Recherche avancée       Liste groupes



      
AVANT-GARDE  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

2005 The Elder
2008 Master Of The Aire
 

 Site Officiel (45)
 Facebook (79)
 Chaîne Youtube (66)

FLAMETAL - The Elder (2005)
Par HAPLO le 26 Décembre 2022          Consultée 530 fois

À l’image du sacro-saint concept-album qui s’avère (trop) souvent être victime du fameux syndrome de la tarte à la crème, le fait de vouloir associer un style musical exotique ou folklorique à du Metal riffé représente à mon humble avis de Kroniqueur nimien, une planche naturellement savonneuse et par-delà même musicalement très casse-gueule…

Si l’on prend le cas du Flamenco, art musical et dansé gitano-andalou dont les racines remontent à la mêlée des peuples tant en Europe centrale que dans la péninsule ibérique, comment parvenir à marier intelligemment le fouet sec et ultra-rythmé ou encore l’ardente et incandescente flamme charnelle propre à cette musique séculaire aux lignes électrifiées posées sur une double grosse caisse hargneuse, voire des grunts, sans risquer de tomber dans le gloubi-boulga le plus infâme ? Tout en ayant à l’esprit le soin légitime d’éviter consciencieusement les caillasses que ne manqueront pas de balancer les aficionados de cet art andalou comme les puristes d’un Metal intransigeant (si, si il y en a, j’en connais quelques uns !) ! Mister Benjamin Woods, guitariste US réputé pour sa virtuosité en matière de jeu classique flamenco tout en étant un metalleux avéré traînant avec des sommités comme le guitariste Marty Friedman (MEGADETH), tente de relever ce périlleux défi à l’aube des années 2000 en lui donnant corps au travers d’une formation nommée FLAMETAL, dont le style, à l’image de cette enseigne mêlée, va tenter d’unir musicalement ces deux courants qu’une jolie distance culturelle et instrumentale sépare… Et je le dis dès à présent : Il s’en sort plus qu’honorablement !

"The Elder", premier né de cette drôle de formation, sort en décembre 2005 et annonce très vite la couleur en ajoutant au nom peu équivoque de FLAMETAL, le visuel d’une pochette burinée sur laquelle une belle danseuse andalouse adopte une pose aux traits offensifs… Ambiance !
Les huit titres (dont cinq instrumentaux, excusez du peu !) qui arment "The Elder" portent ainsi une musique entrelaçant adroitement la fougue, la mélodie, ainsi qu’une bonne dose de punchy où des guitares acoustiques enjolivées par des arrangements latino (martellement de pieds, claquements de mains, claquettes…) avec des riffs électriques ciselés tout en étant musclés, aux reflets métalliques pesant à souhait. En outre, loin de pagayer en mode brasse coulée dans le sillage des arpèges nerveux propres au style Flamenco, les soli guitaristico-électriques de FLAMETAL se veulent tant rapides qu’offensifs et collent ainsi à l’ensemble qu’ils contribuent ainsi à embellir… Olé !

Côté mix… Ben, on est en 2005 Hombre ! Histoire de valoriser les guitares, qu’elles soient acoustiques ou électriques, la basse tout comme la batterie sont un chouïa (trop) en retrait alors que globalement, le son, qui a peut être été volontairement produit sec comme un fouet andalou, manque selon moi de cette petite dose de chaleur charnelle ou de cette épaisseur d’humanité dansante qui marque si bien le monde latin et gitan… C’est un petit regret mais pas de quoi constituer un désastre, loin de là !
D’ailleurs, pour être très franc, ce qui me chafouine le plus avec "The Elder", ce sont sans doute ces foutus grunts en carton-pâte que le Maestro Benjamin Woods s’est sûrement senti obligé (conformité métallique oblige !) de placer sur trois des huit titres de l’opus. Maigrelets, manquant tant de puissance que d’épaisse conviction, ces passages hurlés dénotent et viennent mettre une méchante baffe au groove swingant clouté pourtant bellement porté par cet habile mélange des genres… À l’image du très efficace titre éponyme d’ouverture sur lequel la voix quelque peu patachonne de Woods vient inutilement plomber une si jolie virtuosité instrumentale.

Et pourtant, laissés libres et livrés à eux-mêmes, ces instruments font des merveilles : comment ne pas avoir les doigts qui claquent et les jambes qui s’affolent à l’écoute de l’ultra-rythmé "Bruja Tortura" dont les séquences riffo-musclées alternent finement avec de jolies dentelles tissées par une base guitare-basse-charley ? Comment ne pas être séduit par le chaud et ample "The Summoning" aux fins arpèges django-acoustiques menant à un solo électrique tant technique que pêchu ? Enfin, comment échapper aux nuances ensorcelantes du très groovy "Journey Into Fear" à la fausse lenteur nostalgique qui clôture "The Elder" d’une si belle manière ? (avec notamment une séquence d’arpèges cachés après pas moins de six minutes de silence)…

FLAMETAL surprend, montre une belle propension à marier des styles que seul un fou surdoué aurait pensé miscibles et démontre par-delà même que le talent peut rendre des paris perdus d’avance possibles : belle leçon de musique et de virtuosité amigo !

Avec ce premier album en forme d’ovni musical, Benjamin Woods, non content de tirer la langue aux puristes qui trouvent leur bonheur dans l’immobilisme des modèles et des frontières stylistiques, offre aux amoureux des genres concernés un album agréablement surprenant par son insolence et la chaleur qui finalement s’en dégage. En forgeant un style à la musique colorée, enlevée et fougueuse, "The Elder", qui n’est certes pas exempt de quelques petites erreurs de jeunesse, reste cependant un opus hautement recommandable pour l’auditeur métallique en quête d’horizons exotiques. La guitare Flamenco par nature envoûtante parvenant à épicer une formation Metal qui en devient prenante et réellement accrocheuse. Il reste à souhaiter que l’ensemble se professionnalise et que le Maestro himself sorte de ses dernières rigidités musicales en évitant des figures de style standardisées et rendues à cette fin quasi-obligatoires, à l’image de ces grunts/hurlements malvenus sur les trois titres chantés (ou mal mis en valeur c’est selon).

Rejoignant la belle Andalouse par cette soirée venteuse à l’entrée du cimetière, nous nous dirigeons tous deux en silence sur la tombe de Benjamin Woods, virtuose flamenco mort le 28 septembre 2022 d’une saloperie de crabe. Ému de me retrouver ainsi face à la dernière demeure de cet original talentueux, je pose très respectueusement sur sa tombe en marbre rouge de Séville un 3/5 amplement mérité pour ce "The Elder" à la fois griffant et réchauffant. Pari gagné hermano mio !

- pour le fouet :"Bruja tortura".
- pour la flamme :"The Summoning".
- pour la caresse :"Journey into Fear".

A lire aussi en AVANT-GARDE par HAPLO :


THANK YOU SCIENTIST
Maps Of Non-existent Places (2012)
Album galactique !




THANK YOU SCIENTIST
Stranger Heads Prevail (2016)
I want to believe!


Marquez et partagez




 
   HAPLO

 
  N/A



- Benjamin Woods (voix, guitare flamenco, cajon, castagnettes)
- Brian T. Spalding (guitare)
- Uriah Duffy (basse)
- Tomas Perry (batterie, percussions)


1. The Elder
2. Silencio, Escobilla
3. Red Cobblestone
4. Bruja Tortura
5. P'alla Al Inferno Vas
6. The Summoning
7. Cuatro Caballeros
8. Journey Into Fear



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod