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AETERNAM - Heir Of The Rising Sun (2022)
Par JEFF KANJI le 6 Février 2023          Consultée 3237 fois

Hériter d'une discographie déjà si qualitative est tant la récompense du talent du duo Guertin/Loudiy (maintenant plus que secondé par Matthieu Roy-Lortie qui apporte son sens mélodique au niveau des guitares) qu'une pression supplémentaire au moment d'attaquer le chapitre suivant. Si depuis "Ruins Of Empires" AETERNAM a trouvé son style et renforcé sa facette orientalisante, portée depuis toujours par Achraf Loudiy, le Marocain de la bande, il y a toujours des riffs à écrire et des histoires à raconter. Et de la même manière que les textes de "Al Qassam" étaient habités d'un véritable élan narratif, le trio choisit de conserver les acquis de l'album 2020, à savoir une production puissante, le recours à pas mal d'instruments acoustiques (ce qui attise les comparaisons avec ORPHANED LAND, grande influence d'Achraf, avec laquelle il semble vouloir prendre certaines distances en interview, ce que je peux comprendre car elles sont bien mieux digérées en 2022), et cet élan narratif.

Mais il choisit de franchir pour de bon le cap du concept-album. Donc si on suit la logique des Canadiens, autant "Al Qassam" semblait se rapprocher de "Moongod" dans sa conception, "Heir Of The Rising Sun" serait la proposition transcendée de "Ruins Of Empires". Voilà qui sur le papier ne manque pas de susciter quelques attentes. Et dans la tradition de ses sujets de prédilection, nous allons retourner, dès le rêve d'Ousmane, en Orient, de l'autre côté du Bosphore, avant que Mehmet II ne l'attaque puis ne la prenne, cette antique Byzance, avec tout ce que cela a compté de rebondissements, d'hésitations de la part du Basileus byzantin et du sultan ottoman, entre présages et fortunes diverses. Toutefois, AETERNAM ne va pas se contraindre à une narration linéaire, prenant même le temps de nous attarder sur l'Histoire des Vikings en terre orientale, qui ont fait le siège de la ville imprenable (du moins ce fut le cas jusqu'en 1453), et finalement tissé des liens concrets avec les autochtones, la garde varègue défendant la ville et l'Empire pendant trois cent ans, et qualifiant même Constantinople de Miklagård (la Grande Ville). "Where The River Bends" est sans surprise le titre le plus furieux de "Heir Of The Rising Sun" avec ses chœurs scandés en suédois.

On observe qu'AETERNAM ne se sent plus obligé de nous démonter la nuque à chaque riff, et a largement travaillé depuis son hiatus de cinq ans entre "Moongod" et "Ruins Of Empires" sur la profondeur de champ de son art. C'était déjà flagrant sur "Al Qassam" mais cela prend une toute autre ampleur sur ce cinquième album, avec des titres globalement un poil plus longs, mais aussi des intermèdes narrés qui rythment et permettent de respirer dans le foisonnement d'un album qui gère le crescendo à merveille. Car si "Where The River Bends" s'affirme comme le point de bascule d'un album jusque-là de très bonne facture, l'intensité va monter crescendo jusqu'à l'attaque des portes les moins défendues, portée par les présages de Mehmet II, achevant de donner une intensité quasi biblique et légendaire à cet évènement majeur de l'Histoire, un des signes les plus marquants de la fin du Moyen-Âge avant la reprise de Grenade en 1492.

"The Fall Of Constantinople" et son hymne introductif (l'apport des chœurs sur "Heir Of The Rising Sun" est un plus indéniable, ajoutant à la dimension épique des orchestrations particulièrement poussées) achèvent de faire de cette œuvre un disque majeur de 2022, et selon moi la plus belle réussite en carrière des Québécois. Vous retrouverez les aspects mélodiques raffinés, la violence d'une batterie quasi BEHEMOTHienne, des orchestrations qui apportent ce romantisme aux guitares (et à la basse parfaitement audible), une ambiance de bataille dont la férocité est bien retranscrite au vu des qualités affichées par le combo. C'est bien simple, à 3:20 on a déjà l'impression d'assister à une apothéose, mais les growls reprennent déjà leurs droits pour laisser la technicité des guitares se mêler aux violons et au baglăma. Cette épopée, que le groupe a choisi de sortir en single trois mois avant la sortie de l'album, faisait suite au plus classique "Beneath The Nightfall", singles qui dans un certain sens donnent une bonne idée de ce que vous trouverez sur "Heir Of The Rising Sun".

Un album qui affiche ses ambitions au fur et à mesure de son déroulé, et qui finit par totalement rallier l'auditeur à sa cause. Sans doute pas le meilleur album pour découvrir le groupe (les deux précédents sont plus accessibles en ce sens), "Heir Of The Rising Sun" s'impose néanmoins à la fois comme une œuvre intransigeante pour l'auditeur, sachant parfaitement où elle va, et sachant alterner les élans mélodiques qui irradient la chaleur du Bosphore et les saillies belliqueuses infernales avec une facilité déconcertante.

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   JEFF KANJI

 
  N/A



- Antoine Guertin (batterie, percussions, chant, samples)
- Achraf Loudiy (chant, guitare)
- Matthieu Roy-lortie (guitare lead)
- -
- Christian Pacaud (basse, arrangements)
- Edu Giró (baglăma, bouzouki, oud)
- Jeff Ball (violon, violon alto, violoncelle)
- Hubert Gonthier Blouin (chœurs)
- Rébèka Girard (chant sur 1,4,9, chœurs)
- Alan Owen (narration sur 1,4)
- Farya Faraji (chant sur 8)
- Gabriel Cyr (flûte sur 5)
- Semir Özerkan (narration sur 5)
- Yanick Côté (chant sur 7)
- Julie Déchène (chœurs)
- Jessika Munger (chœurs)
- Antoine Baril (chœurs)


1. Osman's Dream
2. Beneath The Nightfall
3. Irene
4. Nova Roma
5. Kasifi's Verses
6. Where The River Bends
7. The Treacherous Hunt
8. Akhatist Hymn
9. The Fall Of Constantinople



             



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