales que Ramirez). Parfois comparé à Bruce Dickinson, Elkin Ramirez n'est cependant le clone de personne tout en adoptant un chant bien typique du Heavy Metal d'alors, avec cris suraigus fréquents et la spécificité du chant espagnol, que j'ai personnellement toujours trouvé très adapté au Rock. Le chanteur est d'une générosité extrême et bien que fin technicien il est avant tout un transmetteur d'émotions intenses. Il est également compositeur et écrit les paroles. Personnage cultivé, ses textes, excellents, sont empreints d'un style poétique et très humaniste. Il n'est ici pas vraiment question de fantasy qui sonnerait peut-être un peu trop hors de propos pour le public colombien (très prolétaire et dont de nombreux jeunes furent malheureusement attirés par les cartels) mais de questions sociales et du combat qu'est la vie. Ça vaut vraiment la peine de se pencher dessus en tout cas.

Il ne fait aucun doute que nombreux seront les auditeurs d'aujourd'hui qui resteront totalement réfractaires à ce Heavy Metal au son d'une autre époque, issu d'un autre contexte, chanté dans une langue qui instaure immédiatement une barrière infranchissable pour beaucoup. Les Colombiens, eux, ne s'y sont pas trompés. Ce premier album de KRAKEN est tout simplement un classique indispensable pour les passionnés du Heavy de tradition.

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   (2 chroniques)



- Elkin Ramírez (chant)
- Hugo Restrepo (guitares)
- Ricardo Posada (guitares)
- Jorge Atehortúa (basse)
- Gonzalo Vasquez (batterie)


1. Todo Hombre Es Una Historia
2. No Me Hables De Amor
3. Soy Real
4. Nada Ha Cambiado Aún
5. Escudo Y Espada
6. Muere Libre
7. Fugitivo
8. Aves Negras



             



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