D’une manière générale, j’adore les surprises. Transposé à la musique, c’est une tendance à laquelle je me tiens avec le risque inévitable que cela puisse se traduire par des déceptions… À tout choisir j’affectionne plus un groupe / artiste qui prend des risques et qui tente de me surprendre, que celui qui reste tranquillou dans ses ornières (aussi talentueuses soient elles) en évitant tout changement de cap qui risquerait de décevoir, et accessoirement, de faire baisser les ventes...

Pourquoi vous raconter tout cela ? Les cinq brillantissimes Canadiens de FRACTAL CYPHER ont, il y a quelques années, joliment surpris de nombreux chroniqueurs et webzines. Sortis de nulle part (avec tout le respect que je dois à la Belle Province), vraisemblablement potes de lycée puis d’université, ils fondent ce groupe en 2014. Deux singles sortis en 2015 conduisent à un album bourré de bonne choses et surtout très mature : "The Human Paradox" courant 2016.

Des influences irrémédiablement métalliques et progressives, une énergie et une dynamique qui tabassent sévère au fil des neuf morceaux présentés, une virtuosité instrumentale doublée d’une mise en place remarquable, toutes deux servies par une solide production font que ce premier album est globalement salué par la critique qui reconnaît avant tout la surprenante maturité de ces jeunes musiciens qui maîtrisent parfaitement leur art.

Et c’est en novembre 2018, soit deux longues années plus tard, que sort le second album de FRACTAL CYPHER dont j’ambitionne de parler plus en détail ici : "Prelude To An Impending Outcome". Première surprise : parler d’album est peut-être ambitieux pour une galette comptant quatre morceaux pour un temps total qui frise quand même les 35mn ! Oscillant entre l’album et l’EP, nous resterons fidèle aux termes utilisés par Simon Lavoie (chant) lors d’une interview fin 2018 pour parler de « mini-album ».

Ce mini-album, donc, débute par une ouverture magnifique enclenchée par quelques notes de piano (qui me font irrémédiablement penser à du ARCHIVE, et c’est une belle référence !) pour ensuite se déployer par un voyage de plus de dix minutes dans une atmosphère mélodique complètement maîtrisée, montant crescendo, au sein de laquelle on se retrouve enchaîné aux transitions successives du morceau. "Coming Back To Life", inspiré, structuré et diablement mélodique, frôle ainsi la perfection comme titre d’ouverture où tout n’est pourtant pas dit !

Mais au-delà de la facilité de la chose qui consisterait à détailler tour à tour chaque morceau (il n’en reste que trois héhéhé…) l’essentiel est de comprendre que chaque titre semble proposer une teinte et une ambiance particulière… Tout en demeurant dans une cohérence d’ensemble. Les introductions sont volontairement atypiques et font appels à d’autres genres musicaux (Blues, Jazz…), style qui perdure au fil de l’envolée malgré un recentrage plus métallique. Les musiciens alternent donc ainsi les facettes musicales qu’ils explorent avec un grand talent (tant dans la mise en place globale que dans l’alternance entre moments calmes et accélérations).

L’énergie reste cependant omniprésente et sous-tend l’ensemble des compositions. Celles-ci qui nous proposent globalement un haut niveau de maîtrise technique tout en intégrant des refrains et mélodies efficaces et accrocheurs… Une osmose et un équilibre d’ensemble que l’on est habitué à saluer chez des plus grands, des plus vieux et des plus connus !

De leur côté, la production et l’équilibrage des instruments et des voix sont finement menés, ce qui n’est pas une surprise (pour le coup...) au vu du personnage aux commande, le canadien Christian Donaldson (mix et/ou enregistrement des groupes NEURAXIS, The AGONIST ou encore CRYPTOPSY dans des genres plus extrêmes et chroniqués sur NIME s’il vous plaît !). Ce savoir-faire s’ajoutant aux qualités indéniables des musiciens, il en ressort légitimement un très chouette moment musical pour tous ceux, qui, comme moi, aiment ce style…. Et les bonnes surprises !

L’illustration du cosmonaute flottant dans l’espace lors d’une sortie résume parfaitement le fond et la forme de ce mini-album : un beau, mais court, voyage mélodique, rythmique et métallique ; une immersion sur la planète de nos cinq musiciens dont on ressort les yeux (et accessoirement les oreilles) pleins d’étoiles en se disant « belle sortie, mais tellement brève ! ». Les éléments positifs de 2016 sont bien confirmés, et j'irais même jusqu'à dire que nos amis ont gagné en feeling...

Content de cette (très bonne) surprise, je reste quand même un tantinet sur ma faim tout en attribuant un 4/5 amplement mérité pour ces quatre morceaux qui annoncent le meilleur à ce jeune quintet talentueux dont on attend très impatiemment, maintenant que nous avons goûté au prélude, le résultat imminent...