Au lendemain de la seconde guerre mondiale, et ce pour réconcilier les pays (d’abord européens) des politiques de jumelage sont mises en place entre les villes. Ainsi la commune de Nevers (58) est entre autres jumelée avec Budapest.
Entre autres car avec le temps cette idée s’agrandit : on peut être jumelé à plusieurs villes à la fois et même à des villes extra européennes. Ainsi, Nantes dont est originaire Rudy Roberts est quant à elle jumelée avec entre autres Seattle. Pas de bol pour notre shreddeur national qui aurait, en bon fan de Satriani, préféré un lien avec San Francisco sans nul doute.

Et oui car notre ami ROBERTS est un fan de Satch et cela s’entend de la première à la dernière note.
Découvert dans la version de STARMANIA de 94 il va profiter de sa notoriété nouvellement acquise pour coucher sur bande son exercice personnel de shred. Encore une fois la pochette nous informe des velléités du jeune homme : en recto on a un manche de guitare entouré de chaudes couleurs (on a l’impression que le surfeur d’argent est juste derrière) et au verso, on affiche clairement la couleur avec une belle Lag en mains, les cheveux au vent et ses compères tout à côté comme bon nombre de pochettes Shrapnel.

Bref on est bien dans le contexte et dans un style aussi balisé les codes sont respectés.
Alors quid de l’album ? Et bien on a droit à des climats très Satch : "Traffic Jam" avec une certaine idée de "Satch Boogie" dopée à la double pédale, "The Pact" très "Crushing Day"/"Lords Of Karma", ou "The Singer’s Swing "a l’intro en harmonique si proche de "Summer Song".

Mais pas que : sur "Staccato Bridge" on pense au premier album de Larry MITCHELL. Notre ami venant aussi de la variété (STARMANIA donc) il sait développer des climats acoustiques/variété dans le meilleur sens du terme comme "Coraline" ou un peu celtique comme le début de "Legends". Bon ok ce n’est pas Jean-Félix LALANNE mais c’est joli. On a aussi quelques idées proches de RONDAT (mais encore une fois sans la côté précision diabolique de celui-ci) et des idées qui rappellent le David Lee ROTH de VAI (sans l’étincelle ou le génie de Steve). La boucle de "Passion Colors Part 2" est quant à elle furieusement proche de l’intro claire de "Pull Me Under" de DREAM THEATER. Qui a dit pompe ?

Sinon le son est bien moins précis et chirurgical que celui de Joe. Non, ça ne fait pas amateur non plus (le gars a du métier) mais ce côté fuzzy/crado nuit à l’ensemble.
Bon point néanmoins : comme SATRIANI on privilégie la création de climats sur une base assez Rock/Classic Rock ce qui fait qu’il est abordable par un public large. On ne fait pas du néo-classique ou des incursions Jazz Rock qui rendraient le discours plus élitiste. Pour en finir sur le côté Satch, pour le second album, "Arabesque" en 1997, ROBERTS fera carrément appel à Stuart Hamm et Jonathan Mover, la section rythmique de SATRIANI.

En Hard instrumental au début des années 90s en dehors de RONDAT, qui explosera avec "Amphibia" et pourra même participer au G3, la France fait encore partie des élèves, non pas cancres, mais qui ont beaucoup de travail devant eux. Les années ont passé et depuis nous avons des représentants hexagonaux franchement virtuoses et à même de s’imposer sans honte devant les Américains ; En ce sens cet album fait partie de l’histoire d’une certaine idée de l’instrumental Hard en France et à l’aune duquel on peut mesurer son évolution ces dernières années.