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METAL PROG - SPACE OPERA   |  STUDIO

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TOEHIDER - I Have Little To No Memory Of These Memories (2022)
Par FREDIAN le 14 Février 2023          Consultée 2262 fois

TOEHIDER, c'est le groupe du prolifique Michael Mills, mis en lumière en 2013, par l'entremise du géant batave Arjen Lucassen, sur le "Theory Of Everything" d'AYREON. Le jeune (quadra aujourd'hui) Australien déborde de créativité et s'est fait spécialité du mélange des genres, comme son projet aussi fou qu'ambitieux "12in12" (douze EPs en douze mois) avait démontré en 2009/10 (compilé sur deux doubles CDs en 2014). Il y visitait le Rock/Metal Prog, le Hard Rock, le Heavy, le Punk, l'Acoustique, l'Ambient plus quelques curiosités (conte musical, "Christmas Rock"). Le tout saupoudré de sa bonne humeur communicative et d'une bonne dose de fun. Le bougre s'amuse et ça s'entend. Un esprit à la A.C.T. ou FREAK KITCHEN. Réjouissant. Cette dernière production ne déroge pas à la règle.

"I Have Little To No Memory Of These Memories" est un "Space Opera" sauce Metal Prog aux colorations éclectiques et au délire assumé. Il propose un titre unique puisque "The Hoarder" n'est en fait qu'un extrait choisi pour représenter l'album au format "single". Voilà d'ailleurs une approche intéressante car ce "single" permettra à l'auditeur de décider s'il embarque ou non pour le voyage complet. Je peux vous dire une chose, il n'y a pas tromperie sur la marchandise. "The Hoarder" est non seulement un bon aperçu de "IHLTNMOTM" mais il n'en est pas le condensé de son nectar le plus absolu.

Rembobinons un instant le fil de l'histoire puisque, décidément, ce Mike Mills ne fait rien comme les autres. En 2018, après deux albums "standards", l'Australien s'embarque dans un projet pharaonique qu'il nomme "49 Songs You MUST Hear Before You Die". Deux ans, une campagne de financement participatif, des morceaux distribués via une plateforme en ligne et une sélection de fans plus tard et "I Like It" s'en fait témoignage. Parmi les 49 titres ont été exclues les parties de l'ébauche du "Rock Opera" "I Have Little To No Memory Of These Memories", qui nous intéresse ici (et sort en Septembre 2022).

Ce titre-fleuve n'est donc pas une seule et même composition et ça s'entend clairement par moments. De prime abord, le choix de la piste unique n'est donc pas des plus légitimes... Pourtant, cette incongruité s'efface ou prend son sens si on s'amuse à suivre le concept paroles en mains (elles sont disponibles sur le site bandcamp du groupe) car l’œuvre a été pensée comme une "soundtrack". Du coup, les transitions parfois abruptes, bruitistes ou éthérées prennent plus de coffre quand on connaît leur "lyrical depiction" si j'ose paraphraser à ma manière Mike Mills lui-même.

"IHLTNMOTM" est un concept album de science-fiction humoristique qui nous propose un voyage sonore à travers les cinquante dernières années de Rock Prog et de Metal sur une piste unique de 47 minutes et 47 secondes. Thématiquement, c'est un commentaire sur la mémoire. Où sont nos souvenirs maintenant ? Avons-nous même besoin de nous (en) souvenir autant ? Ou essayons-nous de trop nous souvenir ? Vaut-il mieux oublier ? Ces souvenirs sont-ils même les nôtres/vôtres ? Comment ? L'album raconte l'histoire d'un homme, d'une femme, d'un énorme oiseau, d'un extraterrestre stupide et de deux bateaux modifiés pour faciliter une confrontation dans l'espace (*).

À première écoute, l'effet patchwork (musical et vocal) saute aux oreilles, surtout si vous n'êtes pas familier avec l'univers particulier du bougre. On pense au "Ziltoid" de Devin TOWNSEND et à AYREON (ces parties de "Space Opera" aériennes et Metallisées), à QUEEN pour les harmonies vocales, à RUSH pour quelques cavalcades progressives, au GENESIS des débuts (une certaine théâtralité), à OPETH quand la trame s'envenime, à Neal MORSE pour ces passages prog' acoustiques, à The WHO (une ligne de chant qui évoque l'imparable "Pinball Wizard", cette intro qui présente différents thèmes de la pièce à l'instar de "Tommy"), à PINK FLOYD sur un solo Gilmourien, à du KANSAS sous amphétamines (la partie correspondant à "The Hoarder") voire enfin à un croisement BLACK SABBATH-RAINBOW (la partie "Bralien Messes Up" sur laquelle Mike se prend pour Dio). Vocalement, Mike passe du coq à l'âne, sa voix cristalline peut évoquer celle de Steve Walsh (KANSAS), mais il y rajoute une agressivité Heavy à la Ray Alder période "No Exit" (FATES WARNING), voire à la Fabio Lione (RHAPSODY) sur certains aigus grandiloquents. Il pousse même jusqu'aux growls Åkerfeldtiens et Devin Townsend n'est pas loin sur des phrasés "Ziltoidiens".

Mais cette longue liste ne doit être envisagée qu'à l'aune de vos propres références (rappelez-vous le moto de l’œuvre : revisiter cinquante ans de Rock Prog et de Metal), que chacun pourra confronter à l'écoute de ce mastodonte polymorphe (c'en devient presque un jeu de piste), car tout ceci est imprégné à la trame par petites touches. Malgré l'ambition protéiforme de Mike et les cassures entre certaines parties, l’œuvre garde cohésion et fluidité par des reprises de thèmes, de riffs (ce riff d'intro revisité vers 34 min est une pure merveille), de mélodies, voire de refrains qui lient l'histoire surréaliste et décalée que Mike nous conte ici. À ce sujet, sa performance vocale est juste hallucinante. Il arrive à chanter et à rendre mélodieuses des paroles parfois très descriptives et sa versatilité folle lui permet tous les écarts narratifs. Il s'approprie ainsi chaque personnage et lui donne vie de manière bluffante (e.g. ce Steve Walsh sous amphet' que j'évoquais pour "musicaliser" la panique de la fille piégée par le feu, [...]"A little house on a cul-de-sac").

Il me reste à mentionner la pochette, typé BD/manga/comic-book, réalisée par l'acolyte de toujours Andrew "Salty" Saltmarsh, qui invite au voyage et à laquelle les claviers "cheap" typé 80s voire fête foraine par endroits se permettent quelques amusants clins d’œil.

Mike Mills a encore frappé fort. Cette ambitieuse pièce est un coup de maître. Quelques clins d’œil trop évidents et une trame peut être parfois trop débridée m'empêchent la note maximale mais c'est l'album de l'année 2022 pour moi.

Note réelle : 4,5/5.

(*) Ce petit trublion de Mike nous a même concocté deux fins différentes : une, positive mais toujours avec beaucoup d'humour sur la version CD (chroniquée ici), l'autre sur la version vinyle, à priori plus sinistre (que je ne connais pas).

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- Michael Mills (tout)


1. The Hoarder (single Version)
2. I Have Little To No Memory Of These Memories



             



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