Recherche avancée       Liste groupes



      
DEATH METAL  |  STUDIO

Lexique death metal
L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

2021 Scarred
 

- Style : Gojira, Meshuggah, Trepalium

SCARRED - Scarred (2021)
Par DARK BEAGLE le 10 Mars 2021          Consultée 1036 fois

Il ne doit pas être évident de revenir après huit années d’absence quand on est un petit groupe originaire d’un pays comme le Luxembourg, qui lui-même n'est pas bien grand. Bien entendu, on a pu passer du temps à écumer les scènes locales, ouvrir pour des grosses pointures de passage dans le Grand Duché et assoir une petite notoriété dans le Bénélux et dans une partie de la France, pour continuer de rêver et, accessoirement, présenter les nouveaux musiciens à mesure que les départs se trouvaient comblés par des arrivées. C’est pourtant ce que fait SCARRED avec son troisième album, publié en janvier 2021.

La pochette est étrange et donne libre cours à plusieurs interprétations possibles. Disque éponyme, "Scarred" se veut également plus personnel puisque le groupe raconte un peu son parcours de ces dernières années, entre les frustrations, les doutes, jusqu’à l’achèvement d’un nouveau cycle avec la parution de l’opus à une période encore confuse, où nul ne sait quand on pourra revoir le combo fouler les planches à nouveau. Et, encore une fois, en se basant uniquement sur la jaquette, difficile de deviner, quand on ne connaît pas la formation, que son fonds de commerce est le Death Metal.

En revanche, SCARRED visite un large pan de ce genre. Il ne faut pas s’attendre à un album classique, caverneux et sentant la vieille tombe profanée pour une raison X ou Y, ni même s’accrocher à quelque chose de plus Death Mélo quand bien même certains passages y tendent parfaitement, voire logiquement. Sur ce disque, le groupe fait avancer sa formule, en se basant sur son background Thrash et Death, mais en le mâtinant avec des inspirations de jeunesse, puisées dans les années 90 principalement avec des traces de Groove, de Neo voire de Black Metal, ainsi qu’une touche Heavy qui passe comme une lettre à la poste.

Le souci majeur à brasser ainsi les genres, c’est cette tendance à s’éparpiller, à perdre un peu l’auditeur. SCARRED parvient plutôt bien à éviter cet écueil parce qu’il apporte du liant à l’ensemble, ponctuant son œuvre de courts instrumentaux assez légers qui relient les différentes parties entre elles. Les compositions finissent par se répondre, à travers un riffing qui est comme une espèce de fil rouge tout du long, ainsi que par le biais d’une rythmique assez monstrueuse, avec une basse ronflante à souhait et un batteur qui alterne soigneusement ses plans, sans se focaliser uniquement sur des blast beats rageurs.

Alors les premiers morceaux semblent issus du même moule. "Mirage" vient poser les bases de l’album et on sent rapidement que les musiciens ne sont pas là pour rigoler. C’est carré, c’est efficace et surtout, ça reste mélodique. On remarque assez vite que le groupe soigne particulièrement les chœurs, pour renforcer le chant de Yann Dalscheid qui ne fait pas semblant. Là encore, on s’écarte légèrement des standards growls du genre pour quelque chose de plus écorché et qui lui permet de rester intelligible. C’est soigné, c’est propre, peut-être un peu trop, mais j’y reviendrai plus tard.

En fait, il faut attendre l’instrumental "Prisms" et surtout "Merry-Go-Round" pour sortir pleinement du schéma mis en place jusque là par le groupe. Là, l’influence Heavy se fait plus prégnante, la rythmique se fait tout de suite plus Groovy. Ça continue à tabasser, mais c’est tout de suite plus nuancé et plus abordable, de fait. Mais cela se fond sans problème dans l’ensemble et s’il faut attendre un petit moment pour retrouver quelque chose d’aussi mouvant et osé, SCARRED a montré son potentiel sur cette cuvée 2021.

Et si cela reste finalement assez convenu un bon moment encore, à partir de "A.H.A.I.A", l’album n’est plus qu’une apothéose. L’apothéose d’une formation qui ose se mettre en danger, qui sort de carcans qui semblent rivés à un style pour que les musiciens qui le pratiquent restent toujours le nez sur leur ouvrage, incapables de voir plus loin que le bout de leurs riffs. SCARRED va s’en libérer et ainsi embrasser un large spectre musical, allant presque à tutoyer le Prog par moments, commençant le titre "A.H.A.I.A" presque à la façon d’un Black Metal des familles (SATYRICON ou le MAYHEM de "Grand Declaration Of War" ne sont pas très loin) pour terminer sur quelque chose de tribal et écrasant.

SCARRED va également énormément miser sur les très bons "Dance Of The Giants" et "Petrichor", qui offrent encore deux nouvelles facettes à la musique des Luxembourgeois. La première va mener le combo sur quelque chose de plus entraînant sans pour autant être Folk pour ajouter cette corde à son arc. Là encore, les chœurs se veulent très présents et bien amenés, ils viennent donner corps à l’ensemble. "Petrichor", quant à elle, représente peut-être le futur de SCARRED, avec ce chant clair prédominant, qui voit Dalscheid se montrer très convaincant sur ce créneau. Le fait que ce morceau soit le dernier de l’album ("Yours Truly" est un instrumental) est assez révélateur.

Après, on peut reprocher au groupe de ne pas avoir osé plus, d’être resté coincé le cul entre deux chaises, entre garder le cap par rapport à ce qui fut proposé sur les deux premiers essais et cette vision du futur, ce besoin d’émancipation qui semble transpirer d’une bonne partie de l’album. Il y a également le regret de ce son un brin trop propre, trop millimétré qui nuit un peu à la spontanéité de l’ensemble, mais c’est un défaut récurrent sur bon nombre de productions modernes : un gros son au détriment de ce feeling qui pourrait faire toute la différence.

Clairement, "Scarred" a tout de l’album de transition. Le genre de disque souvent incompris par une partie du public, qui ne voit pas pourquoi - ou ne tolère pas que - le groupe cherche à proposer une nouvelle formule. Mais après huit ans d’écart, c’est on ne peut plus normal, voire souhaitable. Savoir faire bouger les choses juste ce qu’il faut pour ne pas être taxé d’opportunisme, tout en parvenant à satisfaire les anciens fans qui sont souvent les plus exigeants quant au style abordé. Un jeu dangereux dans lequel SCARRED, s’il n’a pas toujours été brillant, a tout de même su se montrer redoutable. En espérant qu’il ne faudra plus attendre huit ans pour voir où nous conduira la mue amorcée ici.

Note réelle : 3,5/5.

A lire aussi en DEATH METAL par DARK BEAGLE :


ATROCITY
Hallucinations (1990)
Autres temps, autres moeurs

(+ 1 kro-express)



GOREFEST
False (1992)
False news travel fast


Marquez et partagez




 
   DARK BEAGLE

 
  N/A



- Yann Dalscheid (chant)
- Diogo Bastos (guitare)
- Vincent Wilquin (guitare)
- Bertrand Pinna (basse)
- Laurent Kessel (batterie)


1. Sol
2. Mirage
3. A.d... Something
4. Chupacabra
5. Prisms
6. Merry-go-round
7. Nothing Instead
8. In Silent Darkness
9. A.h.a.i.a
10. Lua
11. Dance Of The Giants
12. Petrichor
13. Yours Truly



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod