Je vais me confier, ce "A Dream of Wilderness" me faisait très peur. "Prokopton", le précédent effort des Français d’AEPHANEMER m’avait juste complètement retourné, au point qu’aujourd’hui il figure parmi mes albums favoris que je réécoute dès que j’ai l’occasion. Donc voir un successeur à son petit chéri, c’est pas forcément facile et l’appréhension était aussi forte que mon impatience de l’écouter. Surtout qu’entre temps, le groupe a eu le temps de s’élever en signant sur le gros label qu’est Napalm Records donc autant dire qu’ils avaient là toute les cartes pour faire un digne successeur.

Pour rappel aux deux du fond qui ont loupé le coche de "Memento Mori" et de "Prokopton" (réparez cette erreur fissa !), AEPHANEMER c’est Death Mélodique qui sent bon la scène finlandaise, KALMAH en tête tout en proposant une musique bien plus lumineuse et j’oserais même dire joyeuse. Et c’est globalement ce que vous allez retrouver sur ce "A Dream Of Wilderness". Donc du coup, je recopie ma chronique de 2019 en changeant, le titre des morceaux histoire de faire genre j’ai écouté et on part sur un 5/5, chef d’œuvre, sélection, tout ça ? Sauf que non, malgré ses qualités, "A Dream of Wilderness" est fatalement moins bon que "Prokopton" et j’ai envie de résumer ça avec une comparaison foireuse : ils nous ont plus ou moins fait une WINTERSUN.

Je rigole un peu en disant ça, mais vraiment, c’est quelque chose que je pense. Les qualités du groupe sont toujours présentes et se sont même améliorées pour certaines. Les mélodies sont toutes vraiment bien trouvées et elle dégueule de l’album tant il y en a, Marion Bascoul est toujours une aussi bonne chanteuse avec une voix facilement reconnaissable en plus d’avoir un certain charisme. Elle pousse même jusqu’à corriger son chant clair qui été bien mais pas top sur "Snowblind" de "Prokopton" (dans "Panta Rhei") et fait même du chant lyrique ("Antigone") histoire de. Et en plus les compos, elle sont bien plus recherchées et certaines sont juste extraordinaires ("Roots And Leaves", je t’aime de tout mon cœur) et font la part belle à de jolie orchestration qui sont bien plus mis en avant qu’avant.

Et on y vient à mon problème : ces orchestrations qui prennent parfois toute la place. Alors pas que ce soit un mal en soi, j’aime bien le Metal Sympho, le chant lyrique me plaît bien aussi et là clairement, on est quand même à un autre niveau que le fond des chiottes des années 2000. Mais quand sur "Prokopton", on avait des leads de guitare dignes des plus belles sorties du genre et que là on passe à de jolis arrangements orchestraux et moins de leads, bah je sais pas, il y a un truc qui me bloque. Étrangement, ça ne me gêne pas sur "Roots And Leaves" qui pousse le truc assez loin, mais sur un "Strider" ou un "Le Radeau de la Méduse", ça passe moins, peut-être à cause d’une sensation d’entre-deux inconfortable, comme si le groupe avait voulu pousser la fusion Mélodeath/Sympho au max mais n’avait pas entièrement réussi à transformer l’essai.

En fait, cet album me met dans une situation chelou où d’un côté, je suis heureux que le groupe ait sorti un album aussi bon sans se reposer sur ses acquis, mais de l’autre, je regrette un peu cette évolution qui donne un album certes plus recherché, factuellement aussi bon voire meilleur que "Prokopton", mais je regrette un peu la fougue de ce dernier, sur "A Dream of Wilderness", il semble plus sage, moins débordant d’énergie mais plus assuré et sûr sur ses acquis. J’ai beau sembler un peu dur dans ma critique, mais ne vous inquiétez pas, j’adore quand même cet album.