Encore ? Vraiment ? Encore un nouveau groupe de Metalcore sur NIME ? Mais pourquoi tant d’acharnement ?

Pour tout vous avouer, chers lecteurs avisés, je ne sais pas trop comment vous répondre. Sans doute, simplement, parce que. Parce que, rien n’y fait, je suis sensible à ce mélange d’agression, de riffs syncopés, de gros coups de marteau sur la nuque venus de nulle part, de l’intensité qui peut émerger d’un chant éructé avec conviction. Parce qu’au milieu de formations médiocres, qui viennent le plus souvent confondre mélodies et guimauve dégoulinante, on tombe sur des pépites qui savent vous remuer les méninges comme peu de genres le font. Parce qu’en live, c’est un des styles de Metal qui déménage le plus, quand il est possédé par l’esprit originel Hardcore, et que moi, ben j’aime bien les concerts.

Bref, welcome DYING WISH sur nos sombres pages des internets 0.2. En plus, je ne me fous pas de vous, bien-aimés lecteurs, car nous avons ici affaire à LA nouvelle hype à la mode : le "Metôlcore à chanteuse". Nightfall In Metal Earth, au top des tendances. Le combo, originaire de l’Oregon, est en effet mené par la "douce" Emma Boster. Permettez-moi les guillemets, car ce n’est franchement pas l’adjectif qui vient immédiatement à l’esprit lorsque l’on est confronté aux hurlements qui émanent du micro, et ce dès la première piste. Disons que si votre point de comparaison est Alyssa White-Gluz (ARCH ENEMY) ou Courtney LaPlante (SPIRITBOX), vous risquez d’être franchement secoués. Emma évolue plus proche d’un registre entre le Black pour la tonalité et le Hardcore pour le phrasé. En cela, elle se rapprochera plutôt d’une Justine Jones (EMPLOYED TO SERVE) ou plus encore d’Alma Alizadeh (FOR I AM KING). Et ça, le Kol, il apprécie mucho gusto, en témoignent mes chroniques sur ces deux groupes que je goûte particulièrement.

Je pourrais tenter de vous vendre ici et là quelques touches de Melodeath qui viennent parsemer ce "Symptoms Of Survival", deuxième LP intégral des Américains après un Split initial avec SERRATION, ce qui ne serait ni totalement faux, ni totalement honnête de ma part. Cela reviendrait à tenter de fourguer de la Bud light à T-Ray. Car si l’on retrouve par instants quelques marqueurs harmonisés ou autres cavalcades Death-isantes sans doute inspirées par un AT THE GATES des grands jours, l’ensemble repose très largement sur ces chugs de guitares si caractéristiques et des breakdowns bien grassouillets et plombants comme on les aime ("Torn From Your Silhouette", s’il ne faut en citer qu’un).

Dans son ensemble, le disque est un bon uppercut dans la tronche. Court (onze pistes pour trente-deux minutes), il ne s’embarrasse pas de transitions superflues ni d’accalmies futiles et artificielles. Il constituera ainsi un plaisir coupable pour les aficionados, étant de plus particulièrement bien produit par Randy LaBoeuf (THE ACACIA STRAIN). Les arrangements sont cuits al dente, ne prenant jamais le pas sur la nécessaire prédominance de bagarre quand on a affaire à du Metalcore, défaut récurrent de la scène US de ces dernières années.

La paire de gratteux Carillo/Reynolds s’en tire correctement sans trop en foutre quand même, tas de feignasses. À l’aise sur les rythmiques et les arpèges d’ambiance, je n’aurais pas craché sur quelques leads de plus, histoire d’aérer quand même un peu le bousin. L’efficacité de la formule DYING WISH repose avant tout sur la section basse/batterie et les beuglements de la miss Boster, impeccable. Ou presque. Autant ses cris sont irréprochables d’intensité, parvenant à transmettre ce sentiment d’urgence et des émotions véritables, autant son chant clair ne sert à rien, mais vraiment à rien. Il est de surcroit relativement impersonnel, sans aspérité et en vient même à ruiner de très belles compositions, comme "Watch My Promise Die". Je ne suis pas contre les voix claires dans le Metalcore, mais encore faut-il qu’elles apportent quelque chose, ce qui n’est pas le cas ici. Elle intervient juste pour coller un petit refrain niaiseux, en passant, l’air de rien. Mais on ne me la fait pas, à moi. "Paved In Sorrow", pseudo balade, est à ce titre relativement agaçante et inutile. Fort heureusement, DYING WISH aura l’élégance d’éviter de systématiser l’exercice, le phénomène paranormal ne se produisant que sur une petite moitié des pistes, à la louche.

Car c’est bien lorsque le groupe se montre féroce qu’il est le plus pertinent et efficace. "Tongues Of Lead", sournois et méchant, ou "Kiss Of Judas" et ses galopades entêtantes made in Göteborg, démontrent bien mieux le réel potentiel du gang de Portland à mettre le feu à n’importe quel pit, quand ils le veulent bien. Les textes cathartiques et authentiques sont autant de démonstrations sincères venant appuyer l’intégrité de la démarche du combo.

À l’heure des comptes, si le bilan s’avère mitigé, il bascule néanmoins plutôt franchement du côté positif, malgré quelques manques (des soli, bordel, c’est vraiment trop demander ?) et surtout des gimmicks sucrés qui irritent un peu le sif. DYING WISH ne fait pas non plus preuve d’une grande originalité sur cet essai sophomore, mais rien que pour l’énergie dont "Symptoms Of Survival" fait preuve et pour l’intensité du chant d’Emma Boster, je ne peux décemment pas coller moins de trois étoiles à ces petits nouveaux qui n’en veulent, quand bien même ils en gardent clairement sous le coude pour le coup. Il ne manque pas grand-chose, espérons que cela sera pour la prochaine fois.