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POST-ROCK EXPéRIMENTAL  |  STUDIO

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2021 Orcus
 

- Membre : Audrey Horne, Demonaz, Enslaved, I, Trinacria
- Style + Membre : Ulver
 

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DROTT - Orcus (2021)
Par WËN le 29 Octobre 2021          Consultée 1590 fois

Nouveau venu sur la scène Metal ou plutôt, pour être d’emblée explicite, parmi ses projets dérivés les plus expérimentaux, DROTT n’est pas à proprement parler composé de petits jeunes en quête de notoriété. Loin s’en faut. Musiciens déjà établis, Arve "Ice Dale" Isdal (ENSLAVED, AUDREY HORNE, DEMONAZ, guitare), Ivar Thormodsæter (ULVER, batterie) et Matias Monsen (violoncelle, entendu chez MADRUGADA ou AURORA, entre autres) sont très certainement déjà parvenus à faire sonner l’un de leurs nombreux faits d’armes à vos oreilles. Et si d’aventures ce n’était pas encore le cas, s’il vous plaît, tentez-les, les (mal)chances d’être déçu demeurant raisonnablement très faibles (n’est-ce pas ?).

Ceci étant dit, il est fort à parier que ce premier LP (tout juste propulsé par un éponyme EP en début d’année) soit sans doute à ce jour la pièce de musique la plus expérimentale de chacun des trois protagonistes et ce, même en tenant compte des plus récents travaux d’ULVER. Sous ses dehors froids, DROTT ne mettra pourtant guère de temps à nous dévoiler ses multiples personnalités. Une planante intro atmosphérique guitare/violoncelle retentissante d’assourdissants mystères ("The Lure"/"Caerdroia"), un long crescendo teinté d’accents électro-popoïdes addictifs ("Katabasis" et ses boucles de guitares, ses claviers vintage et ses chuintements), le Prog Rock de "Grey Skull", le Post Rock/Metal de la doublette "Psychopomp"/"The Marauders", le tout essentiellement instrumental : les Bergensers ne se font pas prier au moment d’étaler leurs très nombreuses idées. Leurs très très nombreuses idées. Si. À un tel point que les rapides premières écoutes (40 minutes) colorent cette apparente anthracite production d’un patchwork de couleurs plutôt inattendues et dont, malheureusement, le mariage, parfois forcé, n’est pas toujours des plus heureux.

Car s’il est indéniable que c’est d’ULVER que DROTT se rapproche le plus (rares sont les filiations avec ENSLAVED à dénicher en ces lieux, le jeu d’Ice Dale y sonnant étonnement sobre), héritant d’ailleurs de ce dernier d’une certaine couche arty dans la démarche, force est de constater qu’il a parfois tendance à troquer les ballerines de son cousin pour de gros sabots pas toujours très finauds. Et là où son expérimenté aîné sait, tout en nuances, jongler avec les subtilités de son art, nous retrouvons trop souvent (notamment au milieu du disque) notre présent trio à patauger dans un marasme d’idées pas forcément bien organisées, comme ces sifflements de "By The Lunar Lake" qui, moi, m’agacent, couplés à des accents asiatiques un chouïa forcés (coucou "Kill Bill"). Pas que cela soit mal fait - non, c’est même l’inverse - mais ce foisonnement disparate participe très clairement à perdre un fil conducteur que nous aurions préféré moins ténu. C’est d’autant plus dommageable que "Orcus" est précédé d’un EP 4-titres qui, à notre sens, évitait ce travers et laissait au contraire entrevoir une magnifique et prometteuse toile en devenir qui ne sera finalement que partiellement dépeinte ici ("Orcus", "The Marauders", "Katabasis", "Psychopomp"…). C’est malheureusement bien simple, tout tranche beaucoup trop avec tout le reste.

Pourtant cet album s’avère encourageant, notamment pour l’application dont le groupe sait faire preuve au moment de travailler ses sonorités et ses explorations sonores (les ambiances en clair-obscur de "Psychopomp" et le côté apocalyptique de "The Marauders" révèlent un bouleau titanesque à ce niveau). Les basses sont rondes, les claviers d’ambiances idéalement intégrés, la batterie moelleuse. De pâles senteurs d’antiques et mystérieuses arcanes baignent cette œuvre ("Psychopomp", "The Straits", la doublette d’introduction) et les musiciens le disent d’ailleurs eux-mêmes, ce recueil est une ode à la Nature, à sa force primale et aux nombreuses croyances et superstitions lui étant dédiées. Ce n’est donc finalement pas si étonnant de voir notre bestiau se faire suer à courir dans tous les sens.

N’empêche que cette hétérogénéité affichée (et revendiquée) ne lui est que très rarement bénéfique, puisque malmenant de manière bien involontaire l’auditeur avec des titres parfois très courts (quatre sont inférieurs aux trois minutes académiques). Des titres qui s’avèrent finalement n’être que de simples prétextes à exploiter une idée, là où - c’est un avis - intégrées à une compositions plus longue, lesdites idées auraient permis de créer davantage de rebondissements ou de décalages en insufflant une certaine dynamique à l’ensemble. En l’état, nous ne pouvons nous résigner à y voir autre chose qu’une accumulation de briques successives sans réel dénominateur commun, à l’image d’un set Lego trop bariolé. Impuissants, nous constatons que trop souvent DROTT joue ses idées, les développe crescendo, mais sans jamais leur fournir de réelle conclusion. Vient seulement ce moment où le groupe semble juger d’en avoir fait le tour… et s’arrête, nous laissant sur une désagréable impression d’inachevé, digne d’une compilation bancale, voire d’une OST aux thèmes trop hétéroclites. Et certaines pièces à la durée pourtant conséquente ne sauront pas plus échapper à ce répétitif travers (cf. "Katabasis" du long de ses sept minutes, ou "Arch Of Gloom"). À la rigueur, si vous nous demandez, seul l’ultime ascension proposée par "Orcus", semble s’en affranchir, puisque sachant pertinemment où il désire nous emmener (commençant d’un point LA, pour arriver à un point SI).

Néanmoins, en tant qu’auditeur, en parvenant à passer outre ce récurrent point de friction, l’univers de DROTT se révèle riche et finalement plein de finesse, caressé des digressions de son violoncelle et des élucubrations des autres instruments avec lesquels il fait trame commune. Jamais terre à terre, DROTT s’ouvre à plein de choses, du Metal tout en retenue, aux prétextes plus jazzy, voire "lazy". Nous ne saurions que lui reprocher que certaines bonnes idées passent finalement inaperçues parmi trop d’idées. Dommage, car globalement déçu par le rendu, les intentions, elles, sont là.

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- Arve Isdal (guitare)
- Matias Monsen (violoncelle)
- Ivar Thormodsæter (batterie)


1. The Lure
2. Caerdroia
3. Katabasis
4. The Strait
5. Psychopomp
6. By The Lunar Lake
7. The Marauders
8. Grey Gul
9. Arch Of Gloom
10. Orcus



             



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