Sacré George Lynch ! Toujours un projet sur le feu et toujours une guitare à portée de patte ! Cette fois-ci comme sur "Will Play For Food" Mister Lynch nous refait le coup de l’album de reprises. Considérant le côté hyperactif du bonhomme on ne peut pas parler de manque d’inspiration mais plutôt de volonté de se faire plaisir sans arrière-pensées.

D’entrée de jeu ce qui est agréable c’est qu’on évite les sempiternels "Highway To Hell" ou "Little Wing" ! Lynch a dû taper dans son stock de vinyles d’époque et le cœur l’a emporté sur la volonté de cash facile (tout du moins ce coup-ci, dans le choix des titres !). Et oui sur le précèdent "Will Play For Food" on ne trouvait que du archi rabâché et archi connu !
Marrant de voir que la même année (et l’année suivante) un autre grand guitar-hero des 80s, Michael Schenker, va nous faire le coup des albums de reprises (le second essai du blond germain, sortira d’ailleurs sur le même label que ce "Furious George" : Shrapnel Records).

Bref l’entame de l’album est faite avec MONTROSE : ok en France et en Europe de manière générale le génial premier album du gang de Ronnie Montrose et Sammy Hagar n’a eu qu’un succès d’estime (même s'il a traumatisé à vie un certain Patrick Rondat) ; Mais aux USA ce fut une grande réussite commerciale. Ici le titre est bien repris et le solo est sympa sans être trop démonstratif. Dans le genre groupe US, super talentueux, mais qui n’a surtout marché qu’outre Atlantique on retrouve GRAND FUNK RAILROAD avec un sympathique : "Sin's A Good Man's Brother". HENDRIX est évidement de la partie tout comme PURPLE. Là le problème arrive : il y a eu tellement de reprises de ces deux groupes et de ces deux titres ("All Along The Watchtower" et "Stormbringer") que la barre est haute… trop haute pour Lynch.

Pour la première écoutez Jeff HEALEY et la seconde faites-vous plaisir avec KOTZEN et TM STEVENS. D’ailleurs une différence que je trouve flagrante c’est l’usage du vibrato : autant Hendrix s’en servait de manière émotionnelle comme une voix ou pour créer des images (les bombes lors du Viêtnam) autant avec Lynch et consorts c’est bien plus classique et moins porteur de sens : en gros juste une barre et un Floyd. Seul Beck semble à mon goût s’en servir comme le gaucher de Seattle. La reprise des BEATLES est sympatoche ; le morceau est toujours très bien (on parle des Fab Four quand même) et notre ami a l’intelligence de l’économie. Pas de pyrotechnie à outrance ce qui en fait un solo sympa et une reprise correcte, à défaut d’être la relecture définitive. Pour ça écouter YELLOW MATTER CUSTARD (Portnoy, Gilbert, et Neal Morse).

Grosse tranche de Rock 70s : MOUNTAIN, TRWOER, ZZ TOP et CACTUS. Bonnes reprises même si sur MOUNTAIN, Lynch est trop léger comparé au pachydermique West (je parle du son et du jeu pas du tour de taille hein !). Trop léger aussi sur ZZ TOP. Par contre sur CACTUS, George nous livre une très belle performance et sur TROWER il est au mieux. Le son est au poil et le jeu va avec. Kelly Keeling signe là, sa meilleure performance. D’ailleurs on peut dire qu'il a tout à fait ce grain 70s dans la voix ce qui sert au mieux cet album. Sur "I Aint Superstitous", il rend hommage à son idole de jeunesse : Mister Jeff Beck et sur ce coup-là, il s’en sort encore vraiment bien.

Passons à LED ZEP (enfin Willie DIXON à l’origine) ; là aussi en faisant preuve de retenue il se montre malin … mais du coup n’apporte que bien peu par rapport à l’original. Jamais content hein ? Disons que vu son pédigrée on serait en droit d’attendre bien plus ! Bonamassa quelques années plus tard dynamitera ce titre.
Arrive le dernier morceau : "Dancing Madly Backwards" de CAPTAIN BEYOND. Certainement pas le titre le plus célèbre du lot ni le plus repris. Du coup Lynch est encore plus à son aise (le son hyper fuzz et le jeu très technique pour l’époque, de l’original aide certainement). Très bonne reprise et en plus de Lynch les plans d’orgue sont franchement sympas.

En gros un album moyen où se côtoient le franchement bien (MONTROSE, TROWER, CACTUS, CAPTAIN BEYOND), et le franchement dispensable (HENDRIX, MOUNTAIN, LED ZEP etc.). Soyons fairplay et reconnaissons que c’est souvent le cas dans ce genre de projet. Et puis c’est toujours plus intéressant que le précèdent où le choix des titres était assez affligeant. La note est certes sévère mais tiens compte du fait qu'il peut faire bien mieux ! L'album n'est pas mauvais mais va devenir assez rapidement un ramasse-poussière sur l'étagère.