Avec une pochette aussi attirante, il était tentant de mettre une oreille à ce tout jeune combo américain de Black Mélodique. Les tons très Necrolord-iens sont signés pourtant Juanjo Castellano qui – j’ai fait une petite recherche pour vous - a produit de nombreuses œuvres pour des groupes plutôt underground de la scène Metal mais pas que. En témoigne les très belles cover des remastered de deux des trois excellents albums de GATES OF ISHTAR parus en 2017, ou celle du "Verminous" de The BLACK DAHLIA MURDER. Le Śūnyatā est un terme sanskrit qui se traduit dans le bouddhisme comme le vide et la vacuité qui entoure toute la réalité. Fort de cette clef de réponse, il est toutefois difficile de la transposer de prime abord dans l’univers de SHŪNYATĀ. Mais les multiples références de nos Américains aux ornements intellectuels tirés du savoir bouddhique, me fait reconsidérer ma première représentation.

Et si je dois qualifier d’un adjectif nos jeunes Américains je dirais : prometteur. Il s’agit plutôt d’un Black Mélodique avec quelques accointances Death de bon ressort. L’album fait ressortir cette agrégation de riffs et d’idées intéressantes sonnant très souvent justes mais aussi parfois un peu trop maladroitement. Les guitares sont très spatialisées et offrent des riffs accrocheurs qui font régulièrement mouche. Si je m’en tiens à "Dawn" ou au titre éponyme, le sobriquet de prometteur n’est point galvaudé. Les mélodies s’emportent bien et sont de qualité premium. Celles de "The Human Predicament" suivent aussi ce constat. C’est bien ficelé et l’album montre avec ces titres une certaine forme de substance mélodique captivante. Oui mais voilà, les autres titres ne suivent pas exactement le même modèle précité. Les deux pistes acoustiques que sont "Loss" et "Sweetness And Sorrow" ne sont ni inintéressantes ni transcendantes. De plus elles me paraissent mal enregistrées, le son est faible et il y a quelques parasitages. Quant aux autres morceaux de l’album j’ai un peu de mal avec ceux-là car je les trouve monotones et pas assez variés. J’aurais préféré davantage de breaks et d’alternance de rythme. Il est possible que les titres auraient aussi gagné en qualité en étant quelque peu écourtés. Enfin je dois bien dire que je ne suis pas non plus le plus grand fan de la voix de Valuktava que je trouve comme légèrement enrouée. Néanmoins le rendu global est bon. Cela reste du Black Mélodique de bonne facture et l’utilisation récurrente de la guitare acoustique est pertinent. L’atmosphère globale oscille entre une agressivité maîtrisée et une mélodicité un peu déviante teintée d’un zeste de mélancolie.

La critique est facile certes mais je ne boude néanmoins pas mon plaisir à me dire qu’avec le temps cet album sans doute se bonifiera. Le groupe montre de belles appétences pour la mélodie. Force est de constater qu’il faut aussi du temps pour donner le meilleur de soi. Gageons que ce "The Dark Age" ait été le meilleur entraînement qu’il soit pour que nos Américains, à la faveur d’un second opus, perce la croûte terrestre et gagne davantage la lumière.