Cocorico !

C’est par le biais du Directeur du Label No Remorse Records (Grèce) que je viens de découvrir les Français de SACRAL NIGHT. Sacrée découverte, après celles de 2021 avec les Bretons d’HERZEL et "Le Dernier Rempart", ou bien encore avec TENTATION et "Le Berceau Des Dieux". Des disques de très bonne facture qui démontrent là et en tout cas que la scène Heavy Metal française se porte admirablement bien, qualitativement parlant j’entends. Elle possède de toute évidence de nombreux talents.

Dans un style certes un peu différent, les Grenoblois de SACRAL NIGHT proposent en effet, avec "Le Diadème D’Argent", second album du groupe (et seulement neuf titres (*)), un disque de Heavy Metal de très bonne qualité là aussi, et un peu plus atypique il faut bien le reconnaître (en tout cas beaucoup moins conventionnel et/ou traditionnel que le Heavy Metal d'un groupe comme PORTRAIT par exemple !) et à tendance Dark. La musique de SACRAL NIGHT est marquée non seulement par des thématiques que je qualifierais de macabres, mais aussi par des ambiances d’une noirceur assez prononcée, pour ne pas dire par endroits lugubres (l’ambiance de "Prêtresse De L’Atlantide" par exemple, l’interlude "Par-Delà Les Lueurs Sépulcrales" qui plante incontestablement le décor avec ces chants/chœurs féminins en latin plutôt opératiques et piano de circonstance conférant une ambiance inquiétante et empreint de mysticisme – on se posera juste la question de la pertinence du positionnement de cet interlude en seconde plage du disque !).

Le Heavy Metal "Blackness" de SACRAL NIGHT puise aussi ses influences dans le Metal extrême, du côté du Black Metal notamment, et à contresens de tout ce que le groupe écoute. Amphycion, bassiste et compositeur du groupe est plutôt du genre à écouter des groupes comme LIZZY BORDEN ou encore DOKKEN. Ceci étant, on n’oubliera pas qu’Amphycion (alias Florent Brunet-Manquat) a également officié pendant plusieurs années chez NECROWRETCH (ceci explique donc cela !), et est également compositeur/bassiste chez SANCTUAIRE. Je vous recommande d’ailleurs l’album "L'Empreinte De Lucifer" (2011) qui comprenait lui aussi quelques succinctes consonances Black Metal. Un disque qui pêchait d’ailleurs et davantage du côté production que côté compositions.

Rien de tout cela fort heureusement sur "Le Diadème D’argent" qui possède, en plus de très solides compositions, une production de très bonne facture, puissante comme il faut, et également un mix et mastering de qualité. Ces derniers ont d’ailleurs été réalisés par George Emmanuel (ROTTING CHRIST, YOTH IRIA, NECROMENTIA), soit un homme d’expérience et qui possède un CV long comme le bras avec à son actif donc, quelques groupes cultes du Black Metal hellénique (ça tombe bien je suis fan !). Fort de cette expérience, le rendu du disque est particulièrement réussi, avec une belle harmonie, alchimie aussi (!) et un bel équilibre entre tous les instruments, chants/chœurs soprano qui figurent sur certains titres, et la voix claire et puissante d’Antoine Volhard (SILVER WIND, ELECTRIC SHOCK).

Une vraie valeur ajoutée est à souligner au niveau des guitares, claviers et batterie. Les guitares sont souvent très en avant, tour à tour très mélodiques, lancinantes mais également plaintives (les belles harmonies sur "Les Miroirs De La Lune", et sur "L’Ode Infinie" morceau un peu plus atmosphérique en revanche) avec cette tonalité si caractéristique que l’on peut retrouver chez un groupe comme MY DYING BRIDE. Mais rien de dépressif ou triste ici, le rendu se veut davantage noir et/ou occulte. On retiendra également les excellents soli distillés tout au long de l’opus par Aymeric "Ricky" Mallet, des soli très souvent mélodiques, et qui là aussi sont en parfaite harmonie avec les titres et atmosphères proposées ("L’Archange Aux Yeux De Feu", "Conquérant Des Lumières"). Du tout bon assurément !

Concernant les claviers, on constatera qu’ils parsèment les compositions avec beaucoup d’intelligence, voire d’ingéniosité même, quant au rendu des ambiances et atmosphères (lugubres et ténébreuses sur la fin de "L’Archange Aux Yeux De Feu" avec un son un peu orgue, malsaines sur "Une Étoile Avant Sirius", atmosphériques sur "L’Ode Infinie" et "Prêtresse De L’Atlantide"), conférant à l’ensemble beaucoup de relief et d’éclectisme. Enfin, la batterie n’est pas omise ici, loin de là ! Elle est plutôt bien mise en avant, avec un rendu très aéré (ce qui est relativement appréciable) et organique, on perçoit parfaitement et clairement l’ensemble des enchaînements de Mörkk ("Les Miroirs De La Lune"), qui n’hésite pas, par ailleurs, à utiliser très souvent la double pédale ("Prêtresse De L’Atlantide").

Mais revenons-en aux vocalises d’Antoine Volhard. Elles sont typées Heavy Metal, 100% claires, plutôt conventionnelles dans l’ensemble, même si elles possèdent un spectre assez large. En effet, Antoine peut aussi bien aller chercher des notes graves ("L’Archange Aux Yeux De Feu" même s’il est suppléé par des chœurs renforçant du même coup l’impact de son chant) que des notes relativement aiguës, laissant aussi et parfois, transparaître une certaine théâtralité sur certaines compositions, se rapprochant du même coup et succinctement d’effets à la KING DIAMOND, notamment sur "La Seconde Élégie D’Un Ange" avec ces cris aigus, ou bien encore sur l’agressif et presque occulte "Une Dernière Étoile Avant Sirius". Les effets présents au niveau du chant confèrent d’ailleurs sur ce morceau une ambiance plutôt malsaine, proche de celle d’un rituel occulte (qui a dit maléfique ?).

"Une Dernière Étoile Avant Sirius" est un morceau qui montre également et très clairement des influences Black Metal – riffs, mélodies et tonalités des guitares / rythmiques atypiques du style. Éléments Black Metal que l’on retrouve tout au long du disque que ce soit sur des titres comme "L’Archange Aux Yeux De Feu" particulièrement fougueux, ou bien encore sur l’excellent "Conquérant Des Lumières" morceau des plus dynamiques et ultra accrocheur au demeurant, qui pourrait même se rapprocher d’un titre de TENTATION mais justement avec cette touche 'Metal Extrême' en plus.

En cela, "Le Diadème D’Argent" s’avère être un sacré bon disque, plutôt intéressant avec non seulement de très belles mélodies, mais également des atmosphères sombres/noires déployées tout au long du disque et qui rendent les compositions si variées, attractives et même originales (toute proportion gardée bien sûr !). Sans compter un pouvoir d’accroche incontestable ("Les Miroirs De La Lune", "Conquérant Des Lumières"), et un chant puissant qui tient carrément la route et qui se pose particulièrement bien sur les textes tous en français pour cette fois (**). Autant de qualités qui permettent à ce disque de se distinguer et de sortir significativement du lot. SACRAL NIGHT constitue en cela une très agréable surprise de mon côté, et il me tarde vraiment d’aller découvrir un peu plus en amont les débuts du groupe un tantinet plus 'primitifs' (sur ce que j'ai déjà entendu en tout cas). En tout état de cause et avec un album de cette trempe, SACRAL NIGHT ne devrait pas rester trop longtemps méconnu d’autant que le label No Remorse Records semble faire du très bon travail quant à la promotion de ce disque.

Morceaux préférés : "Les Miroirs De La Lune" ; "Conquérant Des Lumières", "L’Archange Aux Yeux de Feu", "L'ode Infinie".

(*) Pour la petite anecdote SACRAL NIGHT ne devait sortir qu’un EP initialement. Devant la qualité des compositions soumises, le label a poussé le groupe à sortir un album et donc à composer de nouvelles compositions pour obtenir la durée standard (ici un peu plus de trente-six minutes).

(**) C’est à souligner car les textes sont dans la langue de Molière (les textes étaient en Anglais sur l’album précédent). Raison à cela ? Le groupe reste très nostalgique de groupes Heavy 80 du type ADX ou bien encore KILLERS. Et puis le Français est la langue qu’il maîtrise le mieux.