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- Style : Vanden Plas, Tomorrow's Eve, Thoughts Factory, Lost In Thought
 

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POVERTY'S NO CRIME - A Secret To Hide (2021)
Par HAPLO le 6 Novembre 2021          Consultée 1026 fois

Allez, soyons fous ! Jouons un peu : si je te dis que je suis un combo allemand de Heavy Prog mélodique œuvrant depuis maintenant une bonne vingtaine d’années, ayant presque atteint la petite dizaine d’opus studio, et n’ayant malheureusement pas encore reçu toute la reconnaissance due à mon art malgré des riffs comme des mélodies ciselées et un son qui ne cesse de s’améliorer ?

En tabassant comme un forcené ton champignon clouté, tu penseras très justement ô, cher lecteur métallo-cultivé, à un VANDEN PLAS urticant aux mélodies millimétrées, peut-être à un TOMORROW’S EVE trépidant aux rythmiques rafalantes ou encore à un THOUGHTS FACTORY et à la voix stellaire de son dernier chanteur en date… Et ben non ! Il faut aller chercher la réponse un peu plus loin dans les formations teutonnes évoluant dans cette sphère réservée aux seuls initiés au milieux de ce beau pays de sympathiques métalleux plutôt traditionnellement orientés riffs mitraillants et double grosse-caisse montée en tourelle de tir aux canards.

Ce sont donc aux cinq vieux routards de POVERTY’S NO CRIME que je pensais initialement, membres majoritairement fidèles à cette solide et prolifique formation née au milieux des années 1990, alors que les riffs chirurgicaux d’un QUEENSRΫCHE pourfendaient la planète métallique et que les grands frères de VANDEN PLAS débutaient à peine leur glorieux parcours. Et c’est peu de le dire, nos cinq loustics ne sont pas nés de la dernière pluie ! POVERTY’S NO CRIME cumule en effet une jolie bordée d’albums au travers desquels le combo s’est taillé un nom et plus important, un son : qu’il s’agisse des premiers pas avec "Symbiosis" (1995), "The Autumn Years" (1996) ou encore "Slave To The Mind" (1999), des premiers succès et de la reconnaissance avec "One In A Million" (2001), "The Chemical Chaos" (2003) sans oublier "Save My Soul" (2007), les musiciens de cette formation prolixe, mais qui peine manifestement à prendre ses distances avec les grands frères de DREAM THEATER ou de VANDEN PLAS, arrivent manifestement à un point de rupture et décident alors de s’éparpiller dans différents projets, ce qui les conduira à près de dix longues années de silence. Autant dire un siècle dans un genre qui fourmille de groupes et d’idées musicales.

C’est donc en 2016 que les Allemands opèrent leur retour, accompagnés pour l’occasion par un certain Simone Mularoni (DGM et plus récemment REDEMPTION) qui en signe le mix comme le mastering et offre ainsi un son power-moderne à l’opus "Spiral Of Fear" qui sortira la même année : un retour qualifié de réussi mais qui demandait une suite. POVERTY’S NO CRIME nous livre enfin cette ultime offrande fin avril 2021 avec un "A Secret To Hide" résolument ambitieux qui, parole de progueux, porte tous les espoirs de cette formation encore trop méconnue pour sortir enfin de l’ombre des géants et tracer la route comme des grands ! Mais pour cela, autant faut il en avoir la carrure…
Et cela embraye admirablement bien avec un son puissant et dynamique aux petits oignons cuisiné par le Chef Mularoni, grand-maître du studio transalpin Domination et qui offre à ses confrères teutons un bel équilibre entre les différents instruments comme une énergie opportunément adaptée au style concerné : la belle musicalité du combo en est valorisée et l’écoute du fan comme du promeneur exotique découvrant la formation n’en est que plus agréable.

De leur côté, les musiciens s’en donnent à cœur joie et se sortent très correctement les tripes : la signature artistique de POVERTY’S NO CRIME est scrupuleusement respectée et permet au fan historique de rechausser ses chères pantoufles tout en retrouvant un certain confort d’antan. Les Allemands nous proposent en effet une musique mélodique, puissante et rythmée parsemée de moult variations instrumentales quand ce ne sont pas des séquences volontairement catchy qui font taper du pied ou tapoter des doigts, c’est selon. Côté guitares, on est plutôt bien servi car, autre marque de fabrique du combo, c’est à un véritable festival de lignes rythmiques accrocheuses que nous convient les amis Volker Walsemann et Marco Ahrens en cumulant jusqu’à trois ou quatre riffings distincts par morceaux ainsi que des soli de très honnête facture s’avérant tant porteurs qu’énergiques (et non pas rarissimes et mal ficelés comme j’ai pu le lire ailleurs… ou alors il faut vraiment que je change mon sonotone d’urgence !).

Ajoutons à cela une mise en place impeccable et des arrangements au cordeau, le tout porté par une belle envie d’en découdre, et l’on constate que POVERTY’S NO CRIME signe un album soigné, très musical, où le Prog des Allemands fleurte avec un AOR classieux aux mélodies prenantes portées par des chœurs venant occasionnellement soutenir la voix un tantinet linéaire du sieur Walsemann. Ces qualités intrinsèques sont réunies avec bonheur sur des titres-phare comme peuvent l’être le très efficace et calibré "Flesh And Bone", accrocheur tant au niveau de son intro au synthé que de sa rythmique médiane velue à souhait, de l’instrumental très réussi constitué par le varié "The Great Escape" et de sa mélodie en boucle mâtinée d’effluves de Jazz Fusion ou encore de la brillante pièce de clôture "In The Shade" dont la durée de plus de dix minutes ne gène en rien la variété et l’intelligence des enchaînements… d’autant plus que la voix de Walsemann y fait (enfin !) preuve d’un peu plus d’expression et de chaleur que sur le reste de l’opus.

Fin psychologue et lecteur attentif, tu auras vite deviné ce qui me tracasse le plus à l’écoute de ce "A Secret To Hide" par ailleurs constitué d’un tas de bonnes choses. La voix traînante et somme toute assez commune du chanteur, qui fait néanmoins très honnêtement le job, plombe littéralement des instruments ultra dynamiques et qui ne demandent qu’à décoller. Loin de chanter faux ou d’être totalement à la ramasse, l’ami Walsemann dispose simplement d’un organe vocal sans réel caractère et qu’il laisse (volontairement ?) tomber dans une linéarité d’où sont absents tout relief et toute chaleur : chaleur qui m’est nécessaire pour me laisser porter par un titre, même très accrocheur au niveau instrumental. Ici, la voix suit et ne porte pas.

En outre, POVERTY’S NO CRIME, tout en proposant un menu alléchant, retombe néanmoins dans ses vieux démons avec une propension à composer une musique dont la qualité ne doit pas masquer le classicisme, et pour le dire avec toute la verve qui caractérise les kro NIMEiennes : ça pète pas trois pattes à un canard ! Car à l’image de compos emblématiques comme peuvent l’être le rythmé "Hollow Phrases" et sa jolie ligne rythmique à contre-temps, du riche mais finalement quelque peu tarabiscoté "Grey To Green" ou encore du décalé "Schizophrenic", sans oublier la balade pourtant assez dynamique "Within The Veil", les Allemands aussi bien intentionnés qu’ils soient, ne parviennent pas selon moi à créer une alchimie vertueuse dont la conséquence la plus immédiate serait d’asséner une bonne grosse gifle à l’auditeur : situation d’autant plus regrettable qu’ils semblent en avoir réellement les moyens.

"A Secret To Hide" s’écoute donc agréablement mais sans pour autant qu’un plaisir immense n’en ressorte ; ceci malgré la présence indiscutable des ingrédients de qualité évoqués plus haut. Contentant son vivier de fans historiques, POVERTY’S NO CRIME même avec un son moderne et des arrangements powered in Italy reste sur sa trajectoire d’un Metal Prog puissant et accrocheur à la technicité indéniable doté d’un chant lissé, le tout sans cette petite étincelle ou cette prise de risque qui ferait la différence… ce qui est susceptible de ne pas affrioler les nouveaux venus ou les curieux, qui passeront à autre chose.

Ayant finalement trouvé la petite statuette idéalisant les formes du Dieu allemand du Metal Prog, après des heures passées à longer les murs afin d’éviter les adorateurs du Dieu Speed Metal issu des mêmes contrées, je dépose délicatement un 3/5 au pied de la divinité pour saluer "A Secret To Hide", album foncièrement de bonne facture mais n’étant pas totalement parvenu à me convaincre.

- pour l’énergie :"Flesh and Bone",
- pour l’instrumental classieux : "The Great Escape",
- pour la belle clôture (et la voix!) : "In The Shade".

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- Volker Walsemann (chant, guitare)
- Marco Ahrens (guitare)
- Jörg Springub (claviers)
- Heiko Spaarmann (basse)
- Andreas 'theo' Tegeler (batterie)


1. Supernatural
2. Hollow Phrases
3. Flesh And Bone
4. Grey To Green
5. Within The Veil
6. The Great Escape
7. Schizophrenic
8. In The Shade



             



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