Y a des jours comme ça où j’écoute pas de Metal, en général je me tourne vers de l’Électro ou de la Pop. Mais ça arrive que le Metal se réinvite à mes tympans de manières parfois inattendues. Prenez BANSHEE par exemple, au début, je me disais que c’était juste de la Trap assez sombre et lourde avec un chant hurlé. Un truc assez dans l’air du temps quand on creuse un peu et qu’on dégotte des trucs comme ZHEANI ou PRINCESSBRI ou allez, IC3PEAK même si le délire est différent. Mais comme ces derniers, j’aurais jamais pensé chroniquer du BANSHEE pour le site, sauf que bien évident, la dernière sortie de l’artiste a fait qu’elle se retrouve ici.

D’ailleurs, Rachel Knight qui est derrière le projet a déjà un passif avec le Metal, musicienne dans des groupes locaux, elle a subi de nombreux abus (je vous laisse aller lire ses interviews sur le sujet, ce n’est pas mon rôle d’en parler en détail) et a tout simplement quitté le Metal. Ce n’est qu’après avoir commencé son projet hybride entre Électro, Pop, Trap et Witch House (certains la rattachent au mouvement Hyperpop) que des éléments Metal se sont réintroduits dans sa musique, une manière de faire face à ses traumas liés à cette musique.

Les morceaux de "FAIRY METAL" sont courts, l’album dure en tout vingt minutes, durée qui peut paraître courte mais qui colle totalement avec les autres sorties de cette mouvance et qui personnellement me convient. De par leur durée, les morceaux vont tous à l’essentiel du propos de BANSHEE : hurler sa rage et sa vengeance envers ses traumas sur un mélange de Trap, de Pop et de Black Metal. Son chant quand il se fait hurlé est viscéral, et m’impressionne bien plus qu’une bonne partie des chanteurs Black Metal que j’écoute habituellement, probablement à cause de la sincérité qui en émane. Quand à son chant clair, il se montre doux et laisse voir un aspect plus vénéneux de BANSHEE malgré une apparente fragilité.

Les instrus ne sont elles pas en reste, la prod met beaucoup les basses en avant quand on est sur de la Trap et donne un son très cristallin aux mélodies donnant un aspect à la fois doux et agressif aux morceaux. En résulte une ambiance assez prenante et qui nous happe facilement dans l’album vu que l’ouverture "CITADEL" (avec la petite introduction "FOREST THAT NEVER SLEEPS") ne propose aucune trace de Metal (hormis le chant). Et vraiment, cette ambiance reste là pendant tout l’album et bon sang c’est impressionnant de voir une ambiance aussi bien tenir la route sur une si courte durée ! Quant à l’aspect Metal, on peut craindre de tomber assez facilement sur du Black Metal plutôt standard avec quelques beats histoire de faire cache-misère, mais non, on est sur des instrus tout aussi réfléchis avec en plus une variété bienvenue, il n’y a que la boîte à rythme qui sonne pas tout à fait dans le ton, pas assez organique en termes de sonorité.
Ainsi, "FAIRY METAL" se montre presque dansant dans ses leads tandis que les guitares rythmiques imitent le pilonnage des basses Trap et nous laissent souffler pendant un court et doux refrain. "FANTASY" se montre presque Indus avec sa boîte à rythme qui se fait des petites échappées supersoniques et son riff hypnotisant. Sur "NEVER FORGIVE", Rachel laisse le micro à Backxwash qui pose son Hip-Hop qui annihile absolument tout sur son passage. Enfin voilà vous avez compris l’idée.

Je suis personnellement admirative devant cet album. BANSHEE arrive en vingt minutes à faire un album intense, prenant et ne manquant pas de créativité. Néanmoins, parce qu’il faut une ombre au tableau, j’ai un peu de mal avec la fin de l’album, si "LSD" est très chouette avec son instru Post Black, "SWAMP" qui arrive après avec plus où moins le même argument fait un poil doublon tandis que "ENIGMA" me laisse totalement de marbre en proposant juste une certaine agressivité qui fait un peu bizarre en conclusion d’album, j’aurais personnellement interverti les deux derniers morceaux. Mais bon, hormis ça, l’album m’enthousiasme réellement et je dirais même qu’il a su s’imposer à moi sans vraiment forcer.