Oh putain ce nom d’album. On a souvent des noms trop long dans le Metal, mais j’avoue que le combo nom de groupe à rallonge + titre d’album à rallonge + allemand, ça fait un beau bébé (dont je suis assez fière d’arriver à le prononcer parfaitement et de le glisser assez souvent dans des discussions mondaines). Ce "Der Tag An Dem Die Welt Unterging" est le deuxième album de WE BUTTER THE BREAD WITH BUTTER (celui-là, je galère plus à le prononcer) est sorti deux ans après le premier et le duo est devenu un quintette entretemps, et si "Der Monster Aus Dem Shrank" était un très sympathique et créatif album, ce jour où la Terre pris fin est à un tout autre niveau.

Sur "Das Monster Aus Dem Shrank", on avait des morceaux très courts, jamais au-dessus de trois minutes, qui s’articulaient autour d’une mélodie de synthé ("Breekachu", "World Of Warcraft") ou d’un délire précis (le « Breakdown ! Wouh ! » de "Alle Meine Entchen" ou les délires quasi Grind de "I Shot The Sheriff" et "Extrem") tout en partant en vrille le plus souvent possible. C’était rigolo, assez créatif mine de rien et il y avait moyen d’encore plus se marrer pour peu qu’on comprenne l’allemand. "Der Tag An Den Die Welt Unterging" est disons… plus subtil. Musicalement, le groupe a mûri, ça se sent déjà avec une production plus léchée, mariant plus aisément les guitares avec les claviers tout en étant plus massive, suffit juste de se prendre "Der Anfang Vom Ende", le titre d’ouverture, sur le coin des tympans pour se faire gentiment écraser. Et bien évidemment, la maturité du groupe se ressent surtout dans la composition des morceaux qui dépassent plus facilement la barre des trois minutes (même si on ira jamais au dessus de celle des quatre) et qui se montrent bien plus varié qu’auparavant.

En fait, WE BUTTER THE BREAD WITH BUTTER va proposer des morceaux un peu moins linéaires sur cet album, on va toujours suivre ce Deathcore mâtiné d’Électro mais le chemin sera plus tortueux et moins évident, on va se laisser surprendre par des climax intenses, des breaks plus inattendus, des blagues un peu moins potaches (même si en soit, on passe d’un humour d’enfant d’école primaire à un humour de collégien) et des ambiances plus travaillées et inattendues. Et qu’est-ce que ces compositions sont excellentes, alors certes, c’est mon album de Deathcore favori et ça fait depuis le lycée que je le ponce donc adieu l’objectivité. Le groupe sort banger sur banger, et je vais m’attarder histoire de quand même décortiquer un peu tout ça sur l’enchaînement "Glühwürmchen"/"Sabine Die Zeitmaschine"/"Der Kleine Vampir"/"13 Wünsche", quatre morceaux assez différent, mes préférés de l’album (en ajoutant "Der Tag An Den Die Welt Unterging" et "Superföhn Bananendate") et un échantillon plutôt représentatif de l’album en général.

"Glühwürmchen" est un morceau intense qui fait la part belle aux riffs en tapping et à une alternance entre tapis de double et grosses rythmiques bien lourdes typiques du genre. Les synthés ne sont pas trop mis en avant et laissent même la place à des cordes frottées sur un moment plus posé avec un chant mi-clair mi-hurlé qui lance une envolée assez magnifique. "Sabine Die Zeitmaschine" est plus fonceur avec des mélodies accrocheuses et un refrain mémorable et dantesque qui se lance directement dès le début du morceau, ajoutez aussi un petit breakdown au milieu du morceau pour alourdir le tout et on a un gros tube Deathcore ultra efficace. "Der Kleine Vampir" est la grosse curiosité de l’album, sorte de balade gothico-dépressive de boîte de nuit, le morceau ne sort quasiment pas les guitares et laisse toute la place pour que s’expriment beats Électro et synthés kitschouille avec en prime un chant qui démarre sur une espèce de spoken word monocorde et qui pars progressivement vers du chant hurlé bien débridé. Et le pire, c’est que c’est hyper accrocheur et ça reste totalement dans le délire de l’album tout en étant assez unique. Et enfin, "13 Wünsche" semble être une réminiscence de "Das Monster Aus Dem Schrank" avec ses synthés mis en avant et sa débilité assumé avec des riffs bien basiques et concons, son passage abusivement lourd avec gros pig squeal, son outro au piano qui sors de nulle part et ses paroles parlant de vache magique.

Vous l’aurez compris, "Der Tag An Dem Die Welt Unterging" regorge de surprises, de délires tous plus barrés et cons les uns que les autres et de titres extrêmement bien foutus. Alors oui, c’est golri, c’est fun, ça s’écoute vraiment sans problème tout en étant suffisamment riche pour rester un album plaisant à écouter après plusieurs années. Et en plus de ça, parce que sinon ce ne serait pas drôle d’en rester là, nos petits rigolos se sont amusés à distiller une véritable ambiance de fin du monde dans l’album, une ambiance assez forte et qui prend vraiment aux tripes quand ils arrêtent de parler de salade de patate et de faire des breakdowns beaucoup trop long pour être sérieux ("Das Ende") et qui est tellement réussie qu’une personne ne connaissant pas le groupe et ne bittant rien à l’allemand pourrait croire à un album sérieux. Et c’est je crois la meilleure blague qu’ai pu faire WE BUTTER THE BREAD WITH BUTTER à ce jour.