Un jour Nikki Sixx a dit à Tracii Guns : tu as de la valeur en tant que guitariste et en tant que musicien. À toi d'en prendre conscience et de décider quelle valeur tu décides d'avoir. C'était à l'époque où les deux se côtoyaient au sein des BRIDES OF DESTRUCTION, une association qui aura donné deux albums avant que Tracii ne reparte au turbin avec Phil Lewis au sein d'un L.A. GUNS reformé. Aujourd'hui dans l'écurie Frontiers, il n'a pas hésité une seconde quand on lui a demandé s'il était intéressé à l'idée de sortir un album solo… nonobstant le fait qu'il n'avait rien de prêt !

Apparemment prévu pour être enregistré à l'origine avec Michael Devin, bassiste de WHITESNAKE, au chant (si l'on en croit les indiscrétions de Michael Sweet) et écrit entre 2018 et 2019, l'affaire n'a pas été entendue, et si Tracii Guns et le gourou de STRYPER se connaissaient par le milieu, ils ne faisaient pas partie de la même bande de potes. Néanmoins, Tracii aura su reconnaître l'immense chanteur qu'il est toujours et lui aura proposé ce qui allait devenir "Life", sans lui dire qu'il aurait tout un album à lui faire chanter !!! Au point que début 2020, alors qu'il envoyait au fur et à mesure ses morceaux chantés, Tracii Guns s'est cru à Noël tous les jours.
Après quelques aller-retours de mails et de téléphone, les textes écrits par Adam Hamilton ne correspondant pas trop à l'univers de Michael Sweet, les paroles sont réécrites par Alessandro Del Vecchio et affinées par Michael Sweet (barrière de la langue oblige) pour arriver aux onze textes de ce projet solo que Tracii décide de nommer SUNBOMB.

Ainsi, on ne peut pas dire qu'il s'agit d'un nouveau groupe à proprement parler, même si Tracii connaît bien les qualités des musiciens qui l'accompagnent et qu'il aura tenu à ce que tous participent à l'intégralité de l'album, même si le gratteux de L.A. GUNS s'est à un moment tâté à inviter un chanteur par morceau, un peu dans l'idée de ce qu'avait fait Slash sur son premier album. Mais Frontiers l'aura plutôt encouragé à réaliser tout l'album avec Michael Sweet, ce qui fait que d'un point de vue publicitaire on a pu croire (moi le premier) que Michael Sweet s'acoquinait avec un nouveau guitariste après les deux opus au demeurant fort réussis de SWEET & LYNCH.

Et ben non, Sweet est un invité de luxe, qui peut se frotter à un Heavy plus râpeux, produit sans fioritures, qui lui permet aussi d'exploiter la partie la plus rugueuse de son chant. Même si on le connaissait déjà un peu sous ce jour-là, grâce à des "Middle Finger Messiah", des "Take It To The Cross" ou encore "Saved By Love", la place du chant lyrique et clair a toujours eu la prédominance chez STRYPER. Alors que Tracii Guns, qui partage son temps entre le Danemark et L.A. a passé une partie de ces dernières années à réécouter ses disques de jeunesse et à découvrir par le biais de sa dulcinée une partie des disques qui marchent ou ont marché chez nous. C'est peut-être pour ça que le riffing d'ouverture de "Life" a des relents Black Mélodique.

Mais ne nous y trompons pas, c'est le Heavy Metal qui règne ici, mâtiné de références à BLACK SABBATH (le riff Doomy en diable de "Take Me Away" qui ne trahit pas son inspiration, et on pourrait en dire autant de "Born To Win" qui cache très peu son hommage appuyé au "Good Times, Bad Times" du ZEP. La guitare est reine ici, même si les vocaux de Michael Sweet prennent une place non négligeable, et ils sont tout aussi délectables qu'envahissants, si bien que "No Tomorrows", qui n'aurait pas dépareillé sur le premier SWEET & LYNCH, est débordant de screams de l'Américain.

SUNBOMB, sans prétention, publie avec "Evil And Divine" un album honnête, dont se dégage un véritable amour pour le Heavy Metal, et même s'il contient son lot de riffs (Tracii Guns s'est bien décarcassé sur ce coup-là) et de mélodies efficaces, et qu'il a un cachet plus personnel et organique que pas mal de productions Frontiers depuis deux trois ans, il restera un bon album de Heavy Metal, qui permet de garder foi dans le genre, sans bousculer aucunement la moindre hiérarchie.