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FRACTAL CYPHER - The Human Paradox (2016)
Par HAPLO le 27 Février 2020          Consultée 1597 fois

Le petit monde du Metal Progressif Technique orienté mélodique est impitoyable !

La première raison, la principale, en est l’empreinte de géant laissée par les pères (re)fondateurs de DREAM THEATER dont le big bang conceptuel et artistique sert systématiquement de base de valeur, et donc d’échelle de comparaison, à tout ce qui s’est produit dans ce domaine depuis. Non, bien sûr qu’il n’ait rien existé avant eux (de nombreux chroniqueurs su NIME à l’image de notre hyper-rédacteur Dark Beagle, explorent ces contrées magiques pré-DT !) mais l’apport des Américains est si considérable et novateur qu’il existe indiscutablement un avant et un après…

La seconde raison, la plus récente, tient selon moi au fait que la virtuosité technique instrumentale n’est plus de nos jours la chasse gardée d’une petite élite d’inspirés divins ou de descendants directs de MOZART. Sans tomber sur des John Petrucci ou des Mike Portnoy à chaque passage en caisse lors des courses du samedi, la démocratisation de l’accès aux instruments, la multiplication des écoles de musique de bon niveau comme le développement des plateformes de diffusion et d’écoute font que les talents mieux acquis sont également mieux connus et gagnent ainsi, si ce n’est en succès, au moins en volume d’offre… Des musicos techniquement meilleurs et bien plus nombreux dont certains nous font le cadeau d’une fichue bonne surprise. C’est typiquement le cas pour FRACTAL CYPHER !

Talentueuse (jeune) formation québéco-canadienne née sur les cendres d’un premier groupe de potes étudiants FAR FROM REALITY (ayant quand même sorti un album studio "Reminiscence" courant 2014), le combo expulse en rafale trois brûlots singlelisés entre mai et juillet 2016 par lesquels il annonce clairement la couleur, ses capacités, et par-delà même ses ambitions : un Metal Progressif nerveux, mélodique mais surtout sévèrement léché et diablement technique !
Une voix rugueuse plaquée sur des structures instrumentales dynamiques et joyeusement complexes, le tout armé d’une troublante maturité artistique pour ces petits jeunots qui sortent ainsi par surprise des grandes forêts canadiennes… FRACTAL CYPHER donne ainsi l’envie d’écouter le reste !

Le « reste » prendra ainsi la forme de l’album "The Human Paradox", premier chapitre studio complet pondu en septembre 2016, dont la livraison richement chargée viendra très justement confirmer, avec ces neuf titres en soute, les bonnes impressions ressenties lors de l’apéritif.
Mixé et masterisé par le très fréquentable Christian Donaldson (The AGONIST, NEURAXIS…), "The Human Paradox" bénéficie en outre d’un son dynamique tout à fait adapté aux figures de style propres à la musique de FRACTAL CYPHER : les instruments sont parfaitement équilibrés et l’on peut ainsi profiter pleinement de cette grande richesse musicale et de l’empreinte artistique qui la caractérise. Car cet album, fort de ses longs titres (entre 5:27 et 8:32 !) dégage avant tout une très forte unité de composition sans pour autant que les morceaux ne soient de vulgaires copier-coller les uns des autres : une musicalité ainsi qu’une recherche mélodique omniprésentes, des claviers qui donnent de la profondeur grâce aux ambiances ou aux orchestrations qu’ils dégagent, des guitares soudées en rythmique mais virevoltantes lors des soli et une assise basse-batterie impressionnante de variété, d’enchaînements et de breaks complexes !
Alors oui, c’est vrai, la voix particulière et ponctuellement dissonante de Simon Lavoie, le bien-nommé, demande une certaine adaptation car sortant quelque peu des schémas auxquels nous ont habitué les critères du genre : un chant globalement assez bas aux relents d’écorché mais capable de puissance et de variations qui dénote, il est vrai, des performers haut de gamme des grands du secteur. Ce qui m’a surpris lors des premières écoutes passe néanmoins aujourd’hui comme une lettre à la poste, voire forme la cerise sur la gâteau de ce qui fait le cachet de FRACTAL CYPHER…

Côté instrumental, la recette explicitée plus haut prend particulièrement bien et donne des titres ambitieux et accrocheurs comme peuvent l’être dès l’ouverture le magnifique "Lost", fort de son intro digne d’une B.O.F, de ses refrains catchy ou encore des jeux synchronisés entre le solo de guitare et la double grosse caisse. Il faudra également porter une oreille toute particulière au rapide "Endless Circle" dont le break médian claviers / guitares laisse rêveur ou encore à la fausse balade "Shining A While" avec ses montées en puissance mélodiques très bien pensées et sur laquelle, n’en déplaise à ses détracteurs, l’organe vocal de Simon Lavoie est en totale symbiose avec le reste des instruments...
Petite mention également pour l’enlevé "Final Abode" dont la ligne rythmique super accrocheuse m’a donné des ailes… Morceau complexe qui s’affine au fil des écoutes et remontera finalement du ventre mou du peloton aux bienheureux échappés !

Mais là où FRACTAL CYPHER assume tout son héritage DREAM THEATERien c’est en le dépassant et en l’enrichissant : le très chargé "Imminent Extinction" avec son superbe solo de guitare tout comme le compact "Idle Words", en fleurtant avec le Djent, voir le Metalcore pour le premier et l’injection d’influences jazzy pour le second, montrent si il en est besoin que ce combo décomplexé, sans renier ses origines, peut y intégrer avec talent des influences plus modernes et personnelles… Une belle preuve de maîtrise technique et de maturité artistique.
La seule et unique retenue viendra en ce qui me concerne de l’anecdotique "Awakening", gentille baladounette un tantinet formatée sans grand intérêt au vue de l’originalité sous-jacente du reste de l’album… Faut bien meubler coco !

Avec cette première livraison studio FRACTAL CYPHER signe donc un quasi sans faute réellement captivant à écouter pour tout amateur post-DT en recherche d’énergie, de structures rythmiques complexes, de mélodies accrocheuses mais également, et c’est tout ce qui fait le charme de cette jeune formation, d’une forte identité musicale sachant secouer les cadres…
Nos gentils Québécois sortis de nulle part viennent donc nous rappeler, avec "The Human Paradox", que non contents de vivre et de dépasser leurs glorieux modèles américains, le nombre des concurrents ne les effraient pas non plus : pour cela ils placent, c’est vrai, la barre à un très bon niveau technique, mais au-delà de ces performances, et c’est ce qui rend cet album si attachant, ils y injectent surtout un tout petit supplément d’âme, de tripes… Ce qui fait toute la différence. À suivre et à encourager !

C’est donc nuitamment et revêtu de mes plus beaux habits de Ninja Noir que je me téléporte devant la magnifique devanture rococo du Fan Club mondial de DREAM THEATER à New-York pour y coller une affichette gluante reproduisant la (jolie) pochette de l’album "The Human Paradox" agrémentée d’un 4/5 justement conquis sur le lourd héritage des anciens comme sur la multitude des jeunots talentueux… L’homme n’est décidément que paradoxes !

- pour l’apéro chiadé et la digne entrée en matière : "Lost",
- le plat du Chef : "Shining a While",
- le digeo qui réveille : "Final Abode".

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   HAPLO

 
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- Simon Lavoie (vocal)
- Vincent Bruneau (guitare)
- Ludovick Daoust (claviers)
- Tommy Fradette (basse)
- Steven Cope (batterie)


1. Lost
2. Endless Circle
3. Shining A While
4. Prison Planet
5. Imminent Extinction
6. Final Abode
7. Awakening
8. Idle Words
9. The Ghost Of Myself



             



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