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2020 Under His Sway
 

- Membre : Thou Art Lord
- Style + Membre : Rotting Christ, Varathron, Necromantia

YOTH IRIA - Under His Sway (2020)
Par PERE FRANSOUA le 15 Septembre 2020          Consultée 1267 fois

Jim Mutilator, de son vrai nom Dimitri Patsouris, est l’ami d’enfance des frères Tolis avec qui il fonda ROTTING CHRIST. Il en fut le bassiste et parolier sur leurs œuvres les plus kvltes et influentes, "Passage To Arcturo", "Thy Mighty Contract", "Non Serviam" et "Triarchy Of The Lost Lovers" jusqu’à ce qu’il prenne la lourde décision de quitter le groupe, qui tournait sans répit et pour des clopinettes, afin d’aller faire bouillir la marmite pour nourrir ses enfants qu’il eut à un très jeune âge. Ainsi pendant des années il fut le tenancier d’un célèbre magasin de disques à Athènes (Metal Era records).

Je tiens ce genre d’info de la biographie officielle de ROTTING CHRIST, intitulée "Non Serviam" et coécrite par Sakis Tolis et l’excellent Dayal Patterson de Cult Never Dies. J’aimerais bien vous en faire une chronique, d’ailleurs. Et c’est dans ce bouquin qu’on apprend également que Jim Mutilator est responsable de la patte Heavy mélodique sur "Triarchy Of The Lost Lovers" en poussant Sakis Tolis à composer dans cette direction.

C’est pourquoi quand il fut temps pour Jim de revenir à la musique avec son projet YOTH IRIA c’est tout naturellement qu’il poursuivit dans cette veine épique et mystique laissée en jachère depuis "Triarchy...".
On le sait parolier, et même au-delà, responsable de la philosophie occulte cachée derrière les textes en accord avec sa quête personnelle, et l’on comprendra bien que YOTH IRIA soit conçu comme véhicule spirituel où chaque mot comporte sa charge de magie ésotérique, dans le prolongement des premiers ROTTING CHRIST, mais l’on mesurait mal sa contribution en tant que compositeur à l’époque, noyé qu’il était dans la prolifique production de Sakis Tolis. Alors avec YOTH IRIA on découvre Jim compositeur, seul aux commandes ou presque puisqu’il s’est entouré pour ce projet de trois compères de renom dont le plus illustre est sans conteste George Zacharopoulos, dit Magus Wampyr Daoloth, dit The Magus, dit Morbid, légende grecque, maître de NECROMANTIA (qui est un peu l’un de mes groupes préférés de tous les temps), pourvoyeur de claviers hantés sur les premiers ROTTING CHRIST, complice de Sakis Tolis dans le méchant THOU ART LORD, j’en passe, et mythique ingénieur du son et producteur au non moins mythique Storm Studio et donc en grande partie responsable du "son grec".

Ça commence bien, on a déjà deux gros noms sur l’affiche, deux légendes du Black Metal hellénistique unanimement reconnues, ce qui fait monter les attentes. Va falloir assurer après.
Notre Magus se contente de chanter sur ce projet, dans un registre moins criard qu’avec NECROMANTIA, pour une fois il ne joue ni de la basse (domaine réservé de Jim évidemment) ni du clavier (ce sera un certain John Pastouris).
Même si YOTH IRIA se veut le retour dans la continuité de l’âge d’or du Black grec, le projet n’est pas tombé dans le cliché de la boîte à rythme qui a façonné le son et la scène, il y a un vrai batteur bien enregistré et les gars n’avaient qu’à se retourner pour trouver le bon, c’est Giannis Votsis dit "Maelstrom" qui officie avec Magus dans THOU ART LORD et PRINCIPALITY OF HELL. Rassurez-vous sa prestation sur cet EP reste dans la tradition grecque de la batterie sèche avec la caisse claire très en avant.
Et même si Jim Mutilator a composé toute la musique il a fait appel à un guitariste, là encore la scène grecque démontre son unité, sa camaraderie et son intergénérationalité, avec le recours au jeune mais désormais incontournable George Emmanuel, qui a tourné pendant des années avec ROTTING CHRIST, et qui s’est imposé comme un producteur et ingénieur du son de renom. C’est d’ailleurs lui qui a produit, enregistré et mixé "Under His Sway" au studio Pentagram (propriété de Sakis Tolis). On est à la maison.

Durant toutes ces années Jim Mutilator annonce avoir accumulé beaucoup de matériel dont seule la crème de la crème sera offerte sur le premier album de YOTH IRIA, un premier album maintenant annoncé pour fin 2020. En attendant c’est donc un EP trois titres qui nous est offert pour l’apéro à l’ouzo, dont une reprise d’un bonus de ROTTING CHRIST, un EP sorti par... Cult Never Dies de Dayal Paterson, toujours lui. Vous pouvez d’ailleurs lire une courte interview de Jim Mutilator à propos de YOTH IRIA (et de sa participation aux satanistes furieux et débilos de MEDIEVAL DEMON) sur son site (*).

Si on s’attend à du Black grec de l’époque du Storm Studio qui fonce à toute allure, on sera un peu déçu, mieux vaut retourner écouter THOU ART LORD, en revanche la promesse de l’exploration de la veine Heavy de "Triarchy Of The Lost Lovers" sera plus que respectée. Exception faite de la reprise de ROTTING CHRIST dont je laisse le commentaire pour la fin, YOTH IRIA sur cet EP ne fera que frôler le Black Metal. Le chant de Magus étant l’élément le plus identifiable. L’entité laissera au contraire s’épanouira la nature épique et profondément mystique d’un Heavy Metal galvanisant.

Passé son intro de piano et son passage soutenu plutôt Black (trémolo et double pédale), le morceau "Under His Sway" qui donne son titre au EP, se reposera sur une pure cavalcade Heavy entraînante soutenue par des chœurs virils, le tout avec une structure relativement simple mais suffisamment variée, le petit break puis solo en seconde partie avant la reprise, on en demande pas plus.
Étonnamment la basse n’est pas spécialement audible, surprenant pour de la musique écrite par un bassiste.
Le second titre s’avère plus audacieux et encore plus varié. Doom ritualiste martelé en début et fin, court blast, mid tempo appuyé, belles vocalises orientales de femme, pour une ambiance à la fois occulte et légère comme les volutes enivrantes de la fumée d’encens.

Tout cela est très appréciable, agréable à écouter, avec une vraie ambiance mystique mais je reste néanmoins sur ma faim car en vérité la musique que j’attends secrètement de ces gars arrive sur la troisième piste "Visions Of The Dead Lovers", reprise d’un titre de ROTTING CHRIST issu de "Apokathelosis", le single deux titres sorti en 1993 pour fêter l’arrivée chez Osmose Production, premier enregistrement du groupe au Molon Lava Studio (qui deviendra le fameux Storm Studio une fois que Jim et Sakis Tolis en seront devenus propriétaires), et qu’on trouve aujourd’hui en bonus de "Thy Mighty Contract".
Un morceau assez fabuleux incarnant parfaitement l’âge d’or du combo grec, déboulant avec vélocité, ralentissant avec pesanteur, et offrant les riffs rythmico-mélodiques de Sakis parmi ses meilleurs. La reprise par YOTH IRIA se fera avec les conditions et la production du EP, c’est-à-dire avec un son idéal et une exécution précise qui rend justice aux riffs, en restant méticuleusement fidèle à l’originale à l’exception des nappes de claviers cristallins ici disparues. La batterie artificielle de jadis (à base de samples joués par Thémis Solis sur des pads et non par une simple boîte à rythmes comme on a tendance à le croire) n’a plus lieu d’être et les vocaux plutôt graves de Sakis ne perdent pas dans leur remplacement par ceux plus éraillés du Magus. On espère sincèrement que le reste du futur album saura retrouver un peu de cette direction.

Concluons cette longue chronique pour ce court disque. C’est avec tendresse et espoir qu’on accueille les premiers pas de ce vétéran, légende vivante de la scène grecque, pour la première fois totalement aux commandes, entouré de musiciens presque aussi légendaires que lui, homme mûr qui peut enfin exprimer sa vision, à travers une inspiration qui vient de loin mais qui ne verse pas totalement dans la nostalgie. Le résultat, frais et séduisant, titille les sens et aiguise la curiosité quant à la suite. On attend le plat de résistance avec appétit.


Note réelle: 3,5/5.

(*) http://www.cultneverdies.com/p/interviews.html?m=1
https://documentcloud.adobe.com/link/track?uri=urn:aaid:scds:US:179a25e3-6897-44ea-b50d-9d52589794e0

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- Jim Mutilator (basse)
- The Magus (chant)
- Sessions:
- George Emmanuel (guitare)
- Giannis Votsis (batterie)


1. Under His Sway
2. Sid Ed Djinn
3. Visions Of The Dead Lovers



             



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