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2015 Sur Les Falaises De Marbre

E.P

2012 1994
 

- Membre : Ecclesia, Phest, Lantlôs, Old Silver Key, Les Discrets, Amesoeurs, Alcest, Anorexia Nervosa, The Cnk
- Style + Membre : Peste Noire, Mortifera, Sombre Chemin, Gravenoire

GLACIATION - Sur Les Falaises De Marbre (2015)
Par VOLTHORD le 24 Mai 2021          Consultée 2326 fois

Quelques années après un "1994" tenant davantage de l'occasion manquée que de l'album culte, et son principal leader en moins, GLACIATION subit son premier reboot. On y perd donc Valnoir, on y gagne "CNK" Rose "Hreidmarr" Nervosa RMS aka "Ma Hache", qui sera ensuite à l'origine d'un autre GLACIATION en 2020 se voulant étrangement dans la lignée de cet opus. On fera pour aujourd'hui comme si on s'en foutait, déjà parce que c'est le cas, et aussi parce qu'il faut se faire une raison : "Sur Les Falaises De Marbre" n'a pas vraiment de précédent et n'aura jamais vraiment de suite.

Il y a ici une fosse commune d'idées jetées aux lions, où les restes d'ALCEST, de DIAPSIQUIR, d'ANOREXIA NERVOSA, de PESTE NOIRE et de NECROBLASPHÈME font pousser le soufre et souffler le cor de guerre.

Un vivier aussi étonnant que déséquilibré, mais qui justifie des agitations contradictoires comme une profession de foi. Une sorte de rococo qui transcende ses fioritures, qui les assume, les revendique, nous convainc (nous intimide ?), du haut de son estrade, qu'elles forment une esthétique homogène. Un saxophone à la SIGH par-ci, une citation de Marguerite Duras par là, entre deux gros blasts et trois souffles de vent (glacé, parce que glaciation brrr, l'hiver), "Les Fiancées Sont Froides" brasse une tempête sans brasser de l'air. Une démesure éclatée mais sûre d'elle.

Il y a en trame de fond une délicatesse nocturne (que ces bruitages reprendront sur quasi chaque pièce), malmenée mais internalisée dans un Black Metal énervé et primal, et parée de ces dorures qui rajoutent à l'énigme plutôt que de rendre le tout plus aisément accessible. Il y a l'image d'un roi fermement installé sur son trône, qui fait de ses fragilités une force et ignore l'évident déclin du monde autour de lui. Il y a un sentiment de puissance incroyable, porté par des blasts assourdissants et ce chant hurlé plus ANOREXIA NERVOSA que jamais.
L'approche du chant clair en revanche est unique. On pourra autant la décrire comme dandy et décadente autant que traînante et maniérée, mais portée dans un contexte principalement agressif, elle fait partie du décor et le renforce. Une version crédible de Damien Saez en quelque sorte. De ce point de vue, "La Mer, Les Ruines" réalise ce qu'à l'époque SATYRICON avait loupé avec un titre comme "Phoenix" : chant rock sur rythme Black, chant black sur rythme Rock, NOIR DÉSIR en teintes coulantes et agressives, et coups furieux de pinceaux se muant en harmonie… pour se perdre, encore (!) dans un monochrome glacé.
GLACIATION, là aussi, semble plus français que le bon Roi Louis : quelque part entre la violence de "Drudenhaus", les riffs entre vermeille et vermine de "La Sanie Des Siècles", la violence poétique de "Écailles De Lune", on lui trouve une âme Rock hexagonale et une identité tenant de la providence. Avec cette approche assurée dans sa grandiloquence "Sur Les Falaises De Marbre" aurait presque pu être le "Nightside Eclipse" local, mais là je crois que je m'emporte.

Sur un trône de fer qui prend tellement sa grandeur pour acquise que l'on ne peut qu'y croire (la Majesté, seule chose que j'arrive à trouver pour décrire un titre comme "Le Soleil Et L'Acier"), c'est la fragilité qui s'égare ici et là, au détour de l'outro de "La Mer, Les Ruines", les atmosphères douces comme un souffle de glace. Je suis plus partagé sur la longue outro "Sur Les Falaises De Marbre" (couleur de fer ?) où Neige viendra prendre le relais pour quelques murmures et un arpège. Fin compréhensible mais paresseuse.

C'est donc principalement sur les quatre premières pistes que l'album repose, quatre pistes à la qualité néanmoins indiscutable. Je n'ai d'ailleurs rien dit de "Kaputt" : et bien, il est très bien ce titre. Voilà.

Indécrottable sans doute de l'attitude de Hreidmarr et de textes au romantisme noir impeccables, on peut être énervé par ce petit truc bourgeois et prétentieux qui nous pousse à en chercher les failles. Le problème, c'est qu'il est inébranlable, et même quand il perd un peu des forces sur ces dernières minutes, "Sur Les Falaises De Marbre" parvient à nous donner l'impression que c'est nous qui ne sommes pas assez bien pour lui.

Je garde à l'esprit que cet album aurait pu être un album véritablement culte s'il avait su être plus bavard et aventureux (une longue piste finale en apothéose ? Deux titres de plus du niveau des premiers ?), et si cette brochette d'egos avait su rester groupée et asseoir son règne. Le Renouveau n'est donc pas là, mais cette incroyable récréation de musiciens à l'indéniable talent reste tout de même de premier ordre.

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   VOLTHORD

 
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- Rms Hreidmarr (chant)
- Jean 'winterhalter' Deflandre (batterie)
- Hugo Moerman (guitare)
- François Duguest (claviers)
- Indria Saray (basse)


1. Les Fiancées Sont Froides
2. La Mer, Les Ruines
3. Le Soleil Et L'acier
4. Kaputt
5. Cinq
6. Sur Les Falaises De Marbre



             



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